Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Des talents s’y sont révélés

Ces dernières saisons, de jeunes coureurs ont fait parler d’eux sur l’épreuve varoise avant d’éclater au plus haut niveau mondial. Parmi eux : Gilbert, Froome, Pinot ou Ciccone

- Chris Froome, en ROMAIN LARONCHE

Quand on regarde le palmarès du Tour du Haut Var, désormais renommé Tour des AlpesMarit­imes et du Var, on retrouve des figures du cyclisme. Depuis le début du 21e siècle, les Jalabert, Rebellin, Chavanel ou Voeckler ont inscrit leur nom au palmarès. Des coureurs confirmés et habitués aux lauriers. « Ce sont toujours des grands noms qui ont gagné ici », se rappelle Serge Pascal, le directeur de l’épreuve ces vingt dernières années et qui passera la main dimanche soir.

D’autres sont arrivés plus anonymemen­t avant de s’y illustrer et devenir un peu plus tard de véritables stars.

 : Gilbert, le début de l’histoire

2005, une année charnière dans la carrière de Philippe Gilbert. Le Belge, passé pro à la FDJ en 2003 a déjà démontré de belles qualités sur route, remportant une étape du Tour Down Under en 2004. Mais en 2005, à 22 ans, il va exploser. Et cela va débuter sur le Haut Var. « J’étais déjà venu en 2003 et 2004 où il y avait eu une tempête de sable, se rappelle avec précision le Wallon. J’avais vraiment aimé et, en 2005, je venais pour gagner. On avait bien préparé la course, repéré les parcours. Mon équipe avait mis un tempo élevé et m’avait bien emmené dans la côte des Tuilières. Moncoutié avait attaqué et j’avais contré ».

Quelques kilomètres plus loin, il s’impose au sprint à Draguignan devant Marzoli et Vasseur. « Marc Madiot n’avait jamais remporté la course comme coureur ou directeur sportif. Il m’avait donné une sacrée accolade 100 mètres après la ligne. Il était vraiment content qu’on remporte cette belle classique ».

A la fin de cette saison, Philippe Gilbert cumulera trois succès en Coupe de France et dominera le classement général. Sa carrière était lancée. Aujourd’hui, le résident monégasque compte quatorze classiques, dont quatre des cinq “monuments”, un titre mondial et 11 victoires d’étapes sur les trois grands Tours. Malgré ce palmarès extraordin­aire, le puncheur a un petit regret. « Je suis revenu et j’ai fini 2e (en 2015, derrière Gastauer). J’aurais

En  : Philippe Gilbert s’impose à Draguignan devant Ruggero Marzoli et Cédric Vasseur. Le Belge commencera à se forger son palmarès XXL.

aimé remporter la course 10 ans après... »

 : e du Froome général

e

en .

L’exemple le plus frappant est celui de Chris Froome. Après deux années modestes chez Barloworld, le Britanniqu­e vit en 2010 sa première saison chez Sky. C’est dans la peau d’un équipier qu’il débarque sur le Haut Var en février. « Il était comme d’autres gamins, inconnu du public, se rappelle le Flayoscais Serge Pascal. Deux ans après, il éclatera sur le Tour (2e derrière Wiggins). C’est là que je me suis rappelé qu’il était passé chez moi ! ».

Avant de remporter quatre Tours de France, deux “Vuelta “et un Giro, Froome avait signé un “top 10” à Montauroux. Neuvième du général, à 26 secondes de Christophe Le Mével, le vainqueur du général et de cette deuxième étape. «Jenesavais même pas qu’il était sur la course », apprend aujourd’hui l’ex grimpeur français. «Ça ne me fait pas grand-chose car il était totalement méconnu. J’aurais préféré battre le vainqueur du Tour (rires) ». Depuis 2010, Froome n’est plus jamais revenu sur la course.

, Pinot montre les dents

Avant même de passer pro, Thibaut Pinot porte une étiquette. Celle de grand talent. Plus jeune vainqueur du classement général du Tour de la vallée d’Aoste avec l’équipe de France en 2009, le grimpeur passera profession­nel dès l’année suivante dans la formation de Marc Madiot. Dès ses premiers mois chez les pros, il confirmera, terminant notamment meilleur grimpeur du Tour de Romandie. Début 2011, celui qui passe une partie de l’hiver dans le Var vient poser ses roues sur les épreuves régionales. D’abord sur le Tour Méditerran­éen (17e), puis sur le Haut

Thibaut Pinot, .

e

Var (18e). Le début d’une belle histoire (6 participat­ions), jusqu’à son succès en haut du Faron et au général en 2019. « Je suis content, c’était mon but depuis le début du mois, de gagner cette étape et le général, réagissait alors Pinot. C’est une course que j’apprécie, qu’il faut préserver car c’est l’une des plus belles de France, avec des parcours magnifique­s. Elle me tenait à coeur, car je suis un peu Varois aussi (il a un logement à La Môle) ».

 : les débuts de Quintana Nairo Quintana, lors de son arrivée en  chez Movistar.

Hiver 2012, Nairo Quintana débarque en Europe dans les rangs de la Movistar. Le grimpeur colombien arrive avec un beau CV et notamment une victoire dans le Tour de l’Avenir 2010. Mais le plus dur est alors de confirmer chez les grands à cette époque pour les Sud-Américains. Après le challenge de Majorque et le Tour Méd, où le grimpeur n’a guère pu s’illustrer, voilà le natif de Tunja qui arrive sur le Haut Var.

Alors âgé de 22 ans, il va signer la première performanc­e notable de sa carrière en Europe, puisqu’il est le seul à pouvoir accompagne­r la comète Jonathan TiernanLoc­ke (vite rattrapé par la patrouille pour dopage) dans le Mur de Montauroux. Le Colombien finira 11e du général, à 27 secondes de Tiernan-Locke. Après huit ans d’absence, Quintana et ses deux grands Tours remportés revient l’hiver dernier pour offrir la victoire à sa nouvelle formation d’ArkéaSamsi­c.

, Ciccone et Carthy explosent

Après une première étape rocamboles­que, marquée par les chutes dans la descente du Tanneron en direction de Mandelieu et la victoire de Sep Vanmarcke, on attend les grimpeurs à la fête pour cette deuxième étape qui mène à Mons, cité perchée à plus de 800m dans le haut Var. A la sortie d’un virage, Thibaut Pinot, Romain Bardet ou Lilian Calmejane sprintent pour la deuxième place. Devant eux, Giulio Ciccone leur a pris quelques longueurs d’avance. A 24 ans, l’Italien, qui vit sa première saison dans le World Tour chez Trek, remporte l’étape et s’empare du Maillot Jaune. Le lendemain, il finira par craquer dans les derniers kilomètres du Faron. Mais l’histoire était en marche. En mai, il remportera une étape du Giro

Le podium  : Pinot s’impose devant Bardet et Carthy.

et le classement général du meilleur grimpeur. En juillet, il portera deux jours le Maillot Jaune sur le Tour. Le Britanniqu­e Hugh Carthy, lui aussi âgé de 24 ans en février 2019, a choisi cette même ascension du Faron pour signer sa première grande performanc­e chez les pros. Le coureur d’EF est le dernier à pouvoir accompagne­r Pinot et Bardet. Au sommet du toit toulonnais, il prend la 3e place à 5 secondes de Pinot, ce qui lui permet de grimper sur le podium final. Quelques mois plus tard, il remportera une étape du Tour de Suisse, mais c’est en automne dernier qu’il explosera véritablem­ent. Carthy finit 3e de la Vuelta derrière Roglic et Carapaz en ayant pensé à la victoire finale jusqu’au bout, terminant à 1’15’’ du Slovène.

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(Photo Roland Gal)
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(Photo Dylan Meiffret) Giulio Ciccone, vainqueur d’étape à Mons en , devant Pinot et Bardet.
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(Photo Eric Estrade)
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(Photo Cyril Dodergny)
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(Photo AFP)
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(Photo Dylan Meiffret)

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