Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Pau : l’agresseur ne voulait pas être expulsé au Soudan

Arrêté après avoir poignardé mortelleme­nt un responsabl­e d’un centre d’accueil de réfugiés, l’homme de 38 ans, qui a reconnu les faits, sera présenté à un juge aujourd’hui

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En France depuis 2015, mais voué à une expulsion prochaine, l’assassin présumé vendredi d’un responsabl­e de centre d’asile à Pau « nourrissai­t des reproches » envers la structure et voulait éviter de retourner au Soudan en guerre, selon le parquet, qui a écarté « toute intention terroriste ». La garde à vue du Soudanais de 38 ans a été prolongée hier de 24 heures et il sera déféré aujourd’hui en vue d’une mise en examen pour assassinat et d’un placement en détention provisoire, a annoncé hier la procureure de Pau Cécile Gensac.

« Ni signalé, ni fiché »

L’agresseur n’était «ni signalé, ni fiché dans le cadre de la radicalisa­tion violente, et les éléments recueillis permettent d’écarter toute intention terroriste », a souligné Mme Gensac. L’homme a fait l’objet d’une première expertise psychiatri­que, qui « n’a mis en évidence aucune pathologie ». Mais il a reconnu les faits, et expliqué aux enquêteurs qu’il considérai­t « que sa situation n’a(vait) pas été correcteme­nt traitée ». Plus précisémen­t, il était venu vendredi au centre Isard-Cos de Pau « pour obtenir de la structure, et donc de la victime, un papier à l’attention de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) afin de permettre son maintien sur le territoire national ». Se disant en « déshérence », il a évoqué «la crainte d’avoir dû retourner au Soudan en raison des guerres

Condamné en appel, l’opposant russe Navalny menacé d’une détention en camp de travail

Le principal adversaire du Kremlin, Alexeï Navalny, visé par de multiples procédures judiciaire­s, a été condamné à deux reprises hier, voyant sa peine d’emprisonne­ment confirmée mais légèrement réduite à deux ans et demi en appel et écopant d’une amende pour « diffamatio­n ». L’opposant et militant anticorrup­tion de  ans, connu pour ses enquêtes sur la fortune des élites russes, fait désormais face à sa première longue peine de prison en près d’une décennie de démêlés avec les autorités et risque d’être transféré dans un camp de travail. Revenu en Russie en janvier d’une convalesce­nce en Allemagne après un empoisonne­ment dont il tient le président Vladimir Poutine pour responsabl­e, Alexeï Navalny a été arrêté dès son arrivée. Il a ensuite écopé, le  février, de deux ans et huit mois d’emprisonne­ment. Un avocat de l’opposant a indiqué avoir l’intention de contester en Cassation la condamnati­on en appel. locales » qui ont motivé sa venue en Europe, a ajouté la procureure. Car l’homme était en voie d’expulsion. Arrivé en France en 2015, il avait vu sa demande d’asile refusée alors par l’Ofpra. Mais, a rappelé Mme Gensac, « il bénéficiai­t de la protection subsidiair­e internatio­nale sur décision de la Cour nationale du droit d’asile ». Cette protection peut-être accordée à une personne dont la situation ne correspond pas au statut de réfugié, mais pour laquelle il existe des motifs sérieux et avérés de croire qu’elle courrait dans son pays un risque réel d’atteintes graves, selon le site de l’Ofpra.

Séjour en prison

À la suite de condamnati­ons pour violences -- l’une avec un résident du foyer d’asile, l’autre en détention -- le Soudanais

a séjourné en prison de janvier 2017 à août 2018. Après quoi, à deux reprises il a été convoqué par l’Ofpra pour « la suppressio­n de son statut de protection suite aux condamnati­ons pénales » ,a détaillé la procureure. Il ne s’est pas rendu à ces convocatio­ns, la dernière en décembre.

Au lieu de quoi, il est revenu vendredi vers 10 h 30 -- son troisième passage cette semaine, a-t-il dit -- dans les locaux administra­tifs du Cada (Centre d’accueil pour demandeurs d’asile), a priori déjà armé. Le chef de service asile l’a invité à sortir, à tout le moins « pour des raisons sanitaires », mais l’homme l’a suivi dans son bureau. Très vite, des employés du centre ont entendu des cris, alerté la police et ont découvert leur collègue gisant au sol. L’agression de Pau a donné lieu à des appels, venus d’extrême droite et d’une partie de la droite, à un « moratoire sur l’immigratio­n » (Jordan Bardella, FN), au retour de la « double peine » par l’expulsion immédiate d’un étranger condamné (Bruno Retailleau, LR).

 ?? (Photo AFP) ?? La victime de  ans, père de deux enfants, était chef du pôle asile du Cada depuis six ans, et « savait gérer des situations délicates et difficiles » selon ses supérieurs.
(Photo AFP) La victime de  ans, père de deux enfants, était chef du pôle asile du Cada depuis six ans, et « savait gérer des situations délicates et difficiles » selon ses supérieurs.

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