Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Adrien Blua, un éleveur « vachement » heureux

Installé au Luc, le jeune homme de 24 ans, possède un troupeau de Montbéliar­des, qu’il chouchoute au quotidien et dont il partage les aventures sur les réseaux sociaux

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Savoie est née samedi, et son regard, protégé par de longs cils blancs, est d’une douceur infinie. Elle reste au chaud, dans l’étable, avec Sia, d’un mois plus âgée, pendant que leurs mamans, Natte et Narration, broutent l’herbe fraîche du pâturage. Adrien Blua est aux petits soins pour ses vaches. « Ce sont mes filles, je les aime » dit ce tout jeune éleveur de 24 ans, installé au Luc. Il les considère comme sa famille et publie régulièrem­ent sur sa page Facebook faire-part de

(1) naissance et vidéos humoristiq­ues de son bonheur dans le pré. La vocation d’Adrien Blua est née sur les terres familiales, là où il travaille aujourd’hui (lire en encadré). Un choix fait très tôt, (Varmatin du 17 novembre 2012) ,et plus que jamais assumé. Après le collège et sa formation au lycée agricole de Gap, le seul dans la région spécialisé dans l’élevage, il s’installe officielle­ment en 2017, à 21 ans ! Avec des vaches à viande d’abord, puis les laitières arrivées en 2019.

Un métier fait avec passion

« Il y a eu beaucoup de retard à l’installati­on à cause des démarches administra­tives. Le permis de construire pour le bâtiment, qui comprend l’étable, la salle de traite, le laboratoir­e de transforma­tion, m’a été refusé trois fois. EDF m’a demandé une fortune pour raccorder 200 mètres. C’était le parcours du combattant » raconte-t-il, sans se départir de son sourire.

« C’est un métier où il y a beaucoup de contrainte­s, mais comme tout métier quand il est fait avec passion, on fait avec. Même si on ne les oublie pas, le positif l’emporte », assure-t-il.

Comment peut-il en être autrement dans ce décor champêtre de prairies à perte de vue, de vignes et quelques oliviers alentour ? Il vit au rythme de son troupeau de quinze laitières, dont dix en production, les autres étant laissées au repos pendant deux mois avant le vêlage. « J’adore la Montbéliar­de. Mon grand-père m’a offert la première, Molly, en 2010. Elle a 12 ans.

Je me suis intéressé à cette race, à son caractère, sa morphologi­e, son adaptation au climat. C’est une vache mixte, j’y suis très attaché ». Il en parle rempli d’admiration : « Elles sont belles, curieuses, très vives, un peu têtues mais jamais méchantes ».

Le maïs, l’orge et un complément alimentair­e, sont les seuls aliments qu’il achète. Elles se nourrissen­t sinon du foin produit ici même et pâturent sur les 24 hectares collés à l’exploitati­on, qui en compte près d’une centaine. Et comme il fonctionne en économie circulaire, le fumier est revendu à un domaine viticole voisin.

Côté rendement, la Montbéliar­de a également des atouts. « J’arrive à 22 litres par vache et par jour en moyenne. C’est très correct pour la région, indique Adrien Blua, très à cheval sur les normes. Je demande à la chambre d’agricultur­e un contrôle laitier tous les mois pour tout ce qui touche à la qualité et la quantité. La DDPP me contrôle aussi

(2) parce que j’ai demandé un agrément européen pour vendre aux cantines scolaires ». Celles du Cannet-des-Maures et du lycée LéonBlum de Draguignan, notamment, se servent chez lui.

Garder le plaisir de travailler

Le reste est transformé sur place dans le laboratoir­e immaculé, adossé à la salle de traite. Soit environ 500 bouteilles de lait pasteurisé, 4 500 yaourts nature ou parfumés avec des arômes naturels, 80 pots de crème fraîche, et 350 litres de lait pour des fromagères de Marseille, par semaine. Le tout vendu en direct. La semaine, l’éleveur livre quelques épiceries, fromagerie­s et autres AMAP en plusieurs endroits du départemen­t, et le vendredi et le samedi matin, il est présent à la cave coopérativ­e du Luc, où il aime « échanger avec les clients et défendre le métier ».

Les journées commencent tôt et finissent tard, « mais j’ai énormément de mal à déléguer, même à mes parents » avoue le jeune éleveur, qui n’envisage pas d’embaucher. « Je ne veux pas faire grossir l’exploitati­on afin de garder le plaisir de travailler ». Et si au niveau des vacances « ça reste compliqué », il ne refuse jamais une invitation de ses copains « je sors, je me fais plaisir », même s’il faut être là à six heures pour soulager les pis de Nicorette, Lexie, Narration, Harmonie, Menace, Nouveauté et les autres. On ne fait pas attendre de si jolies « filles ».

1. Ferme du Vallat Sableux.

2. Direction départemen­tale de la protection des population­s.

 ?? (Photos Luc Boutria) ?? À 24 ans, Adrien Blua considère ses vaches laitières comme ses filles.
(Photos Luc Boutria) À 24 ans, Adrien Blua considère ses vaches laitières comme ses filles.

Newspapers in French

Newspapers from France