Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Photos de Daesh publiées sur Twitter : Le Pen se défend

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La présidente du Rassemblem­ent national, Marine Le Pen et l’eurodéputé RN, Gilbert Collard sont jugés, devant le tribunal correction­nel de Nanterre pour diffusion de messages violents ou portants gravement atteinte à la dignité humaine, susceptibl­es d’être vus par un mineur, une infraction passible de trois ans de prison et 75 000 euros d’amende.

5 000 euros requis

Le parquet de Nanterre a requis 5 000 euros contre les deux responsabl­es politiques. Tout l’enjeu du procès repose sur cette « accessibil­ité aux mineurs », a souligné la présidente de la chambre, Isabelle Pulver. En cause : des tweets publiés en décembre 2015, quelques semaines à peine après les attentats revendiqué­s par l’EI à Paris et en Seine-Saint-Denis.

En réponse à JeanJacque­s Bourdin

Dans une France traumatisé­e par les attentats, Marine Le Pen avait relayé trois photos d’exactions du groupe djihadiste en y ajoutant les mots : « Daesh, c’est ça ! », en

Marine Le Pen et Gilbert Collard.

réponse au journalist­e JeanJacque­s Bourdin qu’elle accusait d’avoir « comparé » l’EI et le Front national lors d’une émission le 16 décembre 2015.

« Monsieur Bourdin a fait une comparaiso­n entre le RN (exFront national) et Daesh en disant qu’il y a une “communauté d’esprit” entre le RN et Daesh », a déclaré Marine Le Pen à la barre, dénonçant « une banalisati­on et une minorisati­on inadmissib­le des crimes contre l’humanité (...) qui sont le fait de ce gang d’assassins prénommé Daesh ».

« J’ai donc rappelé directemen­t sur Twitter Monsieur Bourdin à la raison par deux tweets », a-t-elle raconté, expliquant avoir laissé son community manager le choix des photos, mais en « assumer totalement la responsabi­lité ».

Les photos publiées montraient un soldat syrien écrasé vivant sous les chenilles d’un char, un pilote jordanien brûlé vif dans une cage et le corps décapité du journalist­e américain James Foley, la tête posée sur le dos. Trois photograph­ies « non floutées » et « toutes issues de la propagande de l’Etat islamique », a souligné la présidente de la chambre. De son côté, Gilbert Collard, alors député du Gard, avait relayé le même jour sur ses comptes Facebook et Twitter la photo d’un homme gisant au sol, le crâne défoncé, avec ce commentair­e : « Bourdin compare le FN à Daesh : le poids des mots et le choc des bobos ! ». « Estimez-vous que ces photos portent atteinte à la dignité humaine ? » , a demandé la présidente aux deux prévenus.

«Non» , a répondu Gilbert Collard. « Si un abruti nie la Shoah, je suis parfaiteme­nt capable de lui sortir des photos de camps de concentrat­ion », a-t-il ajouté.

« C’est le crime qui porte atteinte à la dignité humaine, ce n’est pas sa reproducti­on photograph­ique », a abondé Marine Le Pen, se défendant à la barre comme dans une arène politique, s’adressant à la présidente mais aussi aux journalist­es.

« Un procès politique »

Avant d’entrer dans la salle d’audience, Marine Le Pen a dénoncé auprès de la presse un « procès politique » contre son mouvement. La candidate à la présidenti­elle de 2022 a aussi assuré qu’elle « republiera­it » ces images, si c’était à refaire.

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(Photo AFP)

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