Nominations aux César trois films dans un mouchoir
Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait d’Emmanuel Mouret, Adieu les cons d’Albert Dupontel et Été 85 de François Ozon sont les trois grands favoris de la 46e édition des César qui aura lieu le 12 mars prochain.
C’est une évidence. La grande fête annuelle du cinéma français n’aura absolument pas le goût des soirées précédentes avec leur lot de surprises, de joies et de larmes. La cérémonie des César 2021, qui se déroulera à l’Olympia le 12 mars (retransmise en direct et en clair sur Canal +), sous la présidence de l’acteur et réalisateur Roschdy Zem avec la comédienne Marina Foïs en maîtresse de cérémonie, Laurent Lafitte et Blanche Gardin à l’écriture des sketchs, souffrira inévitablement des conséquences de la crise sanitaire qui a secoué l’année 2020 (fermeture pendant des mois des salles obscures, annulation du Festival de Cannes). Et aussi de la crise de cette institution phare du cinéma français, marquée par le départ précipité, en février 2020, de son président Alain Terzian, suivi de l’arrivée du tandem Véronique Cayla et Éric Toledano pour reprendre la direction des César. L’Académie qui regroupe les professionnels du septième art a été profondément renouvelée cette année.
C’est donc avec une certaine impatience qu’on scrutait les nominations qui ont été révélées hier matin. Les 4 292 membres ont fait leurs choix parmi cent vingt-cinq films qui ont réussi à sortir. Un peu plus de la moitié d’entre eux, 54,9 %, ont voté.
Emmanuel Mouret favori
C’est le réalisateur Emmanuel Mouret, 50 ans, natif de Marseille, qui, avec son dixième long-métrage, Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait est en tête avec treize nominations.
Cette comédie sentimentale avec notamment la Varoise Camélia Jordana et Niels Schneider (nommée comme meilleure actrice et lui meilleur acteur) devance de très peu Été 85, une romance initiatique gay de François Ozon, un metteur en scène habitué des joutes césariennes, mais jamais récompensé, qui décroche douze nominations. Mais c’est également le même nombre de nominations qu’a obtenu Albert Dupontel avec sa comédie à l’humour noir, Adieu les cons.
Ces trois longs-métrages sont d’ailleurs nommés dans la catégorie reine du « meilleur film ». Mais ils devront compter pour s’imposer avec la concurrence de la formidable comédie Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal qui a remporté un joli succès au box-office, grâce aux performances de Laure Calamy (meilleure actrice), Benjamin Lavernhe (meilleur second rôle masculin) et Vincent Macaigne (meilleur second rôle masculin). Sans oublier, le documentaire Adolescentes de Sébastien Lifshitz, qui a récemment remporté le Prix LouisDelluc, considéré comme le Goncourt du cinéma tricolore. Rien n’est encore totalement joué pour Emmanuel Mouret (nommé aussi meilleur metteur en scène, meilleur scénariste) qui se passionne pour les sentiments amoureux, et dont l’oeuvre oscille entre Éric Rohmer, François Truffaut, voire un certain Woody Allen.
Rappelons que le réalisateur a jusqu’alors été nommé qu’une seule fois aux César, en meilleure adaptation en 2019 pour Mademoiselle de Jonquières. Il avait été battu par Chatouilles d’Andréa Bescond et Éric Métayer. Favori certes, mais on se souvient qu’en 2003, avec son Huit femmes, François Ozon malgré ses douze nominations, était reparti bredouille !
Trop peu de réalisatrices
Il faut noter que malgré la volonté de renouveler la manifestation, les réalisatrices sont pratiquement absentes de celle-ci. Personne ou presque à l’exception de Caroline Vignal (pour Antoinette dans les Cévennes, meilleur film), Maïwenn (ADN, meilleure réalisatrice). Quant à Isabelle Huppert, pourtant formidable dans La Daronne de Jean-Paul Salomé, et très appréciée par ses pairs, elle ne figure pas dans la catégorie meilleure actrice. Enfin, selon nos informations, l’Académie des César songerait à décerner un César d’honneur à Catherine Deneuve pour l’ensemble de sa carrière…
César d’honneur à Catherine Deneuve ?