Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Jaloux, il enfermait sa compagne, « elle a vécu des mois d’enfer »

- SO. B.

Dans la litanie des violences conjugales qui sont jugées par le tribunal correction­nel de Toulon, Amin B. se présente tel un bloc de certitudes. L’homme à la carrure imposante, 34 ans, comparaît pour des violences ayant entraîné 6 jours d’ITT sur sa compagne, ainsi que des menaces de mort.

« C’est elle qui est venue me voir à Marseille, volontaire­ment ! », se justifie le prévenu qui avait l’interdicti­on d’approcher sa compagne, dans le cadre de son contrôle judiciaire. C’est même un fil rouge de l’audience. Sa compagne « vient [le] voir », car elle veut avoir des relations sexuelles avec lui. De ça, il est certain.

Par amour pour elle, il a arrêté de boire. Et s’il y a problème, « c’est à cause des enfants qui ne l’aiment pas ». Il nuance les propos de la présidente qui l’interroge. « Ce ne sont pas des menaces de mort. J’ai dit que j’allais la frapper, si elle avait une relation avec mon frère. » Le tribunal s’impatiente.

« Il manque des éléments probants »

Aux intérêts de la victime, Me Yves Haddad prend la parole. « Je suis scandalisé par l’attitude de ce super homme. Il se considère comme un incompris. Il arrête l’alcool pour elle et il boit dix bières. Il lit un passage du Coran et il estime être marié. Il considère qu’une femme est sa propriété. Alors il la terrorise. » La compagne est « enfermée dans sa chambre » . Et si la dame n’est pas au procès, c’est parce qu’elle est « complèteme­nt terrorisée ».

La procureure estime que cette femme a vécu «des mois d’enfer, de violences psychologi­ques et physiques » et ne voit « aucun signe d’affabulati­on » dans ce dossier. La défense tente de faire une place au doute. « On n’a que la version de la prétendue victime, qui devrait avoir plus de poids que celle de mon client, interroge Me Ophélie Mazoyer.

Il reconnaît une dispute, mais les violences, à quand remontent-elles ? Et les menaces ? Il manque des éléments probants. »

Le doute ne l’a pas emporté pour le tribunal qui a condamné Amin B., à un an de prison ferme, avec maintien en détention, et six mois avec sursis probatoire. L’homme de nationalit­é algérienne devra suivre des soins, ne pas entrer en contact avec la victime. Et indemniser les préjudices causés.

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