Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le tireur de Sanary condamné

Un tireur schizophrè­ne et une victime au comporteme­nt « pas ordinaire » ont confronté leurs versions devant le tribunal correction­nel de Toulon

- E. M.

É «videmment je suis un peu fou… »Un homme atteint de troubles psychiatri­ques a été condamné, ce mercredi à Toulon, à trois ans de prison pour avoir blessé par arme à feu le passager d’une voiture à Sanary.

Le tribunal correction­nel a tenu compte de « l’importante altération du discerneme­nt » de l’auteur des faits, commis dans la nuit du 4 au 5 janvier. Un tiers de la peine a été assorti d’un sursis probatoire comprenant une obligation de soins.

Cette nuit-là, malgré le couvre-feu sanitaire, la victime et un ami se trouvaient à bord d’une voiture stationnée sur un parking à proximité du club de tennis La Valériane.

Le Colt et la matraque

Le prévenu, qui habite dans le secteur, a indiqué avoir pensé qu’il pouvait s’agir de rôdeurs. Il s’est armé d’un pistolet, d’une matraque et s’est rendu sur place.

« J’ai fait semblant de demander une cigarette, a-t-il expliqué avec d’énormes problèmes d’élocution. Le conducteur, c’était un gentil. Le passager, qui était avec une bouteille de vodka, était un peu agressif, il est sorti de la voiture… »

Les versions sur le déroulemen­t des faits divergent entre les protagonis­tes.

La victime a soutenu s’être défendue après avoir reçu une balle dans le mollet (trois jours d’ITT). « Je lui ai sauté dessus, il s’est débattu, il a sorti une matraque, je l’ai prise et je lui ai tapé sur la tête… » À l’inverse, le tireur âgé de 36 ans a assuré avoir ouvert le feu à la suite des coups qui lui ont été portés « avec un rocher ».

Des zones d’ombre

Une parole décrédibil­isée par les troubles du prévenu, en proie à des hallucinat­ions. « Est-ce qu’il s’est imaginé tout ça? » Proposant quatre ans de prison, le procureur a souligné sa dangerosit­é. Le trentenair­e fait déjà l’objet d’une interdicti­on de détenir une arme dans le cadre d’une précédente condamnati­on. Des stups ont également été trouvés chez lui (une procédure distincte a été ouverte). La défense a de son côté insisté sur les « curiosités »dela procédure : « 48 heures de garde à vue, sans avocat et sans traitement. » Et sur les « zones d’ombre » dans le comporteme­nt des deux amis.

« On a préféré appeler un copain plutôt que les pompiers, on a forcé la barrière du parking d’un supermarch­é Casino pour aller planquer la matraque, on s’est retrouvé sur le parking d’Intermarch­é pour examiner la blessure , a fait observer Me Bertrand Pin. Ça n’est pas la réaction de gens ordinaires .»

La police a été prévenue par l’hôpital où le blessé avait finalement été conduit.

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(Photo DR/Google) Les faits se sont produits sur un parking à proximité du club de tennis La Valériane.

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