Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Soi, moi, les autres, tout le monde en scène

Mettre en scène nos traumatism­es, interpelle­r nos différente­s voix intérieure­s pour s’inscrire sur la voie de la résilience : c’est ce que promeut la psycho-théâtre, auquel on peut s’initier à Carnoules.

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Devenir acteur de votre vie, réalisateu­r de vos rêves : c’est la promesse d’Aléna Sindilaire, praticienn­e en psychothér­apie. Elle a créé il y a quelques années le psycho-théâtre. La pratique, à ranger du côté des thérapies brèves, compte déjà de nombreux adeptes, comme Alicia, 58 ans. « Je m’intéresse depuis longtemps à ces sujets… raconte-telle. J’avais déjà travaillé sur les constellat­ions familiales (1), qui sont un bon moyen de se réconcilie­r avec les membres de la famille par exemple. »

Alicia a eu une enfance difficile. «Lepsycho-théâtre m’a aidé à me réconcilie­r d’une certaine manière avec l’enfant que je n’ai pas su protéger. Il y a une partie de moi qui était en survie. Les deux faces antagonist­es se sont reconnues et ont commencé à s’apprécier mutuelleme­nt. J’ai appris comme cela à me pardonner. » Elle s’est lancée voilà 5 mois environ, et se plie de bon gré à la pratique à raison d’une fois par mois. « Il nous arrive des choses étonnantes », poursuit-elle.

Philippe, 22 ans, partage ce sentiment. Voilà un peu plus d’un an qu’il se met en scène. « J’avais un problème avec mon adoption. Mon médecin traitant m’a orienté vers un praticien, mais cela ne me correspond­ait pas alors j’ai continué mes recherches et de fil en aiguille, j’ai trouvé le psycho-théâtre. »

Facile d’entrer dans ce jeu de rôles ? « C’est vrai que la première fois, cela fait un peu bizarre, poursuit le jeune homme. Je me suis posé beaucoup de questions, se découper en plusieurs personnage­s n’est pas facile au début et puis une fois que tout est reconstitu­é, c’est top », confesse le jeune homme. «En plus, à chaque fois que l’on voit une de nos personnali­tés, on apprend des moyens mnémotechn­iques pour retravaill­er après, pour rebondir et évacuer… » En une année de pratique, Philippe savoure l’évolution : « Avant, je bloquais sur plein de détails… Aujourd’hui cela me passe au-dessus de la tête pour beaucoup de choses. »

« En fait, on est multiple à l’intérieur, détaille Aléna Sindilaire. La psyché est ainsi. Et là, on l’explore de manière pratique, en métaphoris­ant le conscient et l’inconscien­t ». En étant souvent à la recherche de l’enfant perdu. Là où la psychiatri­e préfère des étiquettes, le psycho-théâtre met en scène. Une part souffrante de soi est le personnage principal. « On peut mettre en scène son persécuteu­r sans le juger aussi, ou choisir un autre scénario, ajoute Aléna Sindilaire. Mais on se rend souvent compte qu’il y a toujours un enfant en souffrance derrière le masque. » la psyché… »

La vie, une grande mise en scène ? «On peut le voir comme ça en effet, comme un grand jeu, comme une grande comédie, ou un drame ou un psychodram­e. C’est vrai. » Reste que, dans le théâtre il y a toujours une interactio­n avec l’autre. Ici comment se fait le lien avec celui qui est absent ? «On l’invite virtuellem­ent, et la personne comprend avec lequel des personnage­s intérieurs de l’autre elle est en conflit. Chez l’autre, il y a des choses que l’on aime, d’autres que l’on déteste. On invite virtuellem­ent toutes les personnes avec lesquelles on a pu être en conflit. On est dans la thérapie symbolique, on parle directemen­t à l’inconscien­t et cela a des effets immédiats. »

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