La pandémie plombe notre déficit commercial
Il a atteint 65,2 milliards d’euros en 2020 en raison de la dégradation des échanges au premier semestre. Du côté des exportations, seules les ventes de produits pharmaceutiques ont progressé
La pandémie fait plonger les comptes de la France. Plombé par l’aéronautique, atout traditionnel de l’industrie tricolore, mais aussi par les importations de masques pour cause de pandémie, le déficit commercial de la France s’est creusé en 2020, à 65,2 milliards d’euros, mais le redressement de fin d’année laisse espérer un rebond en 2021.
La balance commerciale se détériore ainsi de 7,3 milliards d’euros par rapport à 2019, pénalisée par « une diminution généralisée des exportations, en particulier dans les secteurs aéronautique et automobile », selon les Douanes.
« En lien avec les effets du premier confinement, la dégradation des échanges est particulièrement marquée au premier semestre, avant une reprise progressive au cours de la seconde moitié de l’année, jusqu’à atteindre un niveau proche de celui de 2019 en fin d’année », a commenté le ministre délégué au Commerce extérieur, Franck Riester, dans un communiqué distinct.
La faute aux masques
Si la France a été pénalisée par sa spécialisation sectorielle – aéronautique, automobile et tourisme –, elle a aussi payé le prix de la désindustrialisation engagée il y a vingt ans, notamment dans le secteur du textile. Ainsi, les importations de masques de protection ont pesé lourd dans la balance – à hauteur de 5,9 milliards d’euros – et contribué à aggraver le déficit français avec l’Asie : il atteint 9,6 milliards d’euros, dont 6,6 milliards avec la Chine. Certes, la baisse des prix du pétrole et la chute de l’activité entraînée par les restrictions ont permis d’alléger la facture énergétique de 19 milliards.
Mais cela n’a pas suffi à compenser « la chute d’ampleur inédite », selon les Douanes, des livraisons d’avions ou de moteurs : après « le record historique des ventes » de 2019 (64,3 milliards d’euros), elles ont diminué de 45,5 % pour s’établir à 35 milliards d’euros. Ou de l’automobile (-18,7 %, à 40 milliards d’euros), qui remontait pourtant la pente depuis 2014.
Le tourisme en berne
En réalité, du côté des exportations, seules les ventes de produits pharmaceutiques ont progressé (de 4,7 %), pour atteindre le « record historique » de 35,5 milliards d’euros. Un déficit des biens qui s’alourdit d’un côté, un excédent des services qui se réduit de l’autre : résultat, le déficit des transactions courantes a atteint 53,3 milliards d’euros, « après une détérioration historique de 37 milliards d’euros par rapport à 2019 », selon la Banque de France.
Autre point fort de la France, «le tourisme international est tout particulièrement affecté avec une perte d’excédent annuel de près de 7 milliards d’euros », note la banque centrale.
Si tous les pays ont subi le ralentissement des échanges commerciaux mondiaux en 2020 (de 9,6 %, selon le FMI), certains ont tiré leur épingle du jeu. C’est le cas de la Chine, dont les exportations de produits sanitaires contre la Covid-19 et électroniques ont augmenté. L’Hexagone, en revanche, « a perdu des parts de marché en 2020 », selon les Douanes.
Le gouvernement trouve cependant des raisons d’espérer dans les chiffres du quatrième trimestre, qui a vu le déficit commercial se réduire de 7,7 milliards par rapport à 2019.
« Sur les marchés export, la France reste très compétitive en matière agroalimentaire » et, avec l’aéronautique et l’automobile, « ce sont les trois grands secteurs qui portent l’espoir en ce moment », confirme Guillaume Vanderheyden, le sous-directeur des douanes.