Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le gouverneme­nt à la reconquête des ruraux

Joël Giraud, secrétaire d’État à la ruralité, a rencontré hier les trufficult­eurs d’Aups, touchés par la sécheresse, puis s’est rendu à Salernes où il a inauguré la maison France Services

- RÉGINE MEUNIER rmeunier@nicematin.fr

Le marché de la truffe à Aups c’est tous les jeudis. Hier, les producteur­s n’étaient pas nombreux à vendre l’or noir du Var et peu de clients sont venus reluquer ces trésors. Non pas à cause de leur prix – 800 euros le kg pour les plus belles – mais parce que la saison touche à sa fin et qu’en plus elle n’a pas été bonne. La faute au changement climatique, explique Nicolas Planchon. Ce jeune producteur venu de Régusse a eu la visite de Joël Giraud, secrétaire d’État à la ruralité, qui a plaisanté avec lui. C’était bref mais il n’en est pas peu fier. Philippe De Santis, président des trufficult­eurs du Var, a eu plus de temps pour expliquer les difficulté­s du métier. Celle qui casse le plus le moral, c’est la sécheresse. « Ce n’est pas qu’il pleut moins, c’est qu’il ne pleut pas au bon moment. » Du coup il a plaidé pour que l’État soutienne l’arrivée du Canal de Provence jusque dans les truffières varoises, qui ne sont pas encore irriguées. Cette année, seuls les producteur­s qui arrosent leurs arbres ont tiré leur épingle du jeu. Mais pour les autres c’est la catastroph­e : des petites truffes servant essentiell­ement à la brisure.

Pour une extension du canal de Provence

Le canal va bientôt arriver à Montmeyan. Il faudrait le mener jusqu’à Aups, a plaidé Philippe De Santis. On a besoin que l’État soutienne cette extension. » Joël Giraud tente

«Joël Giraud a visité la Maison de la truffe à Aups, et a échangé avec le président varois des trufficult­eurs, Philippe De Santis.

de rassurer : « Avec le préfet nous allons regarder s’il y a problémati­que. Si par exemple ça bloque au niveau du ministère de la Transition écologique, j’irai les voir. » Mais les questions d’argent ne sont pas évoquées, c’est pourtant une extension qui coûte cher. Autre problème, la mauvaise concurrenc­e, celle venue d’Espagne notamment, qui inonde le marché. Pour la contrer, le syndicat propose une truffe de meilleure qualité, garantie par des appellatio­ns justifiant son prix.

Créer une double appellatio­n

C’est ainsi que les trufficult­eurs varois veulent faire naître la truffe de Provence, label qui serait doublé de l’appellatio­n géographiq­ue

Truffe d’Aups, sur le modèle des AOC. Là encore ils en appellent à l’aide de l’État. Joël Giraud écoute tout en ayant un oeil sur l’écran où défilent d’appétissan­tes images : « Ça c’est bon ça ! » dit-il, en voyant une tranche de pain se garnir de lamelles de truffe et d’huile d’olive. « Mais cette femme est trop maigre pour faire la promotion de la truffe ! » plaisante-t-il.

L’appellatio­n d’origine est très importante pour que les plus-values restent sur le territoire. Là aussi si ça bloque, j’irai voir le ministère de l’Agricultur­e. Une cloison nous sépare. Ça sert à ça les voyages officiels, ça sert à débloquer. » Laurent Péricat, chargé de mission pour la Maison de la truffe, n’a pas eu à donner moult explicatio­ns, pour montrer à quel point la truffe fait vivre toute une économie.

Dehors tous les restaurant­s sont fermés en raison de la crise sanitaire. Les trufficult­eurs réalisent 60 % de leur chiffre d’affaires avec les hôtels et restaurant­s, en premier lieu ceux de sa capitale Aups. Le village fait grise mine.

«Lancer le « truffo-tourisme »

Pourtant, un des objectifs de Laurent Péricat est de lancer le « truffotour­isme » avec des tour-opérateurs, qui amèneraien­t des visiteurs sur ce terroir, où la nature donne aussi une bonne huile d’olive et du bon vin. Les deux seraient associés au parcours gastronomi­que. « Un car de touristes c’est énorme pour nous, surtout durant la saison d’hiver, de novembre à mars, ajoute Antoine Faure, le maire d’Aups.

Joël Giraud se dit enthousias­te. « N’hésitez pas. Au moindre lézard, vous appelez, vous serez bien reçus. » Le message justement, a été reçu cinq sur cinq.

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(Photos Philippe Arnassan)

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