Un oiseau exotique a pris ses quartiers à Rodeilhac
Depuis quelques années, la conure veuve, une perruche venue d’Amérique du Sud, niche dans les pins… du Parc des oiseaux, à Rodeilhac. Surveillée, la colonie ne semble pas croître outre mesure
Ce matin-là, le vacarme qui provient de la cime des vieux pins d’Alep du Parc des oiseaux est tel qu’il fait lever la tête des promeneurs. Des grosses boules de branchages sont prises d’assaut par une poignée de choucas. Mais la défense s’organise : dans ces nids – car c’est bien d’énormes nids qu’il s’agit – des dizaines de perruches vertes, blanches et bleues défendent bec et ongles (mais surtout bec) leur territoire contre les noirs corbeaux.
« Ce sont des conures veuves qui ont élu domicile ici, nous éclaire Katherine Dubourg, une bénévole de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Cette perruche souris, ou perruche moine, s’est implantée à Toulon il y a plusieurs années où elle ne gêne pas grand monde et semble beaucoup se plaire. »
Échappée des volières dans les années ?
Et pour cause : quelques mètres sous leurs ailes, Sandrine, employée de la Métropole aux espaces verts, distribue la nourriture pour les gallinacés et autres canards du parc. Malines, les conures ne vont pas tarder à s’inviter au festin.
« Ces perruches sont très intelligentes, explique Sandrine. Une se faufile dans la volière pour récupérer des graines et les passe à une autre qui l’attend sur les grilles, à l’extérieur. C’est comme ça, en organisant cette chaîne jusqu’au nid, que la colonie se nourrit. » Des nids qui, choses inhabituelles dans nos contrées, sont des habitats collectifs occupés toute l’année.
Mais au fait, comment ces magnifiques oiseaux exotiques, dont l’Amérique du Sud est considérée comme l’aire de répartition, sont-ils devenus Toulonnais ?
« On est à peu près sûr que des individus se sont échappés de nos volières dans les années 90, poursuit Sandrine. Elles sont ici chez elles, finalement ! Et puis les visiteurs du parc les adorent. »
« Pas spécialement invasive »
La LPO connaît bien l’existence de cette colonie, redécouverte en 2011. Au muséum d’histoire naturel, l’ornithologue Philippe Orsini avait même documenté la présence de la jolie bestiole du côté du Clos Olive de 1983 à 1991. Une chose est sûre : appréciant son doux climat, la conure veuve a fait de Toulon sa capitale en France, où, à l’exception de
Marseille, rares sont les villes à l’accueillir. Compte tenu du risque de dommages occasionnés (nuisances, concurrence avec l’écosystème local…), l’évolution des effectifs de perruches est néanmoins surveillée de près. Aujourd’hui, on estime entre 25 et 50 le nombre de ces « petits perroquets » colorés. Un nombre qui semble n’avoir guère augmenté au fil du temps.
« On ignore si leur population va croître, confirme Amine Flitti, directeur régional de la LPO. En l’état actuel des choses, la conure ne semble pas spécialement invasive ni déranger d’autres espèces locales. » Gamelle en main, Sandrine, elle, pense tenir une explication au fait que la perruche tropicale n’ait pas étendu son aire de reproduction : « Regardez, les choucas qui les attaquent. Ils ne nourrissent de leurs petits et de leurs oeufs. Les gabians font pareil. Elles ont beau savoir se défendre, ce n’est vraiment pas évident pour elles… »