La connaissance en partage
Le collège Le Moulin blanc de Saint-Tropez a mené, en , un projet multidisciplinaire autour de la laïcité.
Pour comprendre, rien de tel que de manipuler, pratiquer, s’approprier les concepts. C’est ainsi que l’an passé, Sandrine Daugeron, la principale du collège Le Moulin blanc à Saint-Tropez a entraîné ses élèves et leurs enseignants sur les chemins de la laïcité au travers d’un projet destiné à faire vivre la laïcité, le 9 décembre, date de la journée nationale qui lui est consacrée.
« J’étais très contente d’avoir convaincu cinq professeurs sur douze, note la cheffe d’établissement : c’est sûr qu’en maths, en physique ou en techno, ce travail était moins évident à réaliser. »
Mobilisation générale
Le travail en question a permis au collège de remporter le Grand Prix académique 2020 de la laïcité. Douze mois après cette journée hors du commun, cette récompense est toutefois loin d’être tout ce qu’il en reste.
« Chacun dans son domaine a
réussi à mobiliser, s’enthousiasme Sandrine Daugeron. Ça a montré aux professeurs qu’ils peuvent faire passer des messages aux élèves. » Les élèves, eux, ont pu appréhender le concept de laïcité avec leurs propres mots, l’ont rendu concret. Ils ont compris que la laïcité, c’est un – le ! – moyen de vivre ensemble. Et en sont devenus des passeurs.
« Au collège, c’est le dernier moment où on peut faire passer des messages à tous : après, certains quittent le système scolaire », souligne la responsable.
Sous le feu des projecteurs
Ainsi, à l’automne 2019, plusieurs professeurs suivent Sandrine Daugeron et lancent leurs élèves – principalement de 6e et de 4e – sur les traces de la laïcité : pendant quelques semaines, ils vont décortiquer la charte de la laïcité pour la mettre en image, en scène, en musique. Bref, sous le feu des projecteurs.
Au cours de ces heures passées à répéter les saynètes, Kristal a remarqué qu’elle et ses camarades étaient « tous réunis autour de cette thématique ». Aurelia approuve : « Le fait de travailler tous ensemble, ça nous rend meilleurs .» Alors, ce qu’ils ont appris, les élèves du collège Le Moulin blanc veulent le partager. « Il faut le faire découvrir à d’autres ! », assure Arya. Raphaël appuie son camarade : « C’est une connaissance qu’il faut partager. » C’est ce que compte
Le lundi 9 décembre 2019, les quelque deux cents élèves de l’établissement découvrent enfin le travail réalisé par leurs camarades et leurs professeurs.
Commando théâtral
Tout au long de cette journée nationale de la laïcité, les élèves de 4e, notamment de Christelle Morel, professeur de français et responsable du club théâtre, font irruption dans les classes afin de présenter les saynètes qu’ils ont préparées autour de l’égalité fille-garçon, de la différence, de la religion et de la liberté d’expression. Une soixantaine d’enfants des deux classes de 6e donnent le concert qu’ils ont répété avec Edwige Lory, leur professeur d’éducation musicale : Au Pays de Voltaire ,une chanson en chorale du groupe Les Enfantillages. Une grande exposition rassemble aussi les affiches réalisées par les élèves de Laurie Lessault, professeur d’histoire-géographie, les nuages de mots choisis par les élèves faire Aurelia : « Maintenant qu’on me l’a expliqué, je peux l’expliquer à mon tour. » Et la collégienne de rire : « La chanson, je l’ai même chantée avec des amis qui étaient venus chez moi. » C’est important, estime à son tour Alice, « parce que si les gens ne comprennent pas la laïcité ou la déforment, ce n’est plus vraiment la laïcité ! ».
Et tant pis, comme le souligne Baptiste, lui aussi apprenti comédien pour l’occasion, si « certains thèmes comme la
de Gwénaël Girard, lui aussi professeur de français, et les Marianne peintes ou dessinées par les élèves de Florence Rocchia, professeur d’art plastique.
Jouer le jeu… littéralement
Les saynètes ont permis de se mettre en situation, explique Kristal, actrice en herbe
«religion sont plus compliqués ». Avec son camarade Camille, ils ne s’attendaient pas à ce que des débats suivent les saynètes. C’est d’ailleurs « sur la religion qu’il y a eu le plus de questions ».
Des questions, il en reste forcément. Laiya le confirme : « La minute de silence (pour Samuel Paty, Ndlr), ça nous a amené de nouvelles interrogations. On est encore jeune et on a encore beaucoup à apprendre. Pour ça, on compte sur nos parents, mais aussi sur l’école. »
et désormais élève de 3e, de rendre concret le concept. » Arya, aujourd’hui en 5e et apprenti chanteur l’an passé, souligne que « les mots étaient faciles à comprendre, alors la chanson est restée longtemps avec nous ».« Aujourd’hui, on se rappelle des paroles, confirme Aurelia, et on réfléchit à ce qu’elles signifient. »
Bien sûr, chacun a été sensible à différents aspects de la laïcité. Ambre, élève de 3e, alors spectatrice des saynètes a surtout été marquée par « l’importance de comprendre une situation avant de la juger ».
« Ça va nous servir toute notre vie »
Alice, elle, avait choisi d’illustrer l’article 7 de la charte dans son travail avec Mme Lessault : « Le respect des religions, pour moi, c’est le plus important, mais aussi le
plus compliqué. » Aurelia est d’accord. D’origine allemande, la jeune fille ignorait, dit-elle, que « la France n’impose pas de religion, mais n’en interdit pas non plus ». Laiya, qui a dansé sur Au Pays de Voltaire ,aretenu un point : l’égalité fillegarçon et le fait que « les hommes et les femmes peuvent avoir une amitié ». Sûrement la plus importante des leçons issues de ce travail : que la laïcité est le fer de lance du vivre ensemble. Tous ces enfants l’ont bien compris.
Parmi eux, Raphaël, ancien élève de 6e, qui a travaillé sur les nuages de mots de M. Girard.
« La laïcité, on avait une idée de ce que c’était, mais ce qu’on comprend maintenant, c’est qu’elle nous permet de tous vivre ensemble. C’est important parce que ça va nous servir toute notre vie. »