Le port du Levant nouvelle version avance à petits pas
Attendu depuis longtemps, le projet de réfection du port du Levant est toujours dans les tuyaux avec la volonté de pouvoir y accéder l’essentiel de l’année. Même en cas de mauvais temps
C’est un serpent de mer qui porte bien son nom. La réhabilitation du port du Levant est évoquée depuis « près de cinquante ans » pour les habitants de l’île, « une vingtaine »pourTPM qui a repris le dossier en main en 2017. Lorsqu’il en avait la responsabilité, le Département avait, entre 2009 et 2011, proposé un projet ambitieux de travaux, mais « il semble s’être perdu dans les méandres de l’administration », regrette Pierre Chevalier, pêcheur installé au Levant depuis 17 ans, qui milite depuis de nombreuses années pour une mise en sécurité du site. « On a entendu parler du nouveau projet, mais bien moins ambitieux », regrette-t-il. Lui, connaît bien les lieux et la mer. Il sait comme elle peut être dangereuse et que, même au port, lors de mauvais temps, l’abri n’est pas – plus – sûr.
Accéder sans danger
« Le port est soumis aux houles du sud. Coté nord et ouest, il est protégé par une épave dont la coque est quasi cassée. Les jours de mistral quand les navettes arrivent comme ça a été le cas le 29 décembre avec beaucoup de colis c'est extrêmement dangereux pour les personnes qui montent et descendent. On veut avoir la possibilité de vivre sur l'île en hiver, une période où il y a de plus en plus de monde, et y accéder sans risquer sa vie les jours de mauvais temps, poursuit Pierre Chevalier. Quelqu'un qui tombe à l'eau entre le quai et la navette, c'est fini. On veut éviter d'avoir un drame… On trouve qu'il y a un certain abandon de l'île. Ça fait 50 ans que les gens demandent un port, nous ne sommes pas des extrémistes, nous sommes Hyérois comme les autres », poursuit-il.
Si effectivement les lenteurs administratives régulièrement dénoncées en France peuvent laisser penser à un certain abandon, il n’en est rien et les services de TPM n’ont pas lâché le dossier.
« C’est un port très ancien, qui, à l'origine, était un abri côtier. Il a été construit au lendemain de la guerre avec un agrégat de matériel. La barge sur laquelle la digue est posée se délite. Les matériaux s'enfoncent dans le sol. La mer de plus en plus mauvaise ces dernières années, l’élévation légère du niveau des eaux et le vent, rendent l'ouvrage moins performant, reconnaît Alexis Villemin, directeur général adjoint aménagements ports mobilités et énergies. Le projet a souvent été remis. Il existe depuis plus de 15 ans. L'objectif étant de trouver une solution pour que le port soit ouvert toute l'année. Aucune formule qui soit convenable techniquement, d’un point de vue environnemental et financièrement abordable n’a été validée par les gestionnaires. On serait sur du 10, 15 ou 20M€. L’équilibre n’est pas simple à trouver. »
Une zone de mouillage écologique ?
Plusieurs points font en revanche l’unanimité. Celui, d’abord de l’enlèvement du matériel coulé aprèsguerre et de « la réfection complète de la digue ».
« La question a été de savoir si on fermait plus le port ou pas, précise Alexis Villemin. Mais le transporteur aurait eu des problèmes pour entrer. Plusieurs configurations ont été proposées. En 2019, une concertation préalable publique a permis de définir une reconstruction. » Dans le même temps, l’hypothèse de l'installation d'une zone de mouillage écologique en été en dehors du port a été lancée. La volonté de TPM, si elle était désignée gestionnaire de cette zone était alors de réaliser tous les travaux en même temps. « On a eu l’accord des services portuaires, de l'État pour les travaux, mais pas pour que la zone de mouillage soit intégrée a la zone administrative du port. La Dreal a déclaré ne pas être favorable à la zone d'extension du port.
Une étude paysagère sur l’implantation des bouées a été demandée, ainsi qu’une étude archéologique sur les zones de rénovation du port ». Décision a donc été prise de séparer ces deux dossiers.
« Nous avons donc des compléments d'études à mener pour les travaux. Dès que ce sera approuvé par les services de l'État – ce qui devrait prendre quelque mois – on termine la phase administrative, on prépare l'appel d’offres et on le lance. On espère finaliser tout cas d'ici fin 2021. »
Et d’ajouter : « On sait que le port ne pourra pas être ouvert toute l'année, pendant les périodes les plus dures de tempête nos transporteurs ne pourront accoster en raison du danger. Il y a un difficile équilibre à trouver entre environnement, finances et capacité du port. Mais globalement il sera plus calme à l'intérieur, le quai pour les navettes sera refait, la mer ne passera plus par-dessus la digue, tout ça en jonglant avec beaucoup de contraintes .»
La longueur de la digue a par exemple été tirée au maximum jusqu'à ce qu’une « tache de posidonies » l’empêche d’aller plus loin.
« Ces travaux coûteront 4 M€. Pour un port qui a 14 places à quai et dont les recettes sont inférieures à 100000€ c’est beaucoup. On le fait pour la continuité territoriale, pour les 50 à 10 prochaines années… » explique Alexis Villemin. Quant à l’hypothèse de l’utilisation du port militaire comme abri les jours de mauvais temps demandée par certains habitants, comme ça a pu être le cas dans le passé, cela semble plus que compliqué. « La tendance va plutôt vers une fermeture des enceintes militaires sur terre et sur mer… », conclut-il.