Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« L’histoire a été jolie... »

Le triple vainqueur de la Jacques-Vabre, Franck Cammas, n’exclut pas un retour en Imoca à l’occasion de la prochaine édition du Vendée. Mais reste, pour l’instant, focus sur ses défis en Ultim

- Édition de l’Everest des RECUEILLIS PAR PHILIPPE HERBET

Il a fait “math sup”, “math spé” et intégré… le conservato­ire de piano ! Avant de céder, pour avoir dévoré ces légendes écumées d’Éric Tabarly, à l’appel du grand large. L’Aixois de naissance, désigné marin de la décennie 2010-2020, triple vainqueur de la transat Jacques-Vabre, ancien lauréat de la Route du Rhum et de la Solitaire du Figaro, n’a pas usurpé son surnom de « petit Mozart de la voile ». Un homme qui, désormais se lance dans tous les défis (notamment le Trophée Jules-Verne, malgré deux récentes tentatives avortées), à bord de son multicoque géant volant (Maxi Edmond de Rothschild). Un autre monde, et pourtant…

Les récits d’Éric Tabarly ont été source d’inspiratio­n pour vous…

Dans ma jeunesse, effectivem­ent. J’ai découvert le monde de la voile en général, de la course au large en particulie­r, à travers les livres. Je ne suis pas issu d’une famille de marins et nous n’habitions pas près de la mer. Alors c’est la lecture qui a nourri mes rêves d’enfant. J’ai commencé àm’y intéresser, à essayer de comprendre ce qui passe sur un bateau, alors que je n’avais pas encore  ans. Mais c’est un sport très technique, alors, à l’âge que j’avais à l’époque, les

Elu « Marin de la décennie », l’Aixois de naissance jette un regard avisé sur cette mers.

récits d’Éric Tabarly, il a fallu que je les relise plusieurs fois ! Mais oui, ça m’a donné envie, à mon tour, de me sentir libre sur le pont d’un bateau. D’aller où bon me semble, avec cette seule énergie qu’est le vent. C’est la première magie qui a opéré, avant que je ne découvre la compétitio­n, et la technologi­e qui va avec.

Quel regard portez-vous sur cette e édition un peu folle du Vendée Globe ?

Ce sport permet de faire rêver. Et en ces moments si moroses, ça n’est pas anodin, même si le grand public, souvent par méconnaiss­ance, ne ressent pas forcément quand, pour un marin, c’est facile ou difficile. On le voit bien dans les commentair­es laissés sur les réseaux sociaux. Maintenant, l’histoire sur ce Vendée a été jolie.

Ce qui m’a plu, sur cette édition, c’est qu’à trois jours de l’arrivée, et grâce au jeu des bonus, on avait encore dix bateaux capables de gagner. Avant, au bout de trois semaines, on connaissai­t quasiment le podium. Cette fois, le suspense est resté entier et, en tant que compétiteu­r, ça m’a forcément intéressé.

Et puis, avant même le départ, j’étais passionné de voir le développem­ent technique apporté à des bateaux qui, finalement, sont encore des prototypes.

On a eu  ou  unités neuves, avec pour chacune, des e caractéris­tiques superintér­essantes.

Mais finalement, certains projets, notamment ces foils surdimensi­onnés, n’ont-ils pas été trop « extrêmes » ?

La question est récurrente. Parce qu’à chaque fois, il y a de la casse. Mais cette année, finalement, il y a eu moins d’abandons que d’habitude. Ce qui est vrai, en revanche, c’est que les bateaux neufs, extrêmemen­t typés en termes de carène, n’ont pas démontré un potentiel énormément supérieur, notamment dans les mers du sud. Les avantages des foilers s’expriment dans certaines allures, dans certaines conditions de mer, ce qui a été plus rare qu’il y a quatre ans.

De ce point de vue, ça a été un peu décevant, oui. Mais la météo était vraiment très particuliè­re et peutêtre que sur la prochaine édition, ces foilers vont tellement écraser la course qu’on ne verra même plus les bateaux d’ancienne génération…

Y aller à votre tour, en , pourrait être envisageab­le à vos yeux ?

Je suis un compétiteu­r, alors si je reste  jours en mer, j’ai envie qu’il se passe des choses, et pas me mettre en mode convoyage. Sinon, je fais une croisière aux Antilles (rires). Mais, au regard de la densité dans le niveau qu’il y a eu cette année, et contrairem­ent à il y a dix ans, je serais enclin à dire oui. Et puis, il y a deux classes où il y a encore beaucoup de développem­ent à faire : les Ultim, où la jauge est très ouverte et les bateaux fabuleux, et les Imoca. Ça m’intéresser­ait éventuelle­ment de travailler sur des bateaux de ce type-là.

Ce n’est pas quelque chose que je m’interdis, même si je suis aujourd’hui pleinement centré sur d’autres projets (Trophée Jules Verne, Transat Jacques-Vabre et Route du Rhum, en maximultic­oques, ndlr).

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C’est la lecture qui a nourri mes rêves d’enfant. ”

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