À bord du nouveau canot suréquipé de la SNSM
St-Tropez Moteurs et équipements dernier cri : le Bailli de Suffren III vient d’être mis en service. Cette unité tant attendue permettra de faciliter et d’améliorer les interventions des sauveteurs
Avec ses lignes acérées dignes d’une supercar italienne et ses couleurs clinquantes, il ferait presque passer les yachts de luxe du port pour de vieilles bicoques démodées.
Le Bailli de Suffren III, canot dernier cri de la SNSM (Société nationale de sauvetage en mer) a été livré en grande pompe à la station de Saint-Tropez fin janvier, après trois ans d’attente. Passée la période d’appropriation nécessaire à l’équipage, l’embarcation a été mise en service ce week-end.
« Nous avons déjà effectué une centaine d’heures d’entraînement avec », sourit Éric Esters, l’un des patrons de la vedette. « Les premiers jours, l’équipe était tellement excitée à l’idée de monter à son bord que nous avons fait jusqu’à trois sorties par jour. » Manoeuvres diverses, exercices de remorquage, simulations de sauvetages... il a fallu s’accoutumer à ce navire de haute technologie. «Le Bailli de Suffren II avait 30 ans, c’est comme passer d’une voiture de 1990 au dernier SUV : il a fallu apprivoiser de nombreuses évolutions technologiques », poursuit Éric, qui a suivi cinq sessions de formations au chantier naval de Roscoff pendant la construction du bateau.
Des outils pour gagner de précieuses minutes
L’équipage au complet, le patron lance le départ. Quelques instants plus tard, les pistons des deux gros moteurs de 650 ch (photo 1) s’ébrouent et le Bailli de Suffen III s’élance dans un grondement rauque.
« Ce CCT NG (lire par ailleurs) est plus rapide d’environ 10 km/h », indique Christophe Manent, autre patron. « Ça n’a peut-être l’air de rien, mais notre secteur d’intervention allant des Issambres au Cap Taillat, ça nous fait gagner près de dix minutes de trajet si un incident se produit à l’une ou l’autre de ces extrémités ».
À côté, Alain Allard dodeline : «Ce qui va nous faire gagner dix autres minutes, c’est ça ». Le bénévole lève un doigt vers la poupe du bateau. Sous le pont, un compartiment renferme l’annexe permettant d’aller à la rencontre des embarcations en détresse. « Sur notre ancien navire, le semi-rigide était fixé au toit et il fallait s’y mettre à quatre pour le descendre. En plus, le moteur était stocké séparément, dans la cabine. Et on se cassait le dos à le transporter. Sans parler des risques de le faire tomber et de se blesser avec. Imaginez lorsqu’on était en pleine tempête... Maintenant, il n’y a qu’à ouvrir le garage et c’est parti ! »
Missions de nuit aidées par la caméra thermique
Les naufragés, eux aussi, vont gagner au change. Car si jusqu’ici la civière et les fournitures médicales étaient posées sur un coin de banquette de l’étroite cabine du Suffren II, le nouveau vaisseau est doté d’un espace dédié (photo 3). Un sauvetage tout confort, en comparaison. « L’équipement est le même que celui d’un VSAV (Véhicule de secours et d’assistance aux victimes N.D.L.R.) des pompiers », souligne Éric Esters qui s’enfonce un peu plus dans l’habitacle sentant encore le neuf.
Il s’arrête devant l’imposant tableau de bord que l’oeil d’un néophyte pourrait confondre avec celui d’un avion de ligne. Il tapote un écran bariolé. « C’est la grande nouveauté technique : une caméra thermique ». Sur le moniteur, les sources de chaleur comme les corps humains apparaissent en jaune. L’eau, elle, est uniformément violette. « De nuit ou lors de fortes pluies, elle va nous permettre de repérer d’un seul coup d’oeil une personne à la mer jusqu’à 500 m au moins. Sachant que 40 % de nos interventions sont nocturnes, on comprend tout de suite l’intérêt de ce nouvel outil. » Seule contrainte imposée par ce canot tous temps de dernière génération : huit marins sont nécessaires à son bon fonctionnement, contre quatre pour le Suffren II.
« C’est pour cela que nous recherchons actuellement à recruter une dizaine de bénévoles », appuie Éric. «Ilfaut juste être sérieusement motivé. Pas besoin de diplôme de secourisme ni de connaissances maritimes. Certains sont entrés à la SNSM sans même savoir nager. »