Vacciner les soignants en Ehpad ?
Malgré la vaccination, il n’est pas encore possible de revenir à la vie d’avant. Un responsable d’Ehpad varois plaide pour la vaccination de tous les soignants et des proches aidants
Maintenant que la vaccination dans les Ehpad a bien avancé, personnes âgées et familles n’attendent plus que ça : un assouplissement des règles en vigueur pour lutter contre la pandémie. Cela paraît logique, mais ce n’est pas encore possible explique Danny Forster, directeur adjoint d’un Ehpad varois qui plaide pour la mise en place d’un « cordon sanitaire » autour des personnes âgées.
« La demande de voir les règles assouplies paraît légitime, même si le taux de vaccination dans les Ehpad de la région Paca n’est que de 60 %, contre 75 % sur l’ensemble de la France. On a moins vacciné à cause des clusters. Mais le fait est que le taux d’incidence chez les aînés a fortement baissé, et pas seulement chez ceux qui vivent en Ehpad. Les premiers effets de la vaccination sont positifs. Mi-mars, tous les établissements varois auront pu injecter la deuxième dose du vaccin à leurs résidents, de moins en moins réticents à se faire vacciner. » Pourquoi donc ne pas assouplir à ce moment-là le système des visites encadrées très difficile à supporter pour les familles ? « Nous devons d’abord élargir le cordon sanitaire autour de la personne âgée en Ehpad, estime Danny Forster, notamment en vaccinant toutes les personnes qui sont en contact avec elle : les salariés et pour les familles, les proches aidants qui ont besoin de retourner dans les chambres et de passer plus de temps avec leurs proches, quel que soit leur âge. Il faut sécuriser l’ensemble de l’écosystème autour des Ehpad. »
« Il faut peser le bénéfice-risque »
Il plaide donc pour un élargissement rapide de la vaccination aux familles des résidents et à l’ensemble des soignants. « C’est déjà possible pour ces derniers avec le vaccin AstraZeneca mais il faut se rendre à l’hôpital Sainte-Anne à Toulon, ce qui n’est pas pratique, et malheureusement, les soignants préfèrent les deux autres vaccins. Il faut qu’ils puissent avoir le choix. »
Reste une autre question à régler pour gérer l’après-vaccination : La Ministre déléguée chargée de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, a saisi le conseil scientifique pour demander un avis sur la cohabitation des résidents non vaccinés et vaccinés. « Aucune restriction ne doit être imposée aux résidents ayant refusé la vaccination, ce refus étant l’expression d’un choix individuel et devant être considéré comme ayant été fait en parfaite connaissance des risques éventuels, plaide Danny Forster. Tout en continuant à respecter les gestes barrières, il faut aujourd’hui peser le bénéfice-risque. Il y a peu de risque d’attraper le virus quand on est vacciné, mais il y a des risques réels de troubles psychiques, dépressions, troubles du comportement de la part de personnes âgées qui ne sortent plus et ne font plus d’exercice physique. »
Si cette demande de vacciner familles et soignants pour former un cordon sanitaire autour des Ehpad paraît légitime, elle peut toutefois faire polémique, notamment au regard des personnes âgées de plus de 75 ans hors Ehpad qui peinent à se faire vacciner faute de doses disponibles.