Les écolos s’estiment « ciblés » par l’exécutif
L’instauration temporaire d’un repas sans viande dans les cantines de Lyon a suscité, hier, une vive polémique, jusque dans les rangs de la majorité
L «a priorité, cibler EELV » :les Verts voient dans la polémique sur le menu sans viande dans les cantines de Lyon une nouvelle opération de décrédibilisation menée par une partie du gouvernement en vue de la présidentielle. Ils ont cependant reçu, hier après-midi, un soutien au sein même du gouvernement en la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, atterrée par un « débat préhistorique ».
« Des clichés éculés » pour Barbara Pompili
L’ancienne députée EELV a regretté « des clichés éculés, du type “l’alimentation végétarienne serait une alimentation déséquilibrée”, alors qu’on sait que la viande peut être remplacée par du poisson, des oeufs, des légumineuses qui apportent toutes les protéines nécessaires ».
Le ministre de la Santé Olivier Véran, en déplacement à Lyon, avait, un peu plus tôt, joué l’apaisement en estimant qu’il n’y avait « pas lieu de polémiquer ». L’amorce d’un rééquilibrage de la position du gouvernement ?
Les agriculteurs en force
En attendant, Grégory Doucet, maire de la capitale des Gaules, a peutêtre aperçu depuis son bureau, hier matin, les éleveurs de la FNSEA venus manifester pour protester contre le menu sans viande dans les cantines scolaires.
Un menu concocté par Gérard Collomb
L’édile a eu beau expliquer ce weekend que la mesure était d’ordre technique, un menu unique permettant d’enchaîner plus de services pour compenser la réduction de l’accueil d’enfants en simultané avec la pandémie, la polémique a enflé.
Les écologistes ont le cuisant souvenir de la double polémique dite du « Tour de France » et du « sapin de Noël » en septembre dernier. Ils se sont donc appliqués à réagir vite et fort, notamment en rappelant que l’ancien maire LREM Gérard Collomb avait adopté la même mesure de menu unique sans viande au début de la pandémie. « Continuez à être dans la posture M. Darmanin, vous ne faites que masquer votre absence de fond », a lancé Grégory Doucet. Pour Bruno Bernard, président EELV de la métropole de Lyon, la succession des polémiques « montre que ce gouvernement a un problème avec l’écologie ». « La magie des fake news LREM continue. Avec une priorité : cibler EELV », a dénoncé de son côté la numéro 2 du parti Sandra Regol. « Il y a clairement une volonté de nuire, de nous dépeindre en idéologues et jusqu’au boutistes », a affirmé la porte-parole Eva Sas, proche de Yannick Jadot.
« Un impact sur le réchauffement climatique »
Mais l’argumentaire Vert n’est pas seulement tourné vers la défense d’une mesure technique, et saisit l’opportunité de faire imprimer des thématiques. Au fond, « c’est vrai que Denormandie défend une augmentation de la viande pour défendre la filière bovine là où les écolos défendent la filière végétarienne », déclare Eva Sas. « Car la viande n’est pas indispensable à chaque repas, et l’élevage a un impact extrême sur le réchauffement climatique. »
Bon an mal an, ce genre de controverse prouve « qu’il y a les anciens et les modernes », juge l’ancienne députée verte. Et que les écolos sont dangereux aux yeux de la majorité en vue de 2022 : « Ils s’adressent à l’électorat des Républicains, à une France conservatrice. Mais LREM se méprend sur l’évolution de l’opinion publique, déjà prête à des changements. » Un ministre pense le contraire, estimant peu porteuse « l’écologie punitive qui met de la norme et de la contrainte, alors qu’on vit déjà un moment de contraintes ». Il croit savoir que « le sapin de Noël et le Tour de France ont fait des dégâts considérables dans l’opinion ».