À Nice, une tape sur la fesse conduit un enseignant au tribunal
Franck, 53 ans, enseigne l’art dramatique à des étudiantes et étudiants de l’université de Nice, un atelier ouvert à tous et non noté. À la fin d’un cours, il se bloque le dos. Une élève de 20 ans lui lance une blague et se moque de son âge. Franck réagit, lui répond en lui mettant une claque sur la fesse tout en la qualifiant de « salope ». Le professeur présente ensuite ses excuses pour son geste inapproprié qu’il qualifie de « maladresse ».
L’affaire aurait pu s’arrêter là mais la jeune fille, sous l’influence d’un autre professeur décide de se plaindre auprès des services de l’université qui alerte ensuite le parquet.
« J’ai toujours été respectueux »
Le ciel tombe sur la tête de Franck, marié, père de deux enfants, qui se voit immédiatement suspendu de ses fonctions par l’iniversité. Il a perdu 300 heures de cours par an et tente de recouvrer son honneur. L’enquête est confiée à la police. Le professeur s’explique et peut espérer que la procédure soit, comme des centaines d’autres en 2020, classée sans suite. Le parquet décide néanmoins de le renvoyer devant le tribunal correctionnel pour y répondre d’agression sexuelle. La jeune fille ne s’est pas constituée partie civile et s’est, semble-t-il, rapidement désintéressée de cette affaire qui complique la vie du quinquagénaire depuis bientôt un an. Est-ce en raison d’un profond traumatisme ou au contraire du caractère dérisoire de cette affaire ? « J’ai toujours été respectueux et à l’écoute de mes élèves », affirme le prévenu à la barre. Me Romain Guerinot, son avocat, a apporté moult attestations d’élèves au cas où le tribunal en douterait.
Relaxé
Au moment du réquisitoire, la procureure Clotilde Ledru-Tinseau paraît embarrassée. Elle suggère au tribunal d’abandonner les poursuites d’agressions sexuelles au profit du délit d’outrage sexiste, un délit créé il y a deux ans pour lutter contre le harcèlement de rue. « Selon moi, ce geste a davantage une connotation sexiste que sexuelle », précise la magistrate qui requiert 600 euros d’amende dont 300 avec sursis. «Ouf!» Me Guerinot exprime publiquement et bruyamment son soulagement à l’écoute des réquisitions qui, selon lui, ramènent cette affaire à de plus justes proportions.
Pas le profil d’un prédateur sexuel
L’avocat souhaite que son client sorte lavé tout soupçon. « Dans ces cours, tout le monde se tutoie, tout le monde va boire un verre après les cours. Et les exercices d’échauffement, prétendument trop tactiles selon un témoin, sont des exercices dûment répertoriés. » Me Guerinot brandit les manuels de référence, rappelle que « les élèves ont leur libre arbitre, que rien ne leur a jamais été imposé dans les mises en scène ».
Franck n’a pas, semble-t-il, le profil d’un prédateur sexuel. Il a eu un mauvais réflexe. C’est l’avis du tribunal présidé par Alain Chemama qui relaxe l’enseignant, soulagé d’échapper à l’infamie d’une condamnation et d’une mention dans le fichier national des auteurs d’infractions sexuelles. Une relaxe devenue définitive hier, le parquet n’ayant pas fait appel.