Un antioxydant capable d’améliorer nettement la repigmentation
A la une (suite) Les résultats de l’étude conduite par l’équipe du Pr Thierry Passeron ont été présentés en avant-première à l’association Française du vitiligo
Le phénomène a été clairement démontré : le stress oxydatif accélère la perte (1) des mélanocytes responsable de l’apparition des dépigmentations de la peau qui caractérisent le vitiligo. D’où l’idée de traiter les patients par des antioxydants. « Malheureusement jusqu’à présent, aucun agent antioxydant n’a fourni la preuve de son efficacité sur le vitiligo dans des études bien conduites », selon le Pr Thierry Passeron. Outre le fait que l’activité antioxydante est très variable, un des obstacles à l’action de ces agents réside dans le fait « que la plupart d’entre eux sont détruits dans le tube digestif », précise le dermatologue. Mais il a trouvé la parade.
Deux fois plus de repigmentation
Dans le cadre d’un essai clinique le médecin et ses équipes ont ainsi évalué l’effet d’un antioxydant très connu, la superoxyde dismutase (SOD) (2), sous une forme protégée de la destruction par le tube digestif. « 50 patients souffrant de forme diffuse du vitiligo ont participé à cette étude randomisée et conduite en double aveugle ; la moitié d’entre eux étaient traités par photothérapie associée à un placebo, l’autre moitié par la combinaison photothérapie et SOD. Tous ont bénéficié d’un suivi pendant 6 mois. À l’issue de cette période, il est apparu que les patients sous SOD avaient vu plus de deux fois plus de repigmentation que les patients de l’autre groupe. » Ces résultats, récemment présentés en avantpremière à l’Association française du vitiligo, ont été accueillis avec beaucoup d’enthousiasme. « Le gros avantage avec ce traitement, c’est qu’il est d’ores et déjà disponible sous forme de complément alimentaire et accessible donc aux patients », complète
(3) le Pr Passeron. Toutefois, s’il livre avec un plaisir non dissimulé ce progrès dans la lutte contre le vitiligo, il met en garde contre les dérives possibles. « Attention à ne pas acheter le premier antioxydant venu en pharmacie : la vitamine C, le sélénium… ne donnent aucun résultat. Par ailleurs, il est impératif que la prise de SOD soit associée à la photothérapie pour obtenir des résultats. » Quelques mots qui rappellent aussi qu’en matière de santé, l’automédication n’est pas sans risque. (1) Déséquilibre entre la production par l’organisme d’agents oxydants nocifs (radicaux libres, notamment) et celle d’agents antioxydants (comme les vitamines E et C).
(2) Enzyme produite par les cellules des organismes vivants, animaux et végétaux. Sa fonction est de piéger les radicaux libres produits par le métabolisme. La superoxyde dismutase est un antioxydant puissant. Il en existe quatre formes selon le métal contenu dans sa molécule : fer, manganèse, cuivre ou zinc.
(3) Le complément alimentaire testé au cours de ces études est le Glisodin, vendu entre 30 et 40 euros pour une cure d’un mois.