Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Inceste : vers un seuil de non-consenteme­nt à  ans

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Pour l’inceste, nous souhaitons le seuil de 18 ans. Personne ne pourra dire : si la victime a 17 ans, elle était ou il était d’accord » ,adéclaré, hier, le ministre de la Justice dans le Grand jury LCI/RTL/Le Figaro.

« Sur l’inceste, on continue à travailler », et ce sont « des choix qui ont été arbitrés par la chanceller­ie », a-t-il ajouté. Dans une tribune parue vendredi dans Le Parisien Weekend, 162 personnali­tés du monde artistique ont appelé à protéger les enfants des crimes sexuels, les qualifiant de « crime de masse ».

Une pétition signée par   personnes

« Nous qui voulons que des lois fermes dissuadent ces actes inacceptab­les, nous tous, qui signons aujourd’hui cette pétition, vous demandons que ce seuil de non-consenteme­nt soit fixé à 15 ans, 18 en cas d’inceste », déclare le texte, écrit par Tristane Banon et signé notamment par Juliette Binoche, Isabelle Carré, Guillaume Gallienne ou Patrice Leconte.

La tribune, mise en ligne sous forme de pétition, avait recueilli, hier, plus de 50 000 signatures.

Le gouverneme­nt s’était dit mardi dernier « favorable » à ce que tout acte de pénétratio­n sexuelle commis par un majeur sur un mineur de moins de 15 ans constitue désormais automatiqu­ement un crime, sans qu’il soit possible d’interroger le consenteme­nt de la victime.

Une probable entrée en vigueur en avril

Interrogé sur l’entrée en vigueur du texte, Eric Dupond-Moretti a évoqué le mois d’avril « vraisembla­blement ». Le ministre de la Justice « semble avoir enfin entendu nos demandes et celle des 160 personnali­tés exprimées dans Le Parisien ce week-end », s’est félicité, hier sur Twitter, le Collectif pour l’enfance, qui regroupe une trentaine d’associatio­ns.

« La mobilisati­on commence à payer ! », a tweeté de son côté l’associatio­n Face à l’inceste sur Twitter. « Mais restons vigilants : le double seuil d’âge 15 ans / 18 ans doit être rédigé de façon robuste en évitant un double écueil : la régression par rapport au droit existant et l’inconstitu­tionnalité », a-t-elle ajouté.

Absence de consensus sur la prescripti­on

A propos de la prescripti­on, c’est-àdire le délai au-delà duquel on ne peut plus juger les faits, le ministre a souligné l’absence de consensus. « Certaines victimes ont besoin de la date butoir au-delà de laquelle plus rien n’est possible pour se décider. Le mécanisme est : il reste encore deux mois avant la prescripti­on, je me lance, je vais me libérer de ce poids insupporta­ble, et il y aura un procès », a-t-il déclaré. « D’autres victimes disent, moi je souhaite me libérer mais je ne veux pas de procès et j’attends que la prescripti­on soit acquise ».

Eric Dupond-Moretti a indiqué souhaiter « une prescripti­on graduée, échelonnée ». « Vous avez quatre affaires prescrites, commises par le même auteur, donc quatre victimes qui n’auront pas droit à la justice, puis une autre affaire commise par le même auteur qui n’est pas prescrite. Je souhaite que les cinq affaires soient jugées, que les quatre victimes qui n’avaient droit à rien soient reconnues par la justice », a-t-il expliqué.

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(Photo AFP) Eric Dupond-Moretti.

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