Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le pays en thérapie

- PHILIPPE CAMPS Journalist­e edito@nicematin.fr

C’est leur tour. Les psys vont remplacer les médecins sur les plateaux télé. Faudra monter le son. Ils ont tendance à chuchoter. Confinemen­t, angoisses, vaccins, cauchemars, pannes d’érection, embrayage défaillant, recette de la soupe de poissons : on leur demandera leur avis sur tout. Ils s’empressero­nt de le donner. Ils signeront des chroniques dans les journaux et posteront des tutos sur le Web. On ne verra plus qu’eux. Bientôt leurs séances, devenues obligatoir­es par décret, seront remboursée­s par la Sécurité sociale. On n’entendra plus : «Tuvois quelqu’un ? », mais «Tuvoisqui?» . Les psys sont à la mode. Arte a eu du nez. La chaîne sort une série qui s’appelle En Thérapie. Elle est l’adaptation du carton israélien Be Tipul. Derrière la caméra, Nakache et Toledano. Devant, des pointures. Autant dire que c’est gagné. Malgré le talent du comédien Frédéric Pierrot, ma psy préférée reste le docteur Jennifer Melfi, alias Lorraine Bracco, qui gère les tourments de l’inoubliabl­e Tony Soprano. Les scènes de divan sont divines. Heureux ceux qui n’ont pas vu Les Soprano. Ils ont six saisons et  épisodes exceptionn­els devant eux. Le bonheur. C’est la meilleure série de tous les temps. Juré ! Si vous n’aimez pas l’histoire de Tony Soprano, mafieux, chef de clan et mangeur de spaghettis, en proie à des états d’âme et des crises de panique, nous n’avons plus rien à nous dire. Et vous avez de la chance que je ne vous fasse pas descendre par Paulie et Silvio, les hommes de main poussiéreu­x du parrain. L’acteur qui joue Tony Soprano est mort, il y a sept ans à Rome, sur la terre de ses ancêtres, terrassé par une crise cardiaque. C’est dur de s’en remettre. Tout le monde devrait avoir une photo de James Gandolfini dans son portefeuil­le. Freud et Lacan vous expliquera­ient pourquoi. J’en suis incapable. J’ai longtemps cru que les psychanaly­stes n’existaient que dans les films de Woody Allen. Un mec mal coiffé avec des lunettes et un pantalon de velours qui écoute vos problèmes dans le huis clos d’une pièce mal éclairée, c’est une fiction, non ? Eh bien non. Les psys ne font pas pschitt. Ils soignent, soulagent, ne donnent jamais la solution, mais désignent le chemin. Ça fait  euros. A la semaine prochaine. Macron l’a bien compris. Les jeunes vont mal. Le psy.

Les vieux ont peur. Le psy. Castex transpire. Le psy.

Les analystes sont incontourn­ables. Qu’ils en profitent. Ils ne seront bientôt plus seuls. J’ai lu dans L’Express que la flore intestinal­e influait aussi sur nos humeurs. La sphère émotionnel­le passerait d’abord par l’intestin. Un second cerveau se cache bien derrière le nombril.

Ah ! mon colon ! Bref, le psy ne suffirait plus. Pour aller bien, il faudra aussi prendre rendez-vous chez le gastro.

« J’ai longtemps cru que les psychanaly­stes n’existaient que dans les films de Woody Allen »

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