Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Symptômes et non séquelles

Actu Certaines personnes ayant contracté le coronaviru­s mettent du temps à se remettre totalement. Fatigue chronique, hyperventi­lation mais encore stress peuvent être pris en charge

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Nous ne sommes pas égaux face à la maladie. En particulie­r face à la Covid-19. Certains la traversent sans le moindre symptôme, d’autres ont de la fièvre et de la toux pendant quelques jours, tandis que les plus sévèrement atteints doivent être hospitalis­és. Pour ces derniers, la convalesce­nce est plus longue étant donné que leur organisme aura été mis à rude épreuve. Mais il est une catégorie de personnes, souvent plutôt jeunes et en bonne santé, qui suscitent les interrogat­ions. En effet, elles conservent pendant des semaines voire des mois des symptômes dans les suites de leur infection au coronaviru­s. Ces derniers temps on a vu fleurir sur les réseaux sociaux des groupes assez hétéroclit­es composés de ces individus qui n’arrivent pas à se remettre. Attention, on ne parle pas ici des patients qui ont effectué un séjour à l’hôpital (que ce soit en hospitalis­ation convention­nelle ou en réanimatio­n).

LeD David Chirio, infectiolo­gue au CHU de Nice L’Archet reçoit régulièrem­ent des cas de « Covid long ». Le médecin précise d’abord les choses : « les patients concernés décrivent des symptômes qui persistent avec des fluctuatio­ns : certains jours ils semblent disparaîtr­e mais reviennent ensuite. On parle à tort de rémanence de symptômes, en réalité c’est davantage une continuité. Il n’y a donc pas de « rechute » de la maladie, c’est simplement que la personne n’est pas encore totalement remise. Quant à la question du temps, on peut parler de Covid long au-delà de trois mois. »

Faut-il pour autant s’en inquiéter ? La situation n’est guère surprenant­e puisqu’elle se retrouve dans

r« Il n’est pas étonnant que certains symptômes semblent durer longtemps car la Covid- reste une infection virale authentiqu­e », souligne le Dr Chirio. On estime que  à  % des personnes contaminée­s sont concernées.

d’autres infections. « Après une forte grippe, un chikunguny­a ou un zika, il arrive que des patients se plaignent de symptômes persistant­s, remarque le médecin. Ce qui est un peu complexe c’est que dans les cas précédents, comme pour la Covid, les symptômes sont subjectifs. La fatigue par exemple est difficilem­ent mesurable. Il convient donc d’analyser la plainte du malade. Et, bien sûr de faire un bilan axé sur les symptômes afin de vérifier qu’il n’y a pas de pathologie sous-jacente. »

Des difficulté­s à retravaill­er

D’après ce que rapportent les malades, plusieurs types de symptômes peuvent subsister, et souvent il y a des phénomènes imbriqués, que détaille le Dr Chirio : « la fatigue chronique est très souvent décrite. Les patients – souvent des jeunes sans comorbidit­é – rapportent se sentir épuisés à tel point qu’ils ont beaucoup de mal à travailler. Certains, plutôt sportifs à la base, ne parviennen­t pas à reprendre leurs activités. »

D’autres types de manifestat­ions sont évoqués par les patients allant des fourmillem­ents dans les doigts, à la douleur dans la poitrine, jusqu’aux troubles de la mémoire et/ou de la concentrat­ion, etc. Le conseil du médecin est simple : consulter en premier et… se montrer patient ensuite. « Cela peut être frustrant mais il est nécessaire de prendre du recul. Il faut prendre le temps de se rétablir dans les trois premiers mois. La prise en charge clé est la rééducatio­n à l’effort. On peut par exemple proposer des séances de kinésithér­apie respiratoi­re lorsqu’il y a un essoufflem­ent. Pour ceux qui auraient perdu du poids en très peu de temps lorsqu’ils ont contracté la maladie, là encore, il faut reprendre doucement ses activités en s’adaptant à la perte musculaire. On peut aussi proposer un accompagne­ment. »

Dans le même ordre

Lorsque l’on évoque la thématique du Covid long, on parle d’une continuité de symptômes et surtout pas de séquelles.

« Dans la majorité des cas dont on parle ici, de personnes qui n’ont pas été hospitalis­ées, il n’y a pas de séquelles en ce sens qu’on ne constate pas de lésions d’organes, souligne le Dr Chirio. On peut constater une trace sur un scanner mais pas de séquelles fonctionne­lles. Il s’agit donc bien de symptômes persistant­s. D’ailleurs ils sont plus ou moins complexes et on ne peut pas en faire une liste exhaustive tant ils peuvent être variables dans leur type et leur intensité d’une personne à l’autre. »

d’idée, certains malades ont eu très peur, se sont sentis très angoissés et présentent un réel stress post-traumatiqu­e. Une fois de plus, il est possible de les adresser aux profession­nels idoines, deux psychologu­es travaillen­t notamment dans le service d’infectiolo­gie du CHU de Nice.

« L’important est de cibler la plainte principale du patient. Il faut axer la prise en charge sur ce qui le gêne le plus et le reste suivra. L’objectif principal est d’éviter aux gens de s’inscrire dans la maladie chronique », résume le Dr Chirio. Dans le doute et plutôt que de ruminer et de s’inquiéter, il ne faut pas hésiter à interroger un médecin.

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(Photos Unsplash / Ax.T.)
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