Sur les chapeaux de roues
Phil Bauhaus s’est offert la dernière étape d’une course relevée. Iván Sosa remporte le général avec grande classe, Julian Alaphilippe et Egan Bernal ont montré qu’ils sont en forme
Les amateurs de cyclisme sur route ont de quoi se réjouir : la saison est bel et bien lancée, malgré la menace Covid-19, avec un peloton déjà en grande forme. Durant quatre jours, les gros bras du Tour de La Provence ont envoyé du bois. Signe d’une préparation hivernale fructueuse, les trains d’Ineos, Deceuninck-Quick Step et Astana-Premier Tech ont impressionné sur le Ventoux, tandis que les Groupama-FDJ, avec l’aide des Arkea-Samsic, ont contrôlé toutes les échappées par ailleurs. De bon augure pour les classiques italiennes, ardennaises et surtout flandriennes du printemps. Voici les principaux enseignements d’une course qui a tenu ses promesses.
Alaphilippe, un examen réussi
Il n’avait plus débuté en France depuis 2016. C’était déjà au Tour de La Provence, qu’il avait abandonné au troisième jour, malade. Cette fois, Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) était dans le coup. À l’attaque de loin sur les pentes du Brûlat, au Castellet, dès le premier jour, le champion du monde a épaté dans l’ascension du Ventoux, samedi, où il a tenu tête à Egan Bernal (IneosGrenadiers). Quatre mois après une double fracture de la main, conséquence d’une collision avec une moto sur le dernier Tour des Flandres, « Loulou » (son surnom) s’est rassuré : la condition physique est au rendez-vous.
Sosa taille patron
Un an après le solo victorieux de Quintana, un autre Colombien, Iván Sosa (23 ans), a réalisé une véritable démonstration sur les pentes du Géant du Provence, jusqu’à la station du Chalet-Reynard. Profitant d’un redoutable train Ineos dès les premiers hectomètres de montée, le grimpeur de Pasca (dans les Andes) a su maintenir un rythme élevé durant 5 km d’ascension et conclure en solitaire, alors que son coéquipier Egan Bernal, très en forme, contrôlait derrière lui les velléités offensives d’Alaphilippe. Sortant d’une saison 2020 difficile, ce fils d’agriculteur, qui a émigré en Italie à 19 ans pour se montrer, se positionne comme un sérieux outsider aux courses à étapes, notamment le Giro.
La révélation Ballerini
Lauréat à deux reprises cette semaine (et deuxième hier à Salon), l’Italien Davide Ballerini a pour la saison 2021 un objectif tout tracé : « Gagner le plus possible », sourit le sprinteur, solide porteur du maillot par points. Le finisheur du « Wolfpack » (le surnom de l’équipe DeceuninckQuick Step) a porté la pancarte tout le long de l’épreuve. Dès la première arrivée sur le plat à Six-Fours, le Lombard confirmait sa montée en puissance en « sautant » sur la ligne Arnaud Démare (Groupama-FDJ). La « Ferrari » enchaînait un nouveau tour de force dès le lendemain dans une arrivée en côte à Manosque en résistant au meilleur grimpeur du Giro 2020, Giulio Ciccone (Trek-Segafredo). Avec ses qualités de placement, sa pointe de vitesse et son opportunisme, le sprinteur tout terrain s’est hissé parmi les hommes à battre du peloton mondial.
Des jeunes affûtés
Huitième au Chalet-Reynard (à 48’’ du vainqueur Iván Sosa) devant les Konrad, Vlasov et autres Barguil, Mauri Vansevenant (21 ans), le grimpeur belge de Deceuninck-Quick Step, a excellé dans le Ventoux comme rampe de lancement d’Alaphilippe. De même qu’Aurélien Paret-Peintre (24 ans), 14e place sur le Géant de Provence (à 1’18’’ de Sosa). Deuxième coureur tricolore au général (après Alaphilippe), l’espoir d’AG2R-Citroën, récent vainqueur du Grand Prix de la Marseillaise, est prêt.
Dans la même catégorie, citons enfin la pugnacité de l’Américain de Movistar Matteo Jorgenson (21 ans), à l’attaque sur le circuit à bosses de Manosque et 12e le lendemain au Ventoux (à 1’18’’).