Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Il empêche une femme en détresse de se défenestre­r

David Petit n’a pas hésité une seule seconde. Alerté par le client d’un hôtel dans lequel il travaille, le réceptionn­iste a permis d’éviter le pire... au troisième étage de l’établissem­ent

- ARTHUR DEUX saint-raphael@nicematin.fr

Àquelques secondes près, c’était trop tard. » David Petit, employé d’un hôtel de Fréjus, situé avenue du Maréchal-de-Lattre de Tassigny, se remémore ces minutes qui lui ont paru comme une éternité. Non sans émotion.

Samedi, à 17 h 40, alors qu’il travaille à la réception comme tous les week-ends, il reçoit un appel. « Je décroche et j’entends : David, va voir en terrasse, c’est une urgence. » Pourtant employé depuis seize ans au sein de cet établissem­ent, il n’imaginait pas ce qui allait suivre. « Depuis la terrasse, je lève la tête et je vois qu’au troisième étage, une femme était sur le point de se jeter. Sans réfléchir, j’ai laissé la réception sans surveillan­ce avec la caisse ouverte. Car l’important n’était pas là. »

« Je l’ai ceinturée avec mes deux bras »

Sur le parking de l’immeuble, Thierry, logé par le SIAO à l’hôtel, tente de gagner de précieuses secondes. C’est lui qui a prévenu David Petit. Il raconte : « Je promenais mon chien, comme tous les soirs, lorsque j’ai vu cette femme recroquevi­llée sur le bord de la fenêtre. Elle s’accrochait encore au mur, mais continuait, petit à petit, à se rapprocher du vide. »

Pendant que ce dernier essaye de raisonner celle qui aurait pu passer à l’acte, David grimpe les trois étages du plus vite qu’il peut.

« J’arrive devant la porte de la chambre 309. À partir de là, j’ai arrêté de penser. J’ai ouvert la porte avec ma clé et, discrèteme­nt, je me suis rapproché de la fenêtre. Une fois assez proche d’elle, je l’ai ceinturée avec mes deux bras. Je me suis jeté en arrière sur le lit pour l’extirper de là où elle se trouvait. On a atterri violemment par terre. Mais elle était saine et sauve », explique-til, d’une manière très posée, ce qui contraste avec l’intensité du moment.

« Elle était arrivée au bout du rouleau »

« Elle était déterminée, j’avais beau tenter de la raisonner, elle continuait à s’avancer », témoigne Thierry. « Lorsque l’adrénaline est retombée, elle a fondu en larmes et n’a pas arrêté de s’excuser » ajoute David. Placée avec son compagnon, dans cet hôtel par le SIAO (un centre de réinsertio­n sociale), la victime a été admise en service psychiatri­que à l’hôpital Bonnet. « Sa décision de tenter de mettre fin à ses jours est intervenue après une dispute avec son conjoint, précise David. Quand on a ni toit, ni travail, on est beaucoup plus fragile mentalemen­t. Elle s’est peut-être sentie abandonnée après leur différend et a failli commettre l’irréparabl­e. »

Afin de l’aider du mieux qu’il peut, ce ‘‘héros’’ d’un jour compte garder contact avec cette femme. « Elle était arrivée au bout du rouleau. Mais je reste persuadé que la vie est un cadeau. Quand on est au plus bas, on ne peut que remonter ! »

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(Photos Camille Dodet) Sans l’interventi­on courageuse de David Petit (alerté par un client en photo ci-dessous), au troisième étage de cet hôtel, une femme en détresse aurait sans doute mis fin à ses jours.
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