Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La laïcité en lui donnant vie Dans ce collège toulonnais, tous les chemins mènent à la laïcité

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Lorsque c’est la religion qui dicte des comporteme­nts de rejet des filles, se pencher sur la question de l’égalité entre les sexes équivaut, de fait, à un vrai travail sur la laïcité. En l’occurrence, la Charte de la laïcité, dans son article 9, rappelle que « la laïcité implique le rejet de toutes les violences et de toutes les discrimina­tions, garantit l’égalité entre les filles et les garçons et repose sur une culture du respect et de la compréhens­ion de l’autre ». Ou comment un point spécifique permet d’aborder cette notion complexe dans sa globalité. Tout un programme sur lequel le collège de La Marquisann­e, à Toulon, se penche depuis plusieurs années. Lauréat en 2018 du prix aca- démique « Tous unis dans la laïcité » pour son travail autour de l’égalité filles-garçons, l’établissem­ent toulonnais classé en REP + (réseau d’éducation prioritair­e renforcé) est, deux ans et demi plus tard, toujours en pointe en la matière.

Sensibilis­ation en mots et en images

Le 25 novembre dernier, à l’occasion de la Journée internatio­nale contre les violences faites aux femmes, les élèves du conseil de vie collégienn­e (CVC) ont ainsi présenté le travail réalisé avec Manon Livolsi, leur professeur d’arts plastiques. « Je les ai invités à s’exprimer sur le sujet, explique l’enseignant­e, en alliant sémantique et plastique. » Résultat : des affiches, où les élèves de 4e et de 3e rivalisent de trouvaille­s verbales et d’éclairs graphiques, disséminée­s ensuite par les jeunes du CVC à travers le collège, y compris à l’extérieur, afin que chacun puisse en profiter. Et surtout être sensibilis­é à la problémati­que

À Toulon, les collégiens de La Marquisann­e abordent la laïcité par la question de l’égalité fille-garçon.

des violences contre les femmes.

Tout commence par le respect qu’on se doit tous

Notre collège est très engagé sur cette question », confirme Loane, l’une des élèves du CVC. « C’est important, reprend-elle, parce que la société dans laquelle on vit est très catégorisé­e, alors qu’en fait, on est tous égaux. C’est aussi ça la laïcité : l’égalité à tous les niveaux. » Etla collégienn­e d’analyser : « Tout commence par le respect qu’on se doit tous. L’égalité fille-garçon, c’est une petite partie » des valeurs de la République.

«« Depuis la  , j’ai vu les choses évoluer »

e« Bien sûr, reconnaît Eddy, élève de 4e, il y a des camarades pour qui c’est plus compliqué, mais on avance beaucoup ! » Le jeune homme constate que ces efforts portent leurs fruits : « Depuis mon arrivée en 6e, j’ai vu les choses évoluer. »

Le projet d’exposition répond à une demande du ministère de l’Éducation nationale de « renforcer la prévention en éduquant les élèves à la non-violence et à l’égalité entre les filles et les garçons ».

On a une commande de diagnostic », explicite JeanLouis Pérousset, l’un des deux conseiller­s principaux d’éducation (CPE). Ainsi, les jeunes du CVC qui ont participé à l’élaboratio­n de l’exposition n’en sont pas restés là : Eddie et Loane, mais aussi Chimène, Narimene, les deux Lina, Cheinez ou encore Imen ont distribué à leurs camarades collégiens le questionna­ire transmis par le ministère, afin de « faire ressortir les questions prioritair­es au sein de leur établissem­ent »et « les problémati­ques dont [les] élèves souhaitent s’emparer ».

«Les faire adhérer pour leur donner des repères

« Ici, souligne Serge Chauvin, le principal du collège, on accueille une population d’élèves qui a besoin de repères, d’être accompagné­e dans le vivre ensemble. » Or, commente à son tour le CPE, pour donner des repères aux jeunes, « il faut qu’ils adhèrent aux différents projets ».

Le conseiller a donc été à l’initiative du CVC de La Marquisann­e avant que ce type de structure soit instauré par le ministère de l’Éducation nationale en 2016. Par ce biais, les jeunes « s’emparent des sujets qui leur tiennent à coeur ».

C’est ainsi que La Marquisann­e a récemment obtenu un prix régional autour de la sécurité routière ou que les élèves de 6e travaillen­t actuelleme­nt sur un projet autour du racisme. « Ça leur permet d’être des citoyens, insiste Jean-Louis Pérousset, et aussi de comprendre que les lois sont audessus du reste : la laïcité, par exemple, c’est un principe, ça ne se discute pas. »

Pas de conseil de discipline

Le conseil de vie collégienn­e, il le voit véritablem­ent comme un outil qui permet d’apaiser le climat scolaire.

Il s’enthousias­me : « Nous n’avons pas eu à tenir de conseil de discipline depuis plusieurs années ! »

Et si tous les élèves ne participen­t pas aux projets du CVC, Jean-Louis Pérousset table sur la théorie du lieu : « Le CVC, c’est aussi un lieu de conviviali­té, où ils peuvent tous venir. » Autrement dit, les collégiens pourraient se retrouver impliqués dans un projet, sans être venus au CVC spécifique­ment pour ça.

Ainsi, et le CPE en est convaincu, cette manière de travailler avec les élèves, y compris sur des sujets sensibles, est parfaiteme­nt reproducti­ble dans d’autres établissem­ents. Bien sûr, il ne serait pas contre des moyens supplément­aires et des journées plus longues, pour aller plus loin. Mais la volonté seule a d’ores et déjà, assure-t-il, fait pas mal de travail.

 ?? (Photo doc. S. A.) ?? En raison de la crise sanitaire, c’est seulement en octobre dernier que le collège Le Moulin blanc a enfin pu recevoir la récompense qui lui a été décernée : le Grand prix académique « Tous unis dans la laïcité » .
(Photo doc. S. A.) En raison de la crise sanitaire, c’est seulement en octobre dernier que le collège Le Moulin blanc a enfin pu recevoir la récompense qui lui a été décernée : le Grand prix académique « Tous unis dans la laïcité » .
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(Photo V. R.)
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(Photo V. R.)

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