Yohann, lutin aux mains d’argent...
À 25 ans, Yohann Guignabodet a lancé sa marque de luminaires et meubles, Brakio. Dans son atelier familial, le Varois fait tout de A à Z.
Rien ne prédestinait Yohann Guignabodet à se glisser dans la peau d’un designer. Rien, sinon son amour pour la matière. À former. Déformer. Inventer. Selon ses humeurs. Ses envies. Son inspiration...
Après un bac S et un DUT Génie mécanique, le Cuersois a décroché un CDI à la CNIM (1). Un parcours somme toute banal. Il y planche sur des plans d’usines. Sérieusement. Sans folie dans le trait. Les lignes. Jusqu’à les franchir. Jusqu’à basculer de l’autre côté de son âme. Côté face... Fin 2018, le voilà donc qui commence à s’agiter. Un projet en tête.
Flou. « Ce n’était pas très concret. Je souhaitais fabriquer des objets de mes dix doigts. Mais je ne savais pas vraiment quoi... »
Puis, subitement, la lumière fut. L’autodidacte s’est emparé du métal. Brut. Du bois. Massif. S’est laissé porter par son imagination.
Par sa sensibilité. Pour donner corps et vie à une gamme industrielle percutante. À la fois élégante et déroutante. « Je ne voulais pas copier sur untel ou untel, mais plutôt affirmer mon propre style, confie le timide lutin aux mains d’argent. J’espère avoir réussi... »
À 25 ans, il en prend en tout cas le chemin. Poser son regard sur la table basse Vertige, caresser le velours d’un tabouret Exo, promener ses paumes sur le squelette déstructuré d’une lampe Hexagone, c’est pénétrer son univers. Se laisser séduire par ses fabrications 100 % artisanales.
‘‘
Je souhaitais fabriquer des objets de mes mains. Mais je ne savais pas vraiment quoi... ”
‘‘
Je ne voulais pas copier sur untel ou untel, mais plutôt affirmer mon propre style”
Atelier à la maison
Fabrications encore nées dans l’exigu atelier de la maison familiale. Là où tout a commencé. Là où tout se poursuit. « Ah ça (!), c’est du local plaisante le jeune alchimiste. Je fais tout dans 20 m2. De la conception à la production. »
Du croquis sommaire à la haute définition sur ordinateur. De l’ordinateur à l’imprimante 3D. « Chaque pièce est imprimée à l’échelle 1/10e. Ce qui me permet d’obtenir un modèle précis. »
De ce morceau de plastique, il se lance alors dans la découpe, la soudure, l’électricité, même la couture. « Avec la vieille machine de ma mère. Elle ne s’en servait plus ! » De fil en aiguille, de tutos en tâtonnements, Yohann est parvenu à maîtriser ses sujets.
« Aujourd’hui, je me régale. Je suis épanoui dans ce que je fais. J’espère juste pouvoir continuer et en vivre... »
Car l’art est aussi difficile que la vente. L’artiste n’a d’ailleurs pas vocation à se muer en VRP. Par chance, certains croient déjà en lui. Notamment à la Maison des Archis, à La Valette, où certaines de ses oeuvres s’affichent.
« Ma copine a aussi fait un site internet au nom de ma marque, Brakio. » Pourquoi Brakio d’ailleurs ? Pour le côté braquo de l’esthétisme ? « Non, non, pas du tout. Je cherchais un nom original. La sonorité de celui-ci me plaît. »
Alea jacta est . Le sort en est jeté. Et l’avenir lui appartient. Tant il pense déjà à des tas de nouveautés. Fruit de son remue-méninges perpétuel. Ou de commandes de clients, sous le charme.
« Je réponds à la demande. Les objets sont personnalisables. Dans les formes, les tailles. » Moins dans les matières car il est attaché à ce métal hurlant sous le fer. À ce chêne qui vient, sous son rabot, l’épouser à la bonne heure.
« J’espère plus tard faire des salons, des expos. M’agrandir. Car je sais que j’ai trouvé ma voie. » Celle du beau sans prétention. Sinon celle de plaire. De faire mouche. Bref, de taper juste. En plein coeur... 1. Constructions navales et industrielles de la Méditerranée
Rens. brakio.fr ou 06.21.50.95.25. Tarifs : lampes de 70 à 590 euros, meubles de 240 à 820 euros.