Bonjour la planète rouge !
Perseverance a réussi. Le Rover s’est posé sans encombre hier soir vers 22 heures sur la planète Mars. Sa mission peut enfin commencer. Et elle va durer plusieurs années.
Nous n’étions pas le 21 juillet 1969 hier et il y avait peutêtre moins de monde derrière les écrans plats que derrière les lucarnes de l’époque. Et pourtant, Perseverance s’est posé sur la planète Mars. Un petit pas pour l’homme... Peut-être ? Un grand pas pour l’humanité... Assurément. Après sept mois de voyage et une pandémie mondiale, l’agence spatiale américaine a annoncé cette réussite, une aventure qui marque le début d’une mission de plusieurs années.
« Atterrissage confirmé ! » sur le cratère de Jezero, dont les scientifiques pensent qu’il contenait il y a 3,5 milliards d’années un lac, était le site d’atterrissage le plus périlleux jamais tenté par la Nasa. Perseverance sera chargé d’y collecter des preuves de vie ancienne sur Mars.
Avons-nous toujours été seuls dans l’univers ?
Des décennies de travail et des milliards de dollars pour répondre à une seule et unique question : la vie a-t-elle un jour existé ailleurs que sur Terre ?
Pour la première fois, la mission de l’agence spatiale américaine a comme but explicite de trouver des traces de vie ancienne sur la planète rouge, en collectant pendant plusieurs années jusqu’à une trentaine d’échantillons de roche. Les tubes scellés devront ensuite être rapportés sur Terre par une future mission, dans les années 2030, afin d’être analysés, et de peut-être enfin pouvoir répondre à « l’une des questions qui nous habitent depuis des siècles, à savoir, sommesnous seuls dans l’univers ? », a souligné Thomas Zurbuchen, administrateur associé pour la science à la Nasa.
Perseverance est le véhicule le plus gros et le plus complexe jamais envoyé sur Mars. Construit au mythique Jet Propulsion Laboratory en Californie, il pèse une tonne, est équipé d’un bras robotique de plus de deux mètres et de dix-neuf caméras.
Les premiers prélèvements devraient commencer cet été. Plusieurs trajets sont envisageables afin de creuser dans différents milieux, notamment le rivage de l’ancien lac et le delta formé par une rivière qui s’y jetait.
A la recherche de biosignatures
Les scientifiques cherchent ce qu’ils appellent des biosignatures : des traces de vie microbienne qui « peuvent prendre toutes sortes de formes », par exemple « chimiques » ou de « modifications de l’environnement », a expliqué Mary Voytek, directrice du programme d’astrobiologie pour la Nasa.
« Ou bien nous trouvons de la vie, et ce serait une découverte exceptionnelle, ou bien ce n’est pas le cas, (..) et cela suggérera que tous les environnements habitables ne sont pas habités », a prévenu Ken Farley, scientifique du projet. Et qu’il faudra chercher ailleurs.
Les premiers mois de la mission ne seront toutefois pas consacrés à ce premier objectif. Des expérimentations parallèles sont prévues. La Nasa veut notamment prouver qu’il est possible de faire voler un engin motorisé sur une autre planète. L’hélicoptère, baptisé Ingenuity, devra arriver à s’élever dans un air d’une densité équivalente à 1 % de celle de l’atmosphère terrestre. Deux micros pourraient également, pour la première fois, enregistrer du son martien (lire ci-contre).
De l’oxygène produite sur place
La Nasa fera aussi l’expérience de production d’oxygène directement sur place. Un instrument baptisé MOXIE, de la taille d’une batterie de voiture, devrait pouvoir produire jusqu’à 10g d’oxygène en une heure, en aspirant le dioxyde de carbone de l’atmosphère martienne, un peu comme une plante. Cet oxygène pourrait servir à de futurs colons humains pour respirer, mais aussi de carburant.