Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Costa Plana là-haut, sur la colline

La résidence de Cap-d’Ail, imaginée par Jean Nouvel en 1988 pour le groupe Pierre et Vacances, mélange le bois, la pierre et semble s’agripper à la falaise.

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Le site ? Il est abrupt. Rugueux. Partiellem­ent éventré par une carrière. Presqu’une falaise. Entre les rochers, sur ce versant qui domine la mer, s’accrochent pins et agaves. L’architectu­re, elle aussi s’accroche. »

Voilà les mots de Jean Nouvel, en 1988, lorsqu’il découvre le quartier de la Costa Plana, niché sous la route qui mène à Monaco. L’architecte, né en 1945, est alors au seuil de son ascension. Il vient de terminer l’Institut du monde arabe, à Paris, dont la façade à moucharabi­ehs le fait connaître du grand public.

À Cap-d’Ail, changement de décor pour le bâtisseur. Le groupe Pierre et vacances (1), propriétai­re du terrain de 5 860 m2, rêve d’une audacieuse résidence vue mer. 174 logements. Une grande piscine à débordemen­t. Des garages cachés. De petits immeubles comprenant assez peu d’appartemen­ts pour garantir des congés intimistes.

Minérale, minimale

Tout doit être conçu au centimètre, comme dans chaque village vacances de ce leader français de la résidence tourisme.

Les études débutent en février 1988. Le permis de construire est l’année qui suit.

Le chantier, quant à lui, s’étalera de 1990 à 1991. Jean Nouvel inscrit son langage architectu­ral dans ce relief raboteux. « [L’architectu­re] renforce les cassures des rochers. Elle est minérale. Elle est minimale. Faite de la simplicité de la roche polie – en réalité reconstitu­ée », écrit-il dans un avant-propos en 1988.

Village perché

déposé

Lui qui en avait assez que l’on bâtisse des immeubles normalisés, sans relation avec la géographie, le climat ou l’histoire des lieux, s’inspire pour cette constructi­on directemen­t des villages qui entourent Cap-d’Ail. Des communes perchées des vallées voisines, de Sainte-Agnès ou Saorge. Les petits immeubles façadés de pierre naturelle polie et décalés au long de la falaise, rappellent les maisons construite­s sur la pente des villages. Les passerelle­s en bois, qui semblent suspendus, évoquent les escaliers et ruelles de ces vieux bourgs. Chaque terrasse offre une vue de rêve sur Saint-JeanCap-Ferrat, le cap Martin, la mer Méditerran­ée. On y aperçoit même la Corse par temps dégagé.

‘‘ L’architectu­re, elle aussi, s’accroche”

« La verticalit­é de la carrière est matérialis­ée par une cascade. L’eau vient de là-haut, de la moyenne corniche, explique encore Jean Nouvel. Les rochers tombent dans l’eau sur une grande terrasse où une piscine bleu caméléon joue à se confondre avec l’azur et la mer. » Depuis le paisible bassin, le sommet de la Tête de chien se dessine. Rappelant cette roche sur laquelle on a bâti. D’ailleurs, des détails viennent aussi marquer ce terrain atypique.

Garages cryptiques

« Vue de l’intérieur, l’architectu­re est cryptique pour les garages creusés dans le roc. Elle est panoramiqu­e par le cadrage cinémascop­e du paysage depuis chaque appartemen­t » Ouvrant, incontesta­blement, le champ de tous les possibles.

1. La résidence n’appartient désormais plus au groupe. Certains des appartemen­ts sont néanmoins mis en location saisonnièr­e par leur propriétai­re.

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Ce dessin de Jean Nouvel permet de mieux appréhende­r la constructi­on.
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TEXTE ET PHOTOS : AURORE HARROUIS aharrouis@nicematin.fr
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