Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le Conseil d’Etat se penche sur le marché du Zénith

- C. G. AVEC ALP

Un conflit oppose la municipali­té à l’ancien délégatair­e, évincé l’été dernier au profit d’un nouvel exploitant. Le contrat avec celui-ci a, depuis, été résilié

Le renouvelle­ment, courant 2020, de la délégation de service public concernant la gestion de la grande salle de spectacle toulonnais­e s’apparentai­t à une simple formalité. Aux manettes depuis la création du Zenith, en 1992, la société d’Annette Camus, Oméga + semblait la mieux placée pour rempiler. Sauf qu’au terme de la procédure, c’est l’offre d’un opérateur moins connu – la société Arts et loisirs gestion basée dans les Bouches-du-Rhône – qui a été retenue.

Une décision, votée en conseil municipal au cours de l’été, aussitôt attaquée par le gestionnai­re évincé. Dès le mois de septembre, Oméga + a formé un recours devant le tribunal administra­tif de Toulon et obtenu du juge des référés une suspension du nouveau contrat.

« Rupture d’égalité entre les candidats »

Une décision qui a poussé la municipali­té à prendre en charge directemen­t la gestion du Zénith et de l’Oméga live, tout en déposant un pourvoi devant le Conseil d’État afin de contester la suspension du contrat. C’est sur cette question que les « sages du Palais Royal » viennent de se pencher. Et ils valident totalement la lecture du droit faite par le tribunal de Toulon. Les magistrats parisiens ont retenu l’urgence à suspendre ce contrat dans la mesure où le chiffre d’affaires de la SAS Oméga +, « spécialeme­nt créée pour assurer la délégation de service public dont elle était déjà titulaire, est à 100 % constituée par cette exploitati­on des salles de spectacles Zenith Omega et Omega live, objet du présent renouvelle­ment. Il est par ailleurs établi que sa pérennité est, à très court terme, menacée par la perte de ce contrat. »

Sur le fond du dossier, le Conseil d’État estime « que la commune avait accordé une part prépondéra­nte, parmi les éléments d’appréciati­on des offres au regard du critère relatif aux ‘’conditions économique­s et financière­s’’, à l’estimation du chiffre d’affaires pendant toute la durée de la délégation et que cet élément d’appréciati­on reposait sur les seules déclaratio­ns des candidats, sans engagement contractue­l de leur part et sans possibilit­é pour la commune d’en contrôler l’exactitude [...] L’imprécisio­n des informatio­ns fournies par la commune sur ce point a contribué à fausser l’appréciati­on de ce même critère relatif aux « conditions économique­s et financière­s » et à créer une rupture d’égalité entre les candidats », juge la haute juridictio­n administra­tive.

La Ville opte pour la gestion directe

Le Conseil d’État confirme donc la suspension de la délégation de service public accordée la société Arts et Loisirs Gestion en attendant de juger l’affaire au fond. Mais l’issue juridique de ce dossier ne devrait pas avoir d’impact sur la grande salle toulonnais­e. En effet, lors du dernier conseil municipal, le 22 janvier, les élus ont décidé de voter la résiliatio­n du contrat attribué à ALG, avec l’accord de son dirigeant. Évoquant le contexte délicat pour l’industrie du spectacle, le maire avait affirmé son intention gérer directemen­t le Zénith, via l’établissem­ent public qui pilote le Palais Neptune.

 ?? (Photo doc. V.-m.) ?? L’attributio­n de l’exploitati­on du Zenith à la société ALG a été attaquée par la société d’Annette Camus, gestionnai­re historique de la salle. Finalement la Ville souhaite reprendre la main en direct.
(Photo doc. V.-m.) L’attributio­n de l’exploitati­on du Zenith à la société ALG a été attaquée par la société d’Annette Camus, gestionnai­re historique de la salle. Finalement la Ville souhaite reprendre la main en direct.

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