Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Hervé « J’ai trouvé aussi du beau dans cette année »

Ce vendredi est un grand jour pour Hervé. Son premier album Hyper joue les Prolongati­ons avec une réédition enrichie de cinq nouveaux titres. Et il est nommé comme Révélation masculine aux Victoires de la musique, aux côtés de Noé Preszow et Hatik. Verdic

- NATHALIE RICCI nricci@nicematin.fr

Aujourd’hui, Hervé Le Sourd n’a gardé que son prénom pour faire de la musique. On l’a remarqué avec son premier EP en solo en 2009, Mélancolie F.C., il a électrifié toutes les scènes où il est passé en première partie de Clara Luciani ou Eddy de Pretto, puis il a confirmé avec son premier album Hyper composé de textes en français posés sur de l’électro. Aujourd’hui, il enfonce le clou avec ses Prolongati­ons, une réédition de Hyper augmentée de cinq nouveaux titres qu’on adore déjà. Sur l’un des titres, Monde meilleur, faute de pouvoir réunir une chorale d’enfants, il a demandé via les réseaux sociaux, la participat­ion de son public pour chanter le choeur. Avant cela, il a rêvé d’être joueur de foot pro, a sévi dans le duo Postaal, coécrit trois textes (avec Maxim Nucci et Yohann Malory) pour Johnny Hallyday. Ce soir, il sera peutêtre sacré Révélation masculine de l’année, et a d’ores et déjà prévu (après tirage au sort) d’aller faire des crêpes chez l’une des personnes qui a précommand­é son album.

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Je me dois de créer des moments de vie”

Grosse journée ce vendredi ?

Oh la la… Ne me dites pas ça ! Mais c’est vrai et je suis trop content, moi ! Je vais faire un effort, mettre de belles fringues, je vais chanter Si bien du mal, en live, avec les musiciens. J’aime beaucoup les cérémonies, j’adore les regarder chez moi, donc là, y être… Je kiffe ! C’est quand même fou cette histoire. Vu le nombre de sélectionn­és qu’il y avait au premier tour, je ne m’y attendais pas du tout.

Être nommé comme révélation masculine, c’est déjà une victoire ? Ou l’important c’est de gagner ?

Tout de même être nommé. Surtout avec l’année qu’on vient de passer, les tournées annulées, la sortie de l’album décalé, travailler sans bureau… Tout était plus dur. Mais j’ai décidé, depuis la première semaine de confinemen­t, de proposer quand même de la musique, je voulais absolument que mon album sorte en juin quoi qu’il advienne. Je voulais continuer de créer du lien avec les gens qui me suivent même sans aller sur scène. Je n’ai rien lâché de toute l’année. L’Olympia a été annulé à treize ou quatorze jours près, on l’a fait en streaming. On ne pouvait pas faire de clips, j’en ai fait avec mon téléphone. Ça a été des mois d’adaptation et de débrouille. Et je ne regrette absolument pas l’année que je viens de passer, bien au contraire.

La scène, avec l’énergie que vous y déployez, doit vraiment vous manquer…

(Rires) Ah ben, je transfère. Forcément. J’ai fait un appel aux voix. Ils ont vraiment donné d’eux-mêmes, j’ai reçu plein de choeurs pour Monde meilleur. Récupérer toutes les voix, toutes les écouter, choisir les cinq ou six qui suffiront pour faire le choeur et qui apporteron­t au refrain ce dont je rêvais pendant l’écriture du morceau, ça a été beaucoup de travail. C’est incroyable mais on l’a fait. L’Olympia filmé ça c’est fait en trois jours aussi. Et puis on a joué quand même, on a fait une quinzaine de dates entre septembre et novembre, avant le deuxième confinos. Je transfère comme ça. J’essaie de rester actif. Donc, paradoxale­ment, je n’ai pas arrêté. Arrivé à la période de Noël, j’étais assez épuisé de tout ça, mais j’ai eu envie de réattaquer  en musique. Ça a donné la réédition, les Prolongati­ons. Et les Victoires m’ont donné beaucoup d’énergie pour finir les morceaux.

Finalement cette pandémie qui chamboule tout donne aussi naissance à de jolies choses ?

C’est vrai. Si bien du mal n’aurait peutêtre pas explosé autant. Pour Maelstrom, je n’aurais pas fait un clip avec juste une voiture et un téléphone. C’était fou cette expérience de l’Olympia avec une salle vide et des gens qui le suivent depuis chez eux, leur faire découvrir les coulisses, le parking, les loges, le bar… Et puis là, les choeurs… Ce sont des moments de vie incroyable­s. Je ne vois pas que du négatif dans cette année, j’y vois aussi une forme d’humanité, de solidarité, de civisme assez extraordin­aire. Je trouve les gens courageux. Parce que mettre des masques à tout le monde, des couvre-feux et des interdits, de la distance, et pour certains de la solitude, de la précarité, et se tenir autant, et à un niveau internatio­nal, il y a du beau là-dedans.

Et cette soirée crêpes alors ? Ou cet après-midi, avec le couvrefeu…

Il n’y a pas d’heure pour manger une crêpe ! J’ai eu cent dates de concert annulées, peut-être plus. Je me dois de créer des moments de vie. Les gens ne se sont pas arrêtés de vivre, et même si c’est compliqué, il y a une vitalité. Alors pourquoi je n’irais pas faire des crêpes chez quelqu’un, écouter la réédition, parler de musique… D’habitude, on voit les gens après les concerts. Je n’ai vu presque personne en vrai, moi ! Alors, je fais en sorte qu’on se voit !

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