La patronne de la CRS Sud relevée de ses fonctions
Fin de mission pour Marie-Josephe Mazel, ex-numéro 2 de la police nationale varoise et directrice zonale de la CRS zone sud. C’est désormais officiel, la patronne des CRS vient d’être débarquée
Début janvier, une enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) visant à évaluer les risques psychosociaux au sein de la direction zonale des CRS Sud, avait été menée pendant plusieurs jours. Une demande, émanant du directeur général de la police nationale, qui intervenait à la suite d’un rapport édifiant réalisé par la médecine préventive et évoqué lors d’un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) en fin d’année 2020. Et c’est sans même attendre son issue qu’une décision a été prise. Au regard des premiers éléments et à l’urgence de la situation, la directrice zonale a été dès début février mise sur la touche. Après moins de deux ans à Sainte-Marthe, la policière a été, mardi après-midi, relevée de son commandement à la direction de la zone Sud, par la direction centrale de la CRS. Elle sera remplacée en intérim, le temps de lui trouver un successeur, par le directeur zonal adjoint.
Un soulagement pour les syndicats de police qui dénonçaient depuis plusieurs mois les pressions et les humiliations répétées subies par les effectifs, tout grade confondu, de ce service.
Des précédents à Avignon et Toulon
Une annonce pour les CRS sud, de
Toulouse à Menton, qui a fait écho à Toulon, où elle a été en poste pendant des années mais également et surtout à Avignon où son management avait déjà été au coeur de polémiques entre 2016 et 2019. Dès 2017, le syndicat Synergie Officiers montait au créneau, pointant du doigt un management « désastreux et des risques psychosociaux ».
Arrêts maladies en cascade au sein des unités mais aussi de l’étatmajor allant même jusqu’à la psychologue contractuelle. Lors d’un CHSCT en 2017, Jean-Louis Martini, secrétaire zonal Provence corse du syndicat Synergie-Officiers avait dénoncé une « pression du chiffre de la hiérarchie » et avait lancé des signaux d’alerte pour être reçu en urgence par le préfet.
« Mon management n’a jamais été contesté »
Finalement déplacée à Marseille en 2019, Marie-Josephe Mazel avait pris la tête des CRS de la zone Sud avec une promotion, passant de commissaire-divisionnaire à contrôleuse générale. Rencontrée lors de sa prise de fonction en juillet 2019 et interrogée sur son management contesté par Varmatin, la policière avait alors exprimé son incompréhension. « Mon management n’a jamais été contesté par les autres grades. J’ai une vision de la police très haute et je veux que mes effectifs soient à la hauteur. J’ai été attaquée par un syndicat d’officiers, peut-être parce que mon exigence vis-à-vis des officiers était justement à la hauteur de leur grade. J’ai déplu car on est payé pour travailler et qu’un chef, c’est fait pour “cheffer” et pour rappeler aux effectifs qu’il y a du boulot .» Une contestation, selon elle infondée, qu’elle avait d’ailleurs balayée d’un tour de bras indiquant : « Si j’étais la “mère fouettarde” je ne pense pas que les hautes autorités seraient venues m’honorer lors de mon installation. Alors oui je suis exigeante mais d’abord avec moimême, d’ailleurs les gens disent que je suis exigeante mais toujours juste .»
Des tracts syndicaux à plusieurs reprises
Pour autant, la situation s’est rapidement dégradée au sein de la zone sud atteignant son paroxysme dès juin 2020. Une multitudes de tracts syndicaux dénonçaient des méthodes curieuses mais aussi des comportements « inconscients ». Le 9 décembre dernier, Alliance Police se fendait d’un tract pour dénoncer « le traitement infligé aux personnels de la direction zonale Sud » indiquant également que «les rapports de la médecine de prévention et des psychologues étaient accablants. » Entre « humiliation, malaise général, insécurité, souffrance au travail, communication violente », le syndicat exigeait « une prise en charge rapide du dossier ». Même constat du côté d’Unité SGP Police qui saisissait la direction centrale de la CRS pour « de grandes souffrances psychologiques et des demandes de mutations importantes ».
Fin décembre, en pleine période de Covid, c’est une cérémonie de remise de médaille à la CRS27 suivie d’un repas mélangeant civils, retraités et actifs en pleine période de Covid qui avait fait grincer des dents les syndicats Alliance et Unité SGP Police. Ce dernier indiquait « déplorer la gestion incohérente de la part de la directrice zonale exposant inconsidérément les collègues et anciens à la Covid-19 .»