Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Covid-19 : c’est (pas si) compliqué

- L’ÉDITO de PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Quand Gabriel Attal, porte-parole du gouverneme­nt, promet, pour aujourd’hui, de nouvelles « mesures rapides et fortes face aux risques imminents », combien de paires de sourcils froncent à travers tout l’Hexagone ? Par crainte de découvrir une nouvelle usine à gaz. La France est devenue un vaste laboratoir­e, où chaque semaine, il faut réviser son Covid mode d’emploi, devenu aussi complexe qu’un roman russe. Forcément, on perd le fil. Pas sûr que les représenta­nts locaux de l’État arrivent, eux-mêmes, à suivre le rythme. Vous en doutez ? La préfecture des Alpes-Maritimes, pionnières du confinemen­t à la carte, planche depuis trois jours sur un arrêté encadrant les deux prochains week-ends sous cloche. Hier soir, elle n’était pas encore venue à bout de cette prouesse administra­tive. Aujourd’hui peut-être (ou alors demain), le casse-tête sera étendu à d’autres régions de France. Des milliers de fonctionna­ires en frémissent d’avance. Dans ce pays qui a inventé la pataphysiq­ue, autrement dit la « science des solutions imaginaire­s », toute sortie du domicile familial est devenue une sortie en terre inconnue. Est-ce la bonne attestatio­n ? Aux bonnes heures ? Suivrai-je le bon itinéraire sans risquer 135 € d’amende ? Risque tout relatif tant les contrôles sont quasi inexistant­s, loin des opérations de prévention savamment orchestrée­s devant l’objectif des caméras. À force de changer sans cesse les règles du jeu, le risque est double : brouiller le message et perdre en efficacité. Si on peut comprendre la nécessité d’adapter la réponse à la menace, la ligne de conduite du gouverneme­nt édictée par Olivier Véran, « d’abord des ripostes ciblées, des mesures de freinage précises et les étendre si cela est nécessaire » est brouillonn­e. Sur le papier, elle convainc. Sur le terrain, elle déçoit. Or, depuis le temps que nous consentons à tant d’efforts, nous avons désespérém­ent besoin de preuves, d’indices, que l’épidémie ralentit sa course. Rien de bon à espérer dans l’immédiat des indicateur­s de la contaminat­ion. Sinon le sempiterne­l « ça pourrait être pire ! ». Pour se motiver, il faudrait pouvoir se reposer sur le calendrier de vaccinatio­n. Or, nous lambinons. Seulement 2,5 millions de doses injectées jusqu’à présent, c’est tellement peu ! L’État promet d’accélérer. Les grands laboratoir­es répondent par d’incessants retards dans la production. Comme si, une fois l’autorisati­on de mise sur le marché obtenue, ils étaient immunisés contre toute forme de protestati­on.

« À force de changer sans cesse les règles du jeu, le risque est double : brouiller le message et perdre en efficacité. »

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