À vingt-trois ans il fait revivre les légendes du jazz
Tiré du film L’Aventure du jazz de Louis Panassié, le documentaire réalisé par le Six-Fournais Sandro Raymond rend hommage au genre musical, né il y a plus d’un siècle aux États-Unis
Faire en sorte que la relève soit assurée. Telle était la volonté de Sandro Raymond lorsqu’il a commencé à travailler sur Near the legends. Dans ce documentaire, le jeune réalisateur six-fournais rend un magnifique hommage au jazz. A vingt-trois ans, son ode reçoit les félicitations des inconditionnels, mais aussi des magazines spécialisés.
En s’attaquant pour sa première production, en solo, au genre musical né OutreAtlantique, il savait qu’il misait gros : « J’avais un peu la crainte de leurs réactions, mais au contraire, ils ont tous bien réagi. »
La peur de décevoir
Bien entendu, Sandro Raymond est réaliste. Son film de 52 minutes n’est pas parfait. Comment pourrait-il en être autrement à son jeune âge ? « D’un point de vue technique, il y a quelques erreurs, mais avec les moyens techniques que j’avais, je suis fier d’avoir pu faire quelque chose de présentable et propre. »
Selon lui, l’essentiel est en effet ailleurs : « Mon objectif, c’était vraiment que Louis Panassié voit le documentaire et soit content. » Et pour le plus grand plaisir du SixFournais, ce fut chose faite.
Car s’il ne voulait pas décevoir le fils d’Hugues Panassié, « la personne qui a amené le jazz en Europe » décrit-il, c’est parce que son film a été construit en utilisant des vidéos tournées il y a environ cinquante ans : « J’ai pris L’Aventure du jazz de Louis Panassié, qui est un film de 2 h 30, et j’en ai fait un 52 minutes. »
Des extraits exceptionnels
Pour son documentaire, il s’est ainsi appuyé sur des extraits du film de 1972 : «Ils sont fantastiques, d’une qualité exceptionnelle et on y voit des choses magnifiques. Quand Louis a tourné ces images, les stars lui répondaient en toute simplicité. Il faisait partie de leur famille grâce à son père. »
Dans ce film qui n’a jamais été commercialisé, du fait d’un accord passé entre les grands noms du jazz, on observe des moments privilégiés dans l’intimité de ces légendes. On voit ainsi Louis Armstrong chanter a cappella en français et rigoler par exemple.
« Une passation de patrimoine »
Sandro Raymond a décidé de s’attaquer à ce document exceptionnel suite à sa rencontre avec le réalisateur de L’Aventure du jazz (lire ci-dessous). Il raconte : «Je ne voulais pas que ces images finissent dans une simple archive. L’idée, c’est vraiment une passation du patrimoine. »
Dans son film, le jeune réalisateur ne s’est pas contenté de reprendre simplement les extraits de son prédécesseur. Il les a bonifiés : « J’ai voulu voir comment des jeunes de l’école de musique IMEP (Paris College of Music) voyaient le jazz aujourd’hui. J’ai aussi fait l’interview d’Edouard Rencker, directeur de Jazz Magazine et d’autres jazzmen de nos jours. » Le tout est bien évidemment raconté par Louis Panassié : « Ça m’a touché parce que dans l’interview, il dit qu’il voulait rendre hommage à son père et c’est ce qu’il fait. »
Grâce à ce format plus digeste, Sandro Raymond a selon lui rempli sa mission : « Je voulais continuer à faire vivre le jazz et je pense que, maintenant, Louis Panassié peut dormir sur ses deux oreilles. » Contrat rempli car, comme il est dit dans le documentaire, « grâce à son influence dans le monde, le jazz vivra pour toujours ».