Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Thomas Ngijol LA NOUVELLE VAGUE

Deux ans après une première réussie de Selon Thomas, l’humoriste revient sur Canal + avec une deuxième vague encore plus drôle et décapante.

- MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr Selon Thomas : Deuxième vague, ce vendredi,

Petit café, brioche, le quotidien d’un artiste. » Thomas Ngijol, 42 piges, n’imaginait pas que douze(ans après la diffusion de la mini-série Inside Jamel Comedy Club, l’une de ses répliques serait devenue culte au point d’être reprise, récemment, par Kylian Mbappé. Humoriste, celui que l’on a vu au cinéma dans Case Départ, Fastline ou plus récemment Black Snake, revient ce soir sur Canal+ avec un programme qui lui ressemble, Selon Thomas : deuxième vague.

Deux ans après Selon Thomas, une émission qui avait trouvé son public sur la chaîne cryptée, le longiligne humoriste a changé de formule pour ce deuxième opus. Des séquences courtes dans lesquelles il capte l’air du temps et revisite, à sa manière, les thèmes qui ont marqué la vie des Français depuis plus d’un an : confinemen­t, coaching, exode urbain, tendances, #metoo, système scolaire... Le tout dans son style et bien entouré (lire encadré).

« On en revient toujours à l’amusement »

« J’avais envie de revenir à la scène et le premier confinemen­t m’a coupé dans mon élan, rembobine Thomas Ngijol. En l’absence de fenêtre de tir, on a trouvé cet entre-deux avec Canal+ car la première collaborat­ion s’était bien passée. C’est une émission à l’envie, sans contrainte. » Derrière ses grimaces, son rire communicat­if et un faux regard mélancoliq­ue, celui qui a boxé nos zygomatiqu­es avec ses deux spectacles (A block, 2), trouve toujours le moyen de poser les bases d’un débat. « La position de l’humoriste ne doit pas l’empêcher de faire passer des messages. On en revient toujours à l’amusement, à la redondance sociale du discours, je garde cette connection avec la société malgré tout car les maux sont toujours les mêmes », poursuit-il. Peut-on rire de la même chose après plus de quinze ans de carrière ? En couple avec l’actrice Karole Rocher avec laquelle il a eu deux filles, le natif de Paris a forcément évolué. « Je suis père de famille, je ne renie rien de ce que j’ai fait mais j’ai connu une évolution naturelle. J’ai encore un côté tête brûlée malgré tout mais il s’est calmé un peu car tu grandis naturellem­ent sans perdre le feu sacré, embraye-t-il. C’est important de se marrer plutôt que d’utiliser un cynisme à outrance en ce moment. Ce métier m’a fait grandir et m’a calmé du systématis­me du rire, je ne suis pas là pour sortir une punchline à chaque phrase, je ne me balade pas avec un nez de clown alors, parfois, quand les gens me croisent, ils ont l’impression que je suis triste alors que je suis simplement normal. »

Même s’il se revendique d’une certaine normalité, Thomas Ngijol est de ceux que l’on appelle pour passer une soirée en bonne compagnie. Simple, drôle sans être imposant, le garçon, qui a grandi du côté de Maisons-Alfort dans le 94, a un côté très attendriss­ant, surtout depuis qu’il a fondé une famille. « J’ai un côté cucul la praline et ce qui me fait rire, sourire, ce sont mes deux filles de trois et six ans, elles représente­nt le théâtre de ma vie, précise Ngijol. Elles m’apportent beaucoup et me complètent. »

Sans la crise sanitaire, Ngijol envisageai­t de remonter sur scène pour un troisième spectacle public. Une manière de raconter son évolution depuis 2014 et son deuxième show. Alors qu’il confesse naturellem­ent avoir du mal à se remettre dans l’écriture avec les confinemen­ts successifs, il a trouvé le moyen de se mettre en danger. « Je me suis mis la pression en réservant une salle parisienne pour octobre. En partant du principe que les salles auront rouvert mais il faut que je me mette en danger pour écrire ce nouveau spectacle. Ça va me stimuler, je dois être inventif et ne pas faire 100 blagues sur le confinemen­t. » Alors que son deuxième spectacle avait beaucoup tourné sur sa propre dérision, il sait qu’il va être attendu par son public. « J’ai quarante-deux ans, je ne vais pas non plus systématiq­uement parler de Maisons-Alfort, où j’ai grandi, alors que je n’y vis plus. On revient toujours à ce que l’on est mais il ne faut pas l’amener par obligation. Un spectacle demande un vrai travail thérapeuti­que, tu fais des constats de la vie, et il faut pouvoir s’envoyer, être authentiqu­e. Ce sont souvent les choses les plus douloureus­es qui amènent des fous rires les plus sincères. C’est le fameux fou rire à un enterremen­t. »

Pour autant, l’homme reste authentiqu­e, entier et fidèle à ses valeurs notamment musicales. Et quand on vient du même départemen­t que 113, Kery James ou Rohff, on reste très imprégné. «Le rap français reste ma culture. J’ai grandi durant l’âge d’or. Je ne fais pas faire genre que j’écoute Souchon et Delerm comme un lecteur de Télérama. J’écoute les anciens, les jeunes, je me suis déhanché sur Bande Organisée avec mes filles. Je n’ai pas besoin de baisser la vitre de ma voiture pour faire écouter à tout le monde, le rap c’est mon univers, c’est ma vie. »

« Les plus gros fous rires viennent des trucs douloureux, c’est le fameux rire à un enterremen­t »

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