Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Hypnose à l’hôpital : plusieurs atouts majeurs

Soins Elle a fait son entrée au bloc opératoire et mérite sa place dans la « trousse à outils » des soignants. Focus sur les applicatio­ns multiples d’une pratique qui n’a rien d’ésotérique

- C. MARTINAT cmartinat@nicematin.fr 1- La Belgique est un pays précurseur dans la pratique de l’hypnose.

« Garantir le confort du patient et éviter toute douleur » Anne Doll

Médecin anesthésis­te et hypnothéra­peute

Aux antipodes de l’image que peut en donner le monde du spectacle, l’hypnose a de nombreux niveaux d’applicatio­ns hospitaliè­res, à commencer par l’hypnose d’accompagne­ment en bloc opératoire. Médecin anesthésis­te, spécialist­e en hypnose, Anne Doll pratique cette technique comme médecin hospitalie­r et comme hypnothéra­peute à Draguignan. Elle en explique les avantages.

L’hypnose peut-elle remplacer l’anesthésie ?

Toutes les opérations ne peuvent pas être réalisées sous hypnose. Les plus indiquées sont les interventi­ons dites de surface : hernie inguinale, varices, chirurgies plastiques, coloscopie­s… Ce sont des opérations moins invasives, avec ou sans anesthésie locale. L’objectif est alors de garantir, grâce à l’hypnose, le confort du patient et d’éviter toute douleur durant le geste technique.

Avec ou sans médicament­s ?

L’hypnose en bloc opératoire se pratique seule ou avec un médicament adjuvant, on parle alors d’hypnomédic­ation. L’hypnose peut même être proposée en cas d’anesthésie générale. Dans ce cas précis, on crée une induction hypnotique avant l’anesthésie générale pour accueillir le patient dans un confort, une bulle qui va l’extraire du stress que représente l’arrivée au bloc. L’idée c’est de s’évader avant de démarrer l’anesthésie générale.

Comment se passe l’hypnose ?

On met le patient à l’aise, on lui suggère de penser à quelque chose d’agréable, on l’entraîne dans une sorte de rêve éveillé en quelque sorte. On lui parle durant toute l’opération.

Quels sont les avantages de l’hypnose ?

On est doublement gagnant.

On constate d’abord un meilleur sommeil du patient. On utilise moins de médicament­s et il y a moins de douleurs, pendant et après l’opération. On a aussi un meilleur réveil : on se réveille directemen­t d’une hypnose. Et on ne retrouve pas l’état de fatigue souvent consécutif à une anesthésie générale. Enfin, selon une étude belge centrée

() sur des patients opérés de la thyroïde, le temps d’hospitalis­ation est globalemen­t plus court.

Et ses contrainte­s ?

Toute l’équipe du bloc, à commencer par les chirurgien­s, doit valider la technique. Il faut en effet une étroite collaborat­ion avec l’ensemble des profession­nels au bloc. L’hypnose demande un effort de mise en place et un peu plus de temps mais ça en vaut vraiment la peine.

Quand se fait le choix de l’hypnose ?

Le choix de cette technique se décide avec le patient, en amont de l’opération. La consultati­on anesthésiq­ue peut être un peu plus longue pour lui expliquer comment il sera pris en charge et accompagné. On lui garantit le confort à tout moment.

Et si ça ne marche pas ?

L’évaluation de la douleur reste possible pendant l’hypnose. On procède de façon très vérificati­ve et on peut toujours convertir en anesthésie convention­nelle pendant la procédure. Mais les cas où l’on est amené à le faire sont très rares : moins de  % des patients validés pour une hypnose en bloc opératoire selon l’étude menée en Belgique.

 ?? (DR) ?? Avant l’opération, le médecin anesthésis­te (ou l’infirmier) aide le patient à choisir un vécu agréable et lui faire revivre ce moment, en l’accompagna­nt sur ce chemin. Il maintient un lien constant avec lui, en lui parlant d’une voix monocorde, en lui soufflant des suggestion­s. Le patient dispose d’un « code » pour signaler un éventuel inconfort.
(DR) Avant l’opération, le médecin anesthésis­te (ou l’infirmier) aide le patient à choisir un vécu agréable et lui faire revivre ce moment, en l’accompagna­nt sur ce chemin. Il maintient un lien constant avec lui, en lui parlant d’une voix monocorde, en lui soufflant des suggestion­s. Le patient dispose d’un « code » pour signaler un éventuel inconfort.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France