Super Issue l’entrée des artistes
La structure, lancée en 2016 par les Niçois Julien Griffaud et Jean-Baptiste Bec, se spécialise dans la microédition d’art. Objectif : proposer de beaux objets accessibles à tous et offrir une vitrine aux artistes régionaux émergents.
Super Issue, au départ, c’est un éditeur d’art et de musique. Pour les artistes d’ici surtout, d’ailleurs aussi. Un label lancé à Nice en 2016 par des passionnés à doubles casquettes : Julien Griffaud, plasticien et prof de dessin au collège de Beaulieu-surMer, et Jean-Baptiste Bec, prof de musique à Mouans-Sartoux, alias Benjamin Fincher, entre autres, en tant que musicien. Pour la musique, « c’est de plus en plus compliqué », dixit Julien Griffaud (lire par ailleurs). Alors petit à petit, la structure, devenue collectif au fil des projets, se recentre. « Aujourd’hui, on est un peu entre le fanzine et le livre d’art, résume Julien Griffaud. Notre but, c’est de permettre aux artistes émergents, à ceux qui n’ont pas encore les honneurs de grandes galeries, d’avoir une trace de leur travail, quelque chose qui reste. Et côté public, de rendre le plus accessible possible un petit objet d’art en découvrant de nouveaux noms. »
Dessins, peintures, photos, collages… En quatre ans, Super Issue a ainsi édité plus d’une quinzaine d’ouvrages, en tirage limité, numérotés, déposés à la Bibliothèque nationale de France. Et imprimés localement, of course. « On choisit des imprimeurs ici pour rester dans la démarche et parce qu’on veut un vrai dialogue sur l’esthétique. On essaie de créer des objets de qualité, un peu rares. »
Élégant, drôle ou trash
Résultat : des publications élégantes au contenu franchement drôle, un rien loufoque ou carrément trash. Poétiques parfois, militantes, un peu. Où se mêlent tranquilles blagues et réflexions, références pointues et populaires.
Des catalogues d’exposition, comme celui de l’expo barrée Bifurcations, qui s’est affichée à la rentrée sur les murs du 109, le pôle de cultures contemporaines niçois. Des livres d’artiste aussi, comme l’excellent Tous mes voeux etc., rassemblant les collages délirants de Nina Scceletton, plasticienne formée aux Beaux-Arts de Toulon. Ou encore des ouvrages collectifs comme les B.A.T., ovnis périodiques rassemblant une vingtaine d’artistes – issus de formations reconnues ou autodidactes –, autour d’un thème déclinant le fameux acronyme cher aux imprimeurs (1). Le premier numéro, c’était Brutal Ardant et Torride… et c’était déconseillé aux moins de 18 ans. Des formats libres, une seule ligne : l’esprit Super Issue.
« On démarche les artistes qu’on aime, certains nous contactent. Il faut que leur travail soit décalé, qu’il y ait un propos artistique, résume Julien Griffaud. On est clairement dans le Do It Yourself depuis le début, l’esprit est donc un peu rock, un peu punk. Il peut y avoir des messages politiques ou sociaux, comme souvent dans l’art mais on ne donne pas de leçons. Il y a également beaucoup de légèreté et d’humour. » On ajouterait : du boulot et des idées. Le prochain B.A.T. , pour les mois de juin à septembre, est sur les rails. Un ouvrage de poésie, dans les tuyaux. Et des projets, peut-être : « Dans le Nord de la France, en région parisienne, en Bretagne, il y a beaucoup de festivals de microédition, c’est moins le cas ici… »
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On est dans le Do It Yourself, l’esprit est un peu punk”
Livres d’art Super Issue : de 5 à 10 €.
En vente dans certaines librairies
celle du Mamac, à Nice) et en ligne sur www.super-issue.com.
Sur Instagram et Facebook : @superissue
1. BAT, dans l’imprimerie, signifie « bon à tirer ».