Coursegoules, de hameau à ville royale
Dressée sur une colline à 20 km du bord de mer à mi-chemin entre montagne et plaine, la petite commune a connu un destin privilégié.
Ce village pittoresque dresse ses hautes maisons au-dessus du ravin de la Cagne naissante. La chaîne du Cheiron, rocheuse et désertique traverse son territoire d’est en ouest et, au sud, s’étale le plateau de SaintBarnabé, sans doute le site le plus insolite de la Côte d’Azur.
Une appellation qui traverse les époques
Il semble que les racines du nom de Coursegoules viennent, d’une part de la langue celto-ligure, peuple installé sur le site au VIIe siècle avant J.-C. et d’autre part de sa situation géographique, soit cor seg signifiant rocher pointu, hauteur ou site surélevé. Lorsque les Romains arrivent sur le territoire au Ier siècle avant J.-C. pour la construction de la via Vintiana – axe routier secondaire qui reliait Vence (Vintium) à Digne en passant par Castellane –, ils édifient un camp fortifié à Autreville sur les ruines d’un ancien oppidum ligure. Il prend alors le nom de Castrum de Corsegolis.
Après la chute de l’Empire romain, les habitants commencent à se déplacer et l’activité quitte les sites stratégiquement imprenables pour gagner la plaine et cultiver la terre. Se dessine alors progressivement les prémices d’un village qui, dès le Xe siècle, prend le nom de Corsegolas. En 1194, le territoire et le castrum sont attribués à l’évêché de Vence. En 1233, le fief est disputé entre les vicomtes de Nice et le comte de Provence, Romée de Villeneuve. Ce dernier qui a fini par l’emporter, reçoit de l’évêque de Vence, à la suite d’un échange, une partie du territoire. À partir de là, le village prend son aspect définitif avec l’édification d’un château, de fortifications, d’une église et des habitations à étages. Pendant presque un siècle, le village, alors nommé Corsegulas, va vivre tranquille et prospère sous la dépendance des Villeneuve, seigneurs de Vence. Lors une courte occupation espagnole de 1524 à 1536, la ville sera appelée magiste de Cosegolhos. Lorsque vers 1600, les Villeneuve ont un revers de fortune, les habitants proposent au roi Louis XIII (1601-1643), en échange d’une certaine autonomie, de racheter eux-mêmes le village et de le lui offrir. C’est ainsi qu’en 1620, la commune devient ville royale et se voit nantie de privilèges. Elle le restera jusqu’à la Révolution. Il semble que c’est à ce moment-là que Coursegoules devient Coursegoules.
Ses mésaventures ne sont pas terminées pour autant
Longtemps, la conjonction d’un aqueduc romain, qui alimente généreusement la ville en eau, et un ensoleillement maximal permet aux habitants de profiter de l’agriculture, de l’élevage et même de la polyculture, en bref de vivre en quasi-autarcie. Déjà à cette époque, Coursegoules est reconnue comme le grenier à blé de Vence. En effet, le terroir a toujours pu fournir du pain à ses habitants et comme on disait alors à « s’en faire
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Trois mille ans d’histoire, authentique dans son mode de vie, riche d’une culture rurale et de ses traditions ”
péter les tripes », d’où le surnom des Coursegoulois Estripa-pan .Un sobriquet qu’ils ont conservé longtemps !
Malgré cette manne, la population se sent trop éloignée des grands axes de communication. Dès 1633, elle commence à émigrer vers Grasse. En 1642, le château déserté est transformé en chapelle des Pénitents. Les épidémies de fièvre jaune et les guerres de 1870 et de 1914-1918, accentuera encore l’exode rural. Alors que dans les années 1950, une partie du haut village est vide, que les maisons croulent sous le poids des ans et que les rues sont envahies d’herbes folles, Coursegoules va se relever. Un effort de reconstruction est entrepris et des acquéreurs vont convertir les vieilles demeures en résidences secondaires. La campagne elle-même reprend vie dans les zones les plus planes. Aujourd’hui, Coursegoules est une agréable bourgade qui baigne dans une ambiance sécurisante et chaleureuse. Entraînant avec eux les nouveaux ruraux, les villageois organisent toujours leur existence avec la quiétude et la simplicité typique des gens attachés à la terre. . Coursegoules, riche d’une histoire millénaire passionnante, a su vaincre les affres du temps et traverser les siècles pour afficher, aujourd’hui, toute sa splendeur.
. La chapelle Notre-Dame-de-Pitié ou des Pénitents blancs est l’un des seuls vestiges du château des Villeneuve.
. C’est Romée de Villeneuve, baron de Vence, qui, entré en possession du fief en , va impulser l’édification de ce qui deviendra Coursegoules.
. La chapelle Saint-Barnabé, vraisemblablement édifiée au XVIIe siècle, est inscrite à l’inventaire général du patrimoine culturel depuis .