Heureux comme un poisson migrateur dans l’Argens
Le syndicat de l’eau de l’Est-Var vient de réaliser une passe à poissons sur le fleuve varois au niveau du seuil du Rabinon sur la commune du Muy. Bienvenue aux anguilles et aux aloses
Restaurer la continuité écologique de l’Argens, c’est l’objectif de la passe à poissons, inaugurée mercredi dernier au Muy, par les responsables du Syndicat de l’eau du Var Est (SEVE) et leurs partenaires. Cette structure en béton a été construite cet été (lire ci-contre) au niveau du seuil du Rabinon pour permettre aux espèces migratrices, telles qu’anguilles, aloses et (hypothétiquement) lamproies, de remonter le fleuve, tout en maintenant la capacité de prélèvement en eau. « Les seuils cassent le cycle de vie, c’est la première cause de perte de la biodiversité dans les milieux aquatiques, explique Quitterie Blanchard, ingénieur et chargée de projet au SEVE. Ils sont un obstacle à la continuité piscicole, hydraulique et sédimentaire du fleuve ».
De multiples bénéfices
Construit en 1961, celui-ci a pour objectif de créer une retenue nécessaire à l’installation d’une prise d’eau destinée à l’alimentation des villes de Fréjus, Saint-Raphaël, Puget-sur-Argens, Roquebrune-sur-Argens et Le Muy (1). Il assure aussi la stabilisation du champ captant de plusieurs forages. Il est donc impossible de le supprimer comme vient de l’être le seuil du moulin des Iscles à Roquebrune-sur-Argens, par exemple. Présent à l’inauguration, Louis Fonticelli, président de la fédération du Var pour la pêche et la protection du milieu aquatique, se réjouit de cette réalisation, la deuxième sur l’Argens après celle de Vidauban. « L’enjeu pour nous c’est la libre circulation des espèces migratrices, précise Olivier Bonnefous, délégué du pôle technique de la fédération. Cette passe leur prépare un chenal d’accès alors que le seuil les empêche de remonter l’Argens. Ici l’anguille vient grossir et l’alose devrait pouvoir se reproduire mais son axe migratoire est bloqué en aval par le seuil du Verteil (2). Les berges végétalisées sont aussi très importantes ».
L’enjeu est d’autant plus fort que des frayères ont été identifiées en amont du Rabinon. « Ce que nous faisons est porteur d’avenir » se félicite Liliane Boyer, maire du Muy et présidente du SEVE.
« L’alose ne saute pas, c’est elle qui a dimensionné l’ouvrage, rappelle également Annick Mièvre, directrice de la délégation PACA Corse de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée. Elle salue l’engagement du SEVE : Toutes ces approches concourent à un fonctionnement plus naturel du cours d’eau, qui apporte de multiples bénéfices, aussi bien pour la biodiversité, la qualité de l’eau, la reconnexion du cours d’eau avec sa nappe et donc la recharge de celle-ci, que pour lutter contre les inondations. Ce sont des solutions fondées sur la nature. En lui redonnant son aspect normal, elle nous rend tout un tas de services gratuits ».
1. Les communes des Adrets et de Bagnolsen-Forêt sont également au SEVE mais ne sont pas alimentées par l’eau captée au Rabinon. Le SEVE distribue 16 millions de m3 d’eau par an.
2. Le seuil du Verteil, indispensable pour éviter la remontée de remontée saline, va être élargi et abaissé. Les travaux devraient commencer l’été prochain.