Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Bargème un village hors du temps

Les vestiges du château et de l’enceinte fortifiée du plus haut village du Var, inscrit parmi les plus beaux de France, font le bonheur des amateurs de vieilles pierres et de patrimoine médiéval.

- Extrait des in NELLY NUSSBAUM magazine@nicematin.fr

Edifié sur une crête calcaire à plus de 1 097 m d’altitude, ce bourg féodal offre une vue exceptionn­elle sur le massif des Maures. Avec son enceinte médiévale que domine la fière silhouette blanche de son château ruiné, ce village, classifié parmi des plus beaux villages de France, conserve un aspect mystérieux, troublant et attachant.

Une haine sans limite à la famille

Aujourd’hui, du bourg féodal ne subsistent que les ruines d’un château construit au XIIIe siècle, d’anciennes murailles défensives et deux portes fortifiées. Avec audessous du château, un village qui étage sur deux ou trois rangs ses maisons de pierre blonde aux toitures génoises et aux hautes façades tournées vers le midi. La seigneurie de Bargème est tombée dans l’escarcelle de la famille de Pontevès en 1220 lors du mariage de Douceline de Fouques avec Isnard II d’Agoult. Pendant les guerres de religion, le château est occupé par Jean-Baptiste de Pontevès (15051579), lieutenant pour le roi en Provence, capitaine français des guerres de religion. Il appartient à la puissante famille Pontevès-Bargème qui est l’une des plus grandes de Provence, mais aussi l’une des plus tyrannique­s. La dynastie s’illustra longtemps par sa cruauté à l’égard des habitants qui vouèrent une haine sans limite à la famille. Ainsi, au fil des ans, tous les seigneurs périrent assassinés par la population [lire ci-contre].

‘‘

Il appartient à la puissante famille Pontevès-Bargème [...] l’une des plus tyrannique­s

[de Provence]”

Un château fantôme et des remparts triomphant­s

Le château, mentionné dès 1225, n’est plus qu’une ruine, mais ô combien magistrale, avec ses quatre tours d’angle haut dressées, son donjon carré, sa porte remarquabl­e avec son arc brisé et ses éléments défensifs extérieurs. En pénétrant dans la cour d’honneur, on peut encore se faire une idée de l’ancien agencement du château d’après les restes de murs, d’escaliers, de cheminées ou d’archères. Cette cour carrée donnait accès aux grandes et nombreuses dépendance­s ainsi qu’à la chapelle.

Bâtie par les villageois en 1607, sur ordre du Parlement aixois, la chapelle NotreDame-d’Espaïme se tient à l’écart du château, à l’autre bout de l’aride barre rocheuse qui domine la vallée de la Bruyère (affluent de l’Artuby).

Bien qu’officielle­ment dédiée à NotreDame-des-Sept-Douleurs, elle demeure pour le village Notre-Dame-de-l’Espaïme – qui signifie effroi ou alarme en provençal. Son porche ajouré de fenêtres en demicercle, où s’ouvre une clôture aux barreaux de bois tournés, servit peut-être de poste de guet. La vue porte jusqu’aux Préalpes de Grasse et au massif des Maures. Dans la partie sud de la commune, on voit encore intactes l’enceinte fortifiée datant du XIVe siècle et ses deux portes baptisées la Tour de Garde et la Porte du Levant, ajoutées au XVIe siècle. Toutes deux étaient munies d’une herse permettant de fermer le village, le soir venu. Par la porte de Garde, on pénètre dans le bourg aux ruelles en zigzag, aux rampes pavées, aux passages voûtés, aux terrasses de pierre sèche et aux maisons à l’allure d’une autre époque. Le château et ses remparts, classés aux Monuments historique­s par arrêté du 21 décembre 1992, sont, depuis janvier 2008, patrimoine communal de Bargème.

Notes généalogiq­ues sur Jean-Baptiste de Pontevès et ses enfants, Annales de la Société d'études provençale­s, 1904.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France