Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Pseudo-drame à la toulonnais­e

Il a suffi de deux mots de Patrice Collazo, après la victoire face à Pau, pour affoler une partie des supporters du RCT. Rien de grave, mais ici c’est Toulon et tout est différent.

- FABRICE MICHELIER

Une simple déclaratio­n. Anodine en apparence. Lors de la conférence de presse d’aprèsmatch à Pau, Patrice Collazo expliquait : « On fait la différence sur une force collective et l’état d’esprit. Il y a eu des commentair­es sarcastiqu­es de pseudos supporters sur la compositio­n… » Rien de bien méchant. Mais à l’heure des tribunaux des réseaux sociaux, le manager varois s’est vite retrouvé sur le banc des accusés.

« On ne peut plus vivre notre passion »

« Il faut de l’unité. Aujourd’hui, on ne peut plus aller au stade. À part sur les forums et les réseaux sociaux, on ne peut plus vivre notre passion. Ce n’est pas le moment de taper sur les supporters. Il y a déjà beaucoup de frustratio­n », confie Julien Perpere, président du club de supporters les Fils de Besagne. Il poursuit « Quand, avant match, on voit la compositio­n, ce n’est faire injure à personne que de dire qu’on est inquiet. Certains l’ont peut-être fait avec un humour corrosif. Mais en fin de match, on est content et il y a cette phrase. Ces “pseudos supporters” sont pour certains des abonnés de 30 ans ». Manu Bielecki tient un discours similaire : « Ce n’est pas parce qu’on critique un choix, qu’on devient un “pseudo supporter”. L’abonnement, on le paie, le maillot qui va avec aussi. On a aussi un droit de parole. Les commentair­es ont toujours existé. Avant, c’était autour d’un café au bar et ça n’arrivait pas forcément aux oreilles des entraîneur­s. Maintenant, c’est sur les réseaux sociaux. Je comprends que ce ne soit pas simple pour Patrice en ce moment avec toutes les absences. Mais tout le monde doit mettre de l’eau dans son vin. Après Patrice est un gars d’ici. Il s’est peutêtre dit : “ils m’ont titillé, je vais le faire aussi” ». Le président des Z’Acrau voit même du positif dans toute cette histoire. « Il a peut-être été touché par certaines critiques, c’est un être humain ! C’est bien aussi. Après, il n’y a pas besoin de renchérir, surtout ici, sinon ça ne va jamais s’arrêter ! »

Le fruit d’une certaine frustratio­n

Finalement, ce qui ressort de ce « pseudo-drame » à la toulonnais­e, c’est cette frustratio­n. Celle des supporters d’être privés de stade, de match, de ne pas pouvoir se retrouver avant et après la rencontre. De fêter la victoire autour d’un verre ou de noyer son chagrin après une défaite en refaisant le scénario et en jouant aux coachs. La vie d’avant, en somme. Ce petit épisode sera vite oublié après quelques victoires. D’autant plus que tout se passe bien entre les différents groupes et le club. « On échange de façon constructi­ve avec toutes les parties du club. On réfléchit à l’après. C’est plus compliqué avec le sportif, on n’a pas su instaurer de dialogue », avance cependant Julien Perpere. Manu Bielecki n’oublie pas lui de saluer les attentions du club envers ses abonnés. « Ils ne nous oublient pas ! ». Mais même bémol sur le sportif. « Jusqu’à présent, on rencontrai­t tous les entraîneur­s. Là, c’est un peu plus compliqué. Mais c’est aussi le caractère de l’homme. On le savait. La situation sanitaire n’aide pas forcément non plus. Une petite réunion avec le sportif, ce serait pas mal ». Le président des Z’Acrau conclut par ce dicton propre au monde sportif : « N’oublions pas que le président préside, l’entraîneur entraîne et le supporter supporte ! Même si ça chambre, c’est de bonne guerre et ça le sera toujours. »

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(Photo Frank Muller) Privés de leur passion, les supporters sont à fleur de peau.
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