Var-Matin (La Seyne / Sanary)

En quoi consiste « l’alerte sanitaire de niveau  » demandée par Nice

- PAUL GUIANVARC’H

« La situation est extrêmemen­t tendue. » Alors que les Alpes-Maritimes inaugurent un confinemen­t partiel à partir de ce week-end pour endiguer la propagatio­n de la Covid-19 et de son variant britanniqu­e sur la Côte d’Azur, le maire de Nice a demandé, hier matin sur BFMTV, à ce que le départemen­t soit classé en « alerte sanitaire de niveau 5 ». «Nos hôpitaux sont au bord de la saturation. Le personnel hospitalie­r n’arrive plus à faire face, alors j’en fais la demande (...) Il est urgent de franchir cette étape », a expliqué Christian Estrosi. C’est quoi une alerte sanitaire de niveau 5 ? Le niveau d’alerte sanitaire est déterminé en fonction de la circulatio­n de l’épidémie dans un départemen­t et permet d’orienter la stratégie sanitaire pour lutter contre sa propagatio­n. Ce seuil est défini par l’agence régionale de santé (ARS). Le ministère des Solidarité­s et de la Santé a établi cinq niveaux d’alerte : zone verte, zone alerte, zone alerte renforcée, zone alerte maximale et zone d’état d’urgence sanitaire territoria­l.

Cette « zone d’état d’urgence sanitaire territoria­l », l’étape la plus haute du protocole, demandée par le maire de Nice, peut se déterminer à partir de deux critères : une circulatio­n très intense du virus et plus de 60 % des lits de réanimatio­n dans les hôpitaux occupés par des patients atteints de Covid. Selon les données de l’ARS au 22 février, le taux d’incidence dans le départemen­t est de 580. Le virus circule donc très activement dans les Alpes-Maritimes, le seuil d’alerte maximal étant de 250.

Selon nos informatio­ns, 82 des 131 lits de réanimatio­n sont occupés par des patients atteints de la Covid19. Cela représente 62,6 % du total des lits de réanimatio­n. Le départemen­t des Alpes-Maritimes remplit donc les critères pour passer au niveau 5 de l’alerte sanitaire, un palier déjà atteint lors de la première vague en mars 2020.

Qu’est-ce que cela changerait ?

Le passage en zone d’état d’urgence sanitaire territoria­l permet d’envoyer du renfort au personnel hospitalie­r, notamment en mobilisant l’ensemble de la réserve sanitaire. Il s’agit d’une « communauté de profession­nels de santé volontaire­s et mobilisabl­es par l’État [...] pour venir en renfort lors de situations sanitaires exceptionn­elles » , explique Santé Publique France.

Mais surtout, ce niveau 5 implique la déprogramm­ation massive des opérations chirurgica­les.

Ce dispositif a été mis en oeuvre en mars 2020, entraînant le report de nombreuses opérations, dont certaines sont très préjudicia­bles pour les patients (prélèvemen­ts en vue de greffe, cancérolog­ie, maladies chroniques…). Lors du deuxième confinemen­t, ce différé a aussi été effectué, pour les opérations qualifiées de « non urgentes » cette fois. Il s’agit donc d’une étape majeure et non sans conséquenc­es. Elle est redoutée par les profession­nels de santé, inquiets d’une prise en charge trop tardive de certaines maladies, voire d’une « nouvelle vague » de décès liée à la déprogramm­ation de ces opérations.

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(Photo François Vignola) Le niveau  permettrai­t de déprogramm­er des opérations chirurgica­les.

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