Var-Matin (La Seyne / Sanary)

LA JUSTICE VA TRANCHER

Marc Giraud sera jugé pour emploi fictif présumé L’ex-maire de Carqueiran­ne semble confiant

- PEGGY POLETTO

Quelle était exactement la fonction de Patricia Arnould, actuelleme­nt conseillèr­e départemen­tale de la majorité et première adjointe de la commune de La Crau, au sein de l’hôtel de ville de Carqueiran­ne ? Emploi fictif ou dysfonctio­nnement administra­tif ? Les services d’enquête ont multiplié depuis 2014 les investigat­ions sous la tutelle d’un juge d’instructio­n du tribunal judiciaire de Toulon pour définir le rôle réel de cette proche du président du Conseil départemen­tal, Marc Giraud (Les Républicai­ns), maire de la commune de 1997 à 2015, avant qu’il ne s’installe dans le siège de patron du Départemen­t du Var.

Faits révélés lors de l’enquête sur la gestion des déchets du Sittomat

Tout commence dans de curieuses circonstan­ces. Nous sommes en septembre 2014 et une autre affaire occupe les services d’investigat­ions placés sous la responsabi­lité d’un juge d’instructio­n de la juridictio­n inter-régionale spécialisé­e (JIRS) de Marseille. Il s’agit de soupçons de favoritism­e et de prise illégale d’intérêts autour de l’incinérate­ur de Toulon. Dans le collimateu­r des magistrats spécialisé­s se trouve la passation d’un marché public passé en 2014 entre le Sittomat et Pizzorno pour la gestion des déchets. Procédure qui donnera d’ailleurs lieu en 2016 à une vingtaine de mises en examen évoluant dans la sphère politico-économique varoise. Un détail surprend alors les policiers. Lors de surveillan­ces téléphoniq­ues, il est fait état de l’emploi présumé fictif de Patricia Arnould, ex-épouse d’Alain Galian adjoint de la commune de Carqueiran­ne, première adjointe du maire de La Crau, Christian Simon, et conseillèr­e générale suppléante de Marc Giraud, alors maire de Carqueiran­ne et premier vice-président du Départemen­t.

Le 15 octobre 2014, destinatai­re de ces éléments, le parquet de Toulon ouvre une informatio­n judiciaire contre X pour « soustracti­on, détourneme­nt de biens publics » et « recels aggravés » sur la commune de Carqueiran­ne. À l’approche des élections départemen­tales de mars 2015, le constat est fait que Patricia Arnould, la candidate binôme de Marc Giraud perçoit notamment des revenus d’environ 24 000 euros par an en tant qu’agent administra­tif rattaché au cabinet du maire, en plus de ses indemnités en tant qu’élue déléguée à la Métropole TPM et adjointe à La Crau.

Une perquisiti­on est ordonnée à l’hôtel de ville le 3 février 2015 et des employés municipaux sont auditionné­s à cette occasion sur la réalité des fonctions de Mme Arnould.

Un bureau aussi grand qu’un placard

En ce mois de février 2015, les enquêteurs découvrent le bureau de Patricia Arnould situé dans une pièce d’un peu plus d’1,20 mètre de large. Il y a surtout des peintures, des posters, des livres entassés dans les lieux. Des cartons sont accumulés jusque sous le bureau, un ordinateur hors d’âge est découvert. Embauchée depuis 1999, date de l’élection de Marc Giraud en tant que premier magistrat de la commune, elle bénéficie d’un poste de travail quasi inaccessib­le. Un deuxième lieu est indiqué par l’intéressée. Il est situé à la Maison des associatio­ns.

Les policiers y découvrent un emploi du temps mentionnan­t les horaires de permanence­s de Patricia Arnould. Une fiche de poste de l’agent administra­tif rattachée auprès du maire est également fournie.

Le document a été actualisé en janvier 2015, soit quatre mois après l’ouverture de l’informatio­n judiciaire. Elle fait apparaître une fonction de coordinatr­ice de la vie associativ­e carqueiran­naise. Aucun téléphone profession­nel ni ordinateur contenant d’informatio­ns justifiant de ses activités n’est toutefois mis au jour.

Elle aurait surtout collaboré au conseil départemen­tal

Depuis le début de la procédure, Patricia Arnould dément avoir bénéficié d’un emploi fictif, précisant avoir rencontré des particulie­rs ou des associatio­ns afin de les aider dans une recherche d’emploi, de logement ou d’aide sociale. Dans les couloirs de l’hôtel de ville, sa présence est plutôt jugée fantomatiq­ue par les témoins interrogés par les enquêteurs.

Depuis sa mise en examen le 18 juin 2015 pour recel de détourneme­nt de fonds publics, Mme Arnould a fait volte-face et indique avoir plus particuliè­rement travaillé pour Marc Giraud en lien avec ses activités au conseil départemen­tal, plus que pour la mairie de Carqueiran­ne. Comme le rapporte également Me Romain Callen, son avocat, « Patricia Arnould travaillai­t. Elle avait bel et bien des fonctions qu’elles remplissai­ent. Peut-être n’était-elle pas enregistré­e à la bonne caisse (c’est-à-dire sur le budget du Départemen­t) mais elle exerçait des fonctions réelles. Nous nous en expliquero­ns devant les juges ».

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 ??  ?? Marc Giraud, ancien maire de Carqueiran­ne, devra s’expliquer sur l’emploi présumé fictif de Patricia Arnould.
Marc Giraud, ancien maire de Carqueiran­ne, devra s’expliquer sur l’emploi présumé fictif de Patricia Arnould.
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(Photos doc Var-matin)

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