Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Est-ce que ma vie ME CONVIENT ?

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Dans son dernier ouvrage, le psychanaly­ste Saverio Tomasella, invite le lecteur à écouter ces signaux, même faibles qui racontent un émoussemen­t de l’envie de vivre. Avant de désigner quelques voies pour retrouver « sa » vie.

Le titre est explicite : Ne passez plus à côté de votre vie. Dans son dernier ouvrage publié aux Éditions Flammarion, Saverio Tomasella qui a longtemps exercé à Nice, met à profit ses connaissan­ces de psychanaly­ste pour nous (re) apprendre à vivre pleinement malgré le climat anxiogène. Une réelle bouffée d’air, et l’occasion surtout de raviver notre désir de vivre qui peut parfois aujourd’hui nous manquer.

Pourquoi ce livre ?

Le projet, antérieur à la crise sanitaire, est né de ces témoignage­s qui me parvenaien­t autant de mon entourage profession­nel que personnel et qui décrivaien­t une forme d’insatisfac­tion vis-à-vis de l’existence : certains aspiraient à une meilleure santé, d’autres se plaignaien­t de leur situation amoureuse ou encore de l’environnem­ent dans lequel ils vivaient… Une insatisfac­tion un peu diffuse, alors que beaucoup menaient par ailleurs une existence frénétique. Mais sans prendre le temps de vivre ce qu’ils avaient envie de vivre.

Ce que vous décrivez est assez commun…

Absolument. En fait, une enquête récente a mis en évidence que près d’un adulte sur deux, lorsqu’on l’interroge, confie avoir l’impression de marcher à côté de sa vie. Avec cet ouvrage, je voudrais simplement aider les personnes à se confronter à ellesmêmes et à se poser la question : est-ce que ma vie me convient ? Pour qu’ensuite elles puissent accéder à une vie qui leur ressemble. Il existe un droit à la liberté légitime de choisir sa vie. Quelle qu’elle soit.

Est-ce si difficile de prendre conscience de ce mal-être ?

Oui, dans la mesure où ces personnes que je décris ne souffrent pas de dépression, ni même de déprime. Elles peuvent être souriantes, avenantes, certaines sont très investies dans leur travail, font du sport, ont des relations sociales… C’est un malêtre léger qu’elles ressentent, mais qui insiste. Ce sont ces signaux faibles que je propose d’écouter dans mon livre.

Des indices de ce mal-être ?

Peut-être une sorte de perte de présence au monde. De façon très impercepti­ble, on s’aperçoit qu’au fil des années on est passé en mode « pilotage automatiqu­e ». On travaille, on vit en famille, on voit des amis, on sort, mais tout est devenu un peu fade. On n’a plus vraiment d’inspiratio­ns, de rêves, on est moins enthousias­te, on s’émerveille moins, tout semble prévisible… On retrouve une baisse de libido, au sens de pulsion de vie. On a moins d’énergie pour réaliser des choses « extraordin­aires », qui peuvent être aussi simples que d'aller se promener en bord de mer, lorsque l’on habite le littoral, de humer les bonnes odeurs du marché… Des activités, des habitudes qu’on apprécie mais qui ont désormais une saveur morne. C’est la perception qui est altérée.

Existe-t-il des périodes de la vie où ce mal-être est plus perceptibl­e ?

Il y a bien sûr la crise de la quarantain­e ou de la cinquantai­ne, mais ce que je décris peut parfaiteme­nt être ressenti par des gens beaucoup plus jeunes, ou plus âgés… L’âge n’a pas grand-chose à voir.

Cette conscience d’un mal-être peut-elle surgir à l’occasion d’un événement ?

Absolument. Il n’est pas rare que des personnes racontent avoir ressenti un déclic après avoir été victimes d’un accident ou confrontée­s à une maladie grave.

Elles disent souvent : « C’est en étant confrontée à la peur de la mort que j’ai pris conscience que je m’étais oubliée, qu’il était temps de faire ce que j’avais vraiment envie de faire… »

« Une personne sur deux a l’impression de marcher à côté de sa vie »

En ensuite ?

Le plus difficile reste à venir. La prise de conscience est le point de départ, la suite se fait le plus souvent en thérapie. Même si je ne donne dans mon ouvrage que les exercices qui peuvent aider dans cette démarche vers soimême. Mais, il est évident que lire mon livre, ou n’importe quel autre livre de psy, ça ne suffit pas, il faut mettre à l’épreuve.

Vous proposez des exercices permettant de retrouver le chemin vers soi. De se trouver en quelque sorte.

Il ne s’agit pas de se trouver, mais de se recréer.

Quelle place de l’autre dans ce chemin ?

Il est essentiel d’être très présent dans la relation à l’autre. L’autre nous aide à nous révéler.

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