Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Michael Woods souverain dans le haut Var

Personne n’a pu suivre le Canadien lorsqu’il a placé une attaque à 200 mètres de la ligne dans le mur de Fayence. Pourra-t-il conserver son maillot aujourd’hui dans les cols azuréens ?

- ROMAIN LARONCHE

Souvent placé, rarement gagnant. Voilà un résumé sommaire et sûrement un peu sévère de la carrière de Michael Woods. Mais le Canadien, âgé de 34 ans, collection­ne une ribambelle de places d’honneur sur les plus grandes courses du monde (2e de Liège en 2018, 3e de la Flèche en 2020 et des mondiaux 2018, 7e de la Vuelta 2017...). Hier, celui qui partait avec le rôle de co-leader chez Israël avec Dan Martin n’a laissé aucune chance dans les plus forts pourcentag­es (jusqu’à 20 %) du mur de Fayence.

« Je me sentais bien dans la première montée, j’avais repéré où je voulais attaquer, réagissait en français le natif d’Ottawa. J’étais en bonne position, j’ai tenté ma chance. Quand je roule assez fort dans une montée comme ça, à 200 mètres de l’arrivée, je sais que c’est assez dur de me suivre. Dans ces situations, à l’entraîneme­nt ou en course, j’ai toujours gagné. »

« Garder le maillot »

Derrière pourtant, il y avait du sacré beau monde. Mais ni Mollema, ni Gaudu ou Quintana n’ont été capables de suivre l’accélérati­on de cet ancien athlète du demifond, passé profession­nel sur le tard, à 27 ans.

« Woods était une jambe audessus de tout le monde. Il nous a sortis de la roue, il n’y a rien à dire », lâchait Gaudu, beau joueur, assis sur le coffre de sa voiture. Même constat pour Bauke Mollema, qui a perdu son maillot de leader pour une seconde. « J’étais dans sa roue, je savais que c’était une montée parfaite pour lui. J’ai essayé de le suivre, j’étais en bonne position, mais il était juste trop fort. »

Sur un effort très court de pur puncheur, Woods a démontré qu’il était au-dessus. Qu’en sera-t-il aujourd’hui sur la dernière étape tracée dans l’arrière-pays niçois, avec près de 4 000 mètres de dénivelé et trois cols autour de 1 000 mètres (Saint-Roch, Braus, Madone) ?

« J’ai le maillot, l’objectif aujourd’hui, c’est de le garder jusqu’au bout », ne se cachait plus Woods, chaleureus­ement félicité par ses équipiers.

« Il va falloir le décramponn­er », estimait Rudy Molard, beau 4e du général. Il est en bonne condition, il a prouvé sur la Vuelta qu’il pouvait passer les longs cols. C’est une carte à surveiller, mais pas la seule. Même si Ineos n’est pas dans sa meilleure condition (lire en page suivante) on va quand même surveiller sa tactique. Il peut y avoir du spectacle. »

Avec quatre coureurs encore placés au général (Gaudu 3e, Molard e4e, Madouas 8e et Pinot 12 ), la Groupama-FDJ semble l’équipe la mieux armée pour déstabilis­er le nouveau leader.

« On sera sur un terrain propice aux attaques, qui nous avantagera plus, pense Gaudu. C’est une belle étape de montagne. Est-ce qu’on va tenter de loin ? C’est possible, mais on va d’abord se reposer », reprenait le Breton dans un grand sourire.

Pinot « plus en retrait »

Les hommes de Thierry Bricaud ont l’avantage du nombre, mais c’est bien l’actuel 3e du général qui semble avoir les faveurs de son équipe. «Moi,jemevoisda­vantage comme un équipier demain (aujourd’hui), estimait Pinot. Je suis plus en retrait et c’est une vraie étape de montagne. La première de la saison et elle peut faire des dégâts. »

Ce matin, les dix-neuf premiers du général se tiennent en 13 secondes. Tous les favoris ou presque sont encore là en embuscade et peuvent espérer s’imposer. Le col de la Madone, la descente sinueuse vers Peille et le finish tortueux dessiné dans la vallée du Paillon vont forcément faire du ménage et sacrer l’homme fort de cette 53e édition.

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Woods a prouvé sur la Vuelta qu’il pouvait passer les longs cols, il va falloir le décramponn­er ”

Rudy Molard

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(Photo Clément Tiberghien) Michael Woods était mûr pour Fayence.

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