Un braconnier de La Crau épinglé par la justice
Près de 2 000 pièges à oiseau, des armes ainsi que des animaux morts et vivants avaient été découverts au domicile d’un braconnier à La Crau
Un agriculteur à la retraite a été condamné ce lundi à neuf mois de prison pour avoir « chassé » des oiseaux protégés autour de sa propriété à La Crau.
Le tribunal correctionnel de Toulon a par ailleurs révoqué le sursis de trois mois qui planait au-dessus de la tête du prévenu depuis une précédente condamnation pour des faits similaires. Soit un total d’un an de prison – une peine aménageable.
En outre, près de 20 000 euros ont été attribués, au titre du préjudice moral, à une demi-douzaine d’associations parties civiles (Ligue de protection des oiseaux, France Nature Environnement, Fondation Brigitte Bardot, One Voice, etc.).
Fourmis volantes
Le braconnier, aujourd’hui âgé de 76 ans et absent de son procès pour cause de maladie, avait été appréhendé dans le secteur de La Moutonne en janvier 2019, à la suite d’une dénonciation.
Les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) l’avaient pris sur le fait alors qu’il réarmait un piège à oiseau avec des fourmis volantes, dont raffolent les rouges-gorges protégés par la réglementation. Dans les dépendances du domicile du septuagénaire – déjà privé de son permis de chasse depuis une quinzaine d’années –, les agents avaient constaté la présence d’animaux morts et vivants, notamment dans un hangar.
Viandes pourries
Soixante-quinze rouges-gorges congelés et douze tarins des aulnes en cage avaient été recensés. Le septuagénaire avait reconnu avoir capturé ces douze passereaux avec de la glu, là encore au mépris des règles.
Les agents avaient également découvert des sangliers « entiers ou en morceaux », une bécasse, plusieurs palombes et un lièvre dans des congélateurs hors service, tandis que des têtes de gibier étaient au sol.
« Tradition provençale »
Dix-sept armes de chasse, détenues sans déclaration, avaient aussi été saisies, de même que 1 903 pièges à oiseau. « Année après année, ça fait des quantités astronomiques : 99% des oiseaux pris dans ces pièges sont des oiseaux protégés, ont témoigné des agents de l’OFB. Ça tend à faire dégringoler les populations d’oiseaux... » Le tribunal présidé par Christel Estienne-Garcia a prononcé ce lundi la confiscation définitive des scellés. Les associations ont dénoncé « la caricature du braconnier »,« un impact considérable sur la faune sauvage »,« des méthodes assez barbares »... « Si on ne le tape pas au portefeuille, on va le retrouver à nouveau devant ce tribunal », a lancé Me Mathieu Victoria (LPO) en référence aux précédentes condamnations du prévenu en 2007 et en 2014. Et Me Odile Simonin (One Voice) de porter l’estocade : « Ce Monsieur n’est pas un chasseur, c’est une brute, un délinquant récidiviste. » En défense, Me Élodie Gozzo s’est efforcé de plaider le contexte d’une « tradition provençale transmise par ses parents et grands-parents. C’est très dur pour lui de se défaire des souvenirs de son enfance ».