Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les Bleus frappent fort en Irlande

Tranchant par ses plaquages, le capitaine a guidé le XV de France vers le succès en Irlande, hier, par son opportunis­me en attaque et sa capacité à casser la ligne de défense adverse

- F. M. AVEC AFP

Sans paniquer. Sans se presser. 29e minute de jeu, sous la pression du XV du Trèfle et réduits à quatorze après l’exclusion temporaire de Bernard Le Roux, les Bleus parviennen­t à ouvrir une brèche. Après une belle constructi­on de droite à gauche, Gaël Fickou sert Ollivon qui, esseulé, file vers l’en-but. Une action, un essai et l’équipe de France passe devant au score contre le cours du jeu. Difficile de faire mieux en termes de réalisme. Cela a mis les Bleus dans le bon sens pour aller chercher la première victoire française en terre irlandaise depuis 10 ans dans le Tournoi (13-15). Pour sa 20e sélection, le troisième ligne toulonnais a ainsi signé son huitième essai. Il en avait déjà inscrit quatre lors de l’édition 2020 du Tournoi démontrant son habileté de « franchisse­ur ». Et sa patience aussi.

« Un rôle de joker couloir »

Car le capitaine français sait se faire oublier et être placé au bon endroit au bon moment en respectant le plan de jeu voulu par l’encadremen­t des Bleus. Sans pour autant négliger les tâches défensives. « Charles a un rôle de joker couloir. Il sait utiliser son potentiel de vitesse et peut libérer sa

puissance. Il a trouvé sa place dans l’organisati­on. On est en droit de penser que cette organisati­on permet d’utiliser le potentiel de Charles », avait expliqué le sélectionn­eur Fabien Galthié au sujet de son capitaine lors des tests automnaux. Réaliste aux avant-postes, le colosse basque du RCT (1,99 m, 113 kg) s’est aussi distingué par son activité en défense : 11 plaquages rien qu’en première période, en dépit d’un ballon rendu à l’adversaire pour bémol.

« Pas un miraculé »

Mais l’Irlande lui réussit bien. Le 31 octobre, au Stade de France, il avait déjà exécuté 20 plaquages, terminant deuxième dans ce secteur, derrière Grégory Alldritt (23). « On connaît la rudesse des Irlandais donc forcément, ce sera un gros test », avait prévenu le joueur de 27 ans, qui s’était affirmé en Bleu lors de la Coupe du monde 2019 après avoir convaincu le staff de l’emmener au Japon.

Une issue presque inattendue pour celui que l’on disait perdu pour le rugby un an auparavant. Car une opération, pour une fracture aussi rare que compliquée d’une omoplate, lui avait fait vivre une saison 2017-2018 blanche. Le sélectionn­eur de l’époque, Jacques Brunel, l’avait reconnu luimême : « La présence de Charles

Ollivon est miraculeus­e ». Miraculeus­e, mais Charles Ollivon n’est pas un miraculé. Après l’annonce de son capitanat en Bleu début 2020, son entraîneur en club, Patrice Collazo, expliquait : « Ce n’est pas un miraculé, c’est quelqu’un qui travaille beaucoup et qui a beaucoup de déterminat­ion et de conviction. Ce sont deux qualités nécessaire­s pour le haut niveau. » Précieux sur le terrain, l’ancien joueur de Bayonne l’est aussi dans la vie du groupe. Il sait piquer ses partenaire­s, les motiver ou leur tresser des louanges lorsqu’il s’agit de remettre le maillot de la 60e sélection au centre Gaël Fickou, le plus capé de

cette jeune équipe de France (25 ans et demi de moyenne d’âge). « Charles a été un bon capitaine, il a découvert quelque chose qui n’est pas simple, on l’a bien accompagné, il a beaucoup appris, je l’ai vu évoluer, grandir durant ces sept semaines. Il a été à la hauteur de la mission, comme l’ensemble du groupe France », avait dit Galthié au journal L’Équipe lorsque s’était posée la question de renouveler son capitanat l’an passé. C’est bien parti pour durer. D’autant plus que le grand Charles a également récupéré cette responsabi­lité au RCT avant de retrouver le XV de France. Naturellem­ent.

 ?? (Photos AFP) ?? Charles Ollivon, auteur du premier essai des Bleus hier face à l’Irlande, est devenu le capitaine d’un XV de France qui gagne.
(Photos AFP) Charles Ollivon, auteur du premier essai des Bleus hier face à l’Irlande, est devenu le capitaine d’un XV de France qui gagne.

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