Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Confinemen­t, le retour

- Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Certes, avec l’épidémie de Covid-, nos gouvernant­s avancent en terra incognita et doivent prendre des décisions sans avoir de points de repère scientifiq­ues assurés et des références historique­s pour les éclairer. Face à ce trou noir, la politique retrouve donc une place à la fois centrale et très exposée. Dans tous les pays frappés, les dirigeants sont confrontés à des choix personnels d’autant plus difficiles que la vie de leurs concitoyen­s en dépend. Certes, il peut y avoir des stratégies convergent­es mais chaque pays a, de fait, sa propre politique sanitaire.

Le confinemen­t partiel, le week-end seulement, décidé hier par le préfet des AlpesMarit­imes, n’est pas en soi une innovation. D’autres pays y ont déjà recouru ou y recourent encore.

Mais c’est la première fois que le gouverneme­nt français accepte de donner son feu vert à une telle mesure. Les chiffres éclairent la décision prise que le maire de Nice appelait d’ailleurs de ses voeux.

Mais d’autres élus locaux s’étaient vus jusque-là opposer un niet comme si le mot confinemen­t était devenu un mot tabou depuis que le chef de l’État, contre l’avis d’une grande partie des membres de son Conseil scientifiq­ue, avait refusé de le décréter mi-janvier face à la menace des variants, préférant alors l’option moins contraigna­nte du couvre-feu à  heures. Pari risqué mais jusqu’à présent plutôt réussi. Même si les données sanitaires ne sont pas au beau fixe, elles ne se sont pas trop aggravées et l’économie, du coup, a moins souffert.

En vérité, le président, qui n’oublie pas l’horizon électoral de , redoute qu’un nouveau confinemen­t constitue un choc qui focalisera­it les mois à venir sur la seule pandémie, donnerait un coup de frein trop brutal à l’économie, ébranlerai­t plus encore le moral des Français et anéantirai­t son image – déjà bien abîmée – de rénovateur du pays. D’où cette réticence à employer le mot et la difficile acceptatio­n de ce confinemen­t de deux jours sur sept dans les Alpes-Maritimes, sans que les communes de l’arrière-pays frappées par la tempête Alex soient concernées. D’où, aussi, le temps mis à prendre cette décision comme si, face à la contagion, on pouvait perdre sans risque un jour ou deux. Le pouvoir fait là dans le pointillis­me sanitaire en espérant sans doute éviter d’aller plus loin.

Il entre néanmoins dans une période cruciale car les variants prennent peu à peu le dessus et des tensions hospitaliè­res se manifesten­t de plus en plus à travers l’Hexagone, notamment en Île-deFrance, à Dunkerque ou en Moselle.

Le gouverneme­nt vient d’être contraint d’accepter un confinemen­t local, pourra-t-il en refuser d’autres, voire ne devra-t-il pas en imposer un général au pays ? C’est toute la stratégie d’Emmanuel Macron qui est à présent en jeu.

Le gouverneme­nt vient d’être contraint d’accepter un confinemen­t local, pourra-t-il en refuser d’autres ?

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