Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les chevaux en danger ont trouvé leur refuge

Pur-sang ex-champions de courses hippiques blessés en compétitio­n ; ponette mourante sauvée d’un cirque itinérant... Au club équestre La Petite Licorne, 39 rescapés requinqués s’épanouisse­nt

- JEAN-MARC VINCENTI jmvincenti@nicematin.fr

De la tragédie au miracle. Triste puis lumineuse, elle a une anecdote à raconter, attachée à chacun des trenteneuf chevaux et poneys qui s’épanouisse­nt au sein de La Petite Licorne, le centre équestre pas comme les autres que Sarah Gillet-Hourriez a créé il y a sept ans au Beausset. Un nom prédestiné pour l’associatio­n qui, dans l’ouest-Var et au-delà, entretient la légende du sauvetage équestre depuis 2013.

L’histoire est belle. Car tous ses animaux – sans exception – la monitrice équestre âgée de 34 ans les a sauvés de l’euthanasie, de la boucherie. Elle a consacré du temps et de l’argent – beaucoup – à leurs soins, les a aidés à surmonter les épreuves, les blessures et la maladie, pour leur offrir une seconde vie en qualité de chevaux de club équestre.

Le délicat équilibre financier

C’est ainsi que sur les 2 hectares de La Petite Licorne, la soixantain­e de licenciés attachée à l’associatio­n équestre a notamment l’occasion de monter des pur-sang, exstars des pistes d’hippodrome­s, à l’image de Maraudeur, 15 ans, champion de course de plat, qui totalise 600 000 euros de gains et qui a rejoint le club équestre il y a deux ans. « Comme lui, je viens de sauver Rajeline, une jument âgée de 6 ans, pur-sang qui s’est sévèrement blessée le 29 décembre lors d’une épreuve, et que j’ai récupéré dans l’urgence au centre d’entraîneme­nt de Cabriès grâce à l’entremise de l’entraîneus­e Manon Scandella, illustre Sarah Gillet-Hourriez en flattant l’encolure de l’équidé à la robe blanche et noire, dont l’allure athlétique est entachée par le bandage qui couvre l’une de ses jambes, du genou au sabot. C’est un cheval qui, en bonne santé, vaut des milliers d’euros mais qui, avec une fracture des os sésamoïdes internes du tibia, ne peut plus courir et que son propriétai­re, sans état d’âme, destinait à la boucherie. »

Dur à accepter quand on sait qu’un cheval a une espérance de vie de 40 ans. Un sacerdoce et un mode de fonctionne­ment, dont le coût est cependant de plus en plus difficile à supporter pour le centre équestre qui subit de plein fouet les conséquenc­es de la pandémie et qui peine à se remettre de deux confinemen­ts.

« En janvier, Rajeline m’a coûté 1 500 euros, de vétérinair­e principale­ment, et je ne sais pas si elle pourra supporter de nouveau un cavalier un jour. Elle mettra au minimum un an à se rétablir, souffle Sarah Gillet-Hourriez qui pourtant continue d’y croire. J’ai brûlé toutes mes économies en 2020 et les associatio­ns n’ont droit à aucune aide. J’ai seulement obtenu 120 euros par cheval, soit un mois de nourriture par animal, et la commune m’a fait don de huit ronds de foin. »

Malgré les aléas de la crise et sachant qu’un cheval, sur un an, coûte entre 3 000 et 5 000 euros de soins et de nourriture, le bien-être animal est une motivation heureuseme­nt solidement ancrée chez cette jeune femme qui a fait ses débuts il y a 19 ans, en proposant des tours de poneys sur la place du village du Beausset. À dos des cinq premiers équidés qu’elle a sauvés.

Les animaux reconnaiss­ants

Et ses protégés le lui rendent bien. Les pur-sang et les autres. Comme Kioma, 17 ans, « une ponette que j’ai récupérée quasiment morte dans un cirque itinérant, à Signes. Aveugle d’un oeil, elle était restée enfermée dans un semi-remorque, avait la peau brûlée, était couverte de champignon­s et puait la mort... Elle s’est rétablie et elle est devenue la star de La Petite Licorne ! Même encore amochée, tout le monde l’adore et se l’arrache ! Et elle semble reconnaiss­ante, comme si elle voulait nous dire merci ».

Des jolies histoires comme celles de Rajeline et Kioma, la responsabl­e de La Petite Licorne en a plein à raconter et invite toutes les personnes qui voudraient les écouter à rendre visite à ses chevaux et poneys. Le bonheur en partage.

La Petite Licorne, chemin de Pignet, Le Beausset. Ouvert du lundi au samedi de 9 h à 12 h et de 14 h à 17 h. Dimanche sur rendez-vous. Tél : 06.22.49.39.09.

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 ?? (Photos Frank Muller) ?? Voilà Kioma, une ponette qui ne paye pas de mine, que Sarah Gillet-Hourriez a sauvée d’un cirque itinérant et qui est devenue la star du club équestre La Petite Licorne.
(Photos Frank Muller) Voilà Kioma, une ponette qui ne paye pas de mine, que Sarah Gillet-Hourriez a sauvée d’un cirque itinérant et qui est devenue la star du club équestre La Petite Licorne.

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