Hypnose à l’hôpital : plusieurs atouts majeurs
Soins Elle a fait son entrée au bloc opératoire et mérite sa place dans la « trousse à outils » des soignants. Focus sur les applications multiples d’une pratique qui n’a rien d’ésotérique
« Garantir le confort du patient et éviter toute douleur » Anne Doll
Médecin anesthésiste et hypnothérapeute
Aux antipodes de l’image que peut en donner le monde du spectacle, l’hypnose a de nombreux niveaux d’applications hospitalières, à commencer par l’hypnose d’accompagnement en bloc opératoire. Médecin anesthésiste, spécialiste en hypnose, Anne Doll pratique cette technique comme médecin hospitalier et comme hypnothérapeute à Draguignan. Elle en explique les avantages.
L’hypnose peut-elle remplacer l’anesthésie ?
Toutes les opérations ne peuvent pas être réalisées sous hypnose. Les plus indiquées sont les interventions dites de surface : hernie inguinale, varices, chirurgies plastiques, coloscopies… Ce sont des opérations moins invasives, avec ou sans anesthésie locale. L’objectif est alors de garantir, grâce à l’hypnose, le confort du patient et d’éviter toute douleur durant le geste technique.
Avec ou sans médicaments ?
L’hypnose en bloc opératoire se pratique seule ou avec un médicament adjuvant, on parle alors d’hypnomédication. L’hypnose peut même être proposée en cas d’anesthésie générale. Dans ce cas précis, on crée une induction hypnotique avant l’anesthésie générale pour accueillir le patient dans un confort, une bulle qui va l’extraire du stress que représente l’arrivée au bloc. L’idée c’est de s’évader avant de démarrer l’anesthésie générale.
Comment se passe l’hypnose ?
On met le patient à l’aise, on lui suggère de penser à quelque chose d’agréable, on l’entraîne dans une sorte de rêve éveillé en quelque sorte. On lui parle durant toute l’opération.
Quels sont les avantages de l’hypnose ?
On est doublement gagnant.
On constate d’abord un meilleur sommeil du patient. On utilise moins de médicaments et il y a moins de douleurs, pendant et après l’opération. On a aussi un meilleur réveil : on se réveille directement d’une hypnose. Et on ne retrouve pas l’état de fatigue souvent consécutif à une anesthésie générale. Enfin, selon une étude belge centrée
() sur des patients opérés de la thyroïde, le temps d’hospitalisation est globalement plus court.
Et ses contraintes ?
Toute l’équipe du bloc, à commencer par les chirurgiens, doit valider la technique. Il faut en effet une étroite collaboration avec l’ensemble des professionnels au bloc. L’hypnose demande un effort de mise en place et un peu plus de temps mais ça en vaut vraiment la peine.
Quand se fait le choix de l’hypnose ?
Le choix de cette technique se décide avec le patient, en amont de l’opération. La consultation anesthésique peut être un peu plus longue pour lui expliquer comment il sera pris en charge et accompagné. On lui garantit le confort à tout moment.
Et si ça ne marche pas ?
L’évaluation de la douleur reste possible pendant l’hypnose. On procède de façon très vérificative et on peut toujours convertir en anesthésie conventionnelle pendant la procédure. Mais les cas où l’on est amené à le faire sont très rares : moins de % des patients validés pour une hypnose en bloc opératoire selon l’étude menée en Belgique.