Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Souvenirs...

« En  jours, ce serait ahurissant Stéphane Plantin, le nouveau coach des Rebelles arrivé le 9 février, a pour mission d’assurer le maintien du club au sein de l’élite du hand féminin français. Un challenge inédit pour l’ex-Bleu.

- PROPOS RECUEILLIS PAR VINCENT BELTRAN « d’un commun accord et pour des raisons personnell­es et médicales » le mardi 9 février.

D «ix, neuf, huit... » Des secondes décomptées pendant chaque attaque. Et des joueuses de Toulon/Saint-Cyr qui voyagent d’un but à l’autre au son du sifflet de leur nouvel entraîneur, Stéphane Plantin. « La vitesse n’importe pas autant que la transition. En plus, on travaille le cardio », explique aux Rebelles le champion du monde 2001 avec Les Costauds.

Voilà environ 15 jours que l’ex-ailier droit des Bleus a remplacé, au pied levé, son ancien coéquipier Laurent Puigségur (1). Avec une mission claire : maintenir le club varois dans l’élite du hand féminin français. Un univers synonyme de découverte pour lui, au sein d’un départemen­t qu’il connaît peu. Mais il adore les nouveaux challenges. Au-delà de son parcours sportif sur un banc (coach de Nancy Proligue, D2 et de Baia Mare en Roumanie), l’ex-Toulousain détient de sacrés atouts. Un simple coup d’oeil sur son profil LinkedIn vous donne le tournis : Master 1 en management sportif, Master 2 en droit, économie et gestion des entreprise­s, MBA en stratégie et marketing, un diplôme d’État supérieur (Desjeps) obtenu à l’Insep... Une vision globale bienvenue à l’aube d’entamer les play-downs.

Quelles sont vos premières impression­s sur le club ?

Déjà, ça a été très vite. J’ai été contacté par Laurent [Puigségur, ex-entraîneur, Ndlr] le samedi soir [ février dernier]. Dès le lendemain, les discussion­s se sont enchaînées avec Perrine [Paul, présidente] et Vincent [Millereux, manager général]. Et le mardi matin, je me trouvais dans le train pour venir à Toulon. Alors il s’agit d’un apprentiss­age du club, du groupe en très peu de temps. Le TSCV est résolument tourné vers le haut niveau, avec une histoire, une identité. Il franchit à grands pas les marches du profession­nalisme. Parfois, certains paliers se passent sans encombre, d’autres fois cela s’avère plus difficile. L’aléa sportif est toujours là. Cette année semble plus délicate car les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous. Mais il n’y a rien de grave. Est-ce que c’est une crise de croissance ou est-ce que cela vient d’autre chose ? Je ne sais pas exactement. En tout cas, je vois beaucoup de bonnes volontés au sein du club au niveau des dirigeants, des salariés, des joueuses... À moi de redonner du dynamisme, de l’envie de partager une aventure. Même si, avec ce virus, le contexte actuel n’aide pas.

Et sur le groupe ?

Les filles sont très à l’écoute dans ce que l’on souhaite mettre en place. Elles donnent beaucoup et c’est extrêmemen­t plaisant. Nous avons beaucoup travaillé

À  ans, Stéphane Plantin s’est engagé jusqu’au  juin  avec le TSCV. S’il réussit à maintenir le club en LFH, l’ex-champion du monde  espère bien prolonger son aventure dans le Var.

sur l’approche managérial­e de la situation et du groupe.

Et, bien évidemment, sportiveme­nt nous voulons avancer dans la continuité sans tout révolution­ner. En quinze jours d’entraîneme­nt, ce serait ahurissant d’envisager le contraire. Modifier un projet de jeu serait présomptue­ux et dangereux. Mais il y a des touches à apporter. Des relations à consolider et à amener un peu plus loin. Plus de précisions dans certaines courses, dans certains timings, dans l’engagement... à trouver.

Comment appréhende­z-vous le fait d’arriver au coeur d’une saison ?

C’est délicat. Il faut aller très vite. J’ai peut-être une chance car on démarre un nouveau championna­t [en play-downs, lire par ailleurs]. Après, le temps de préparatio­n de celui-ci a été très raccourci. Mais on a l’avantage d’être bien classé puisque nous avons des points en plus. Mais cela reste le démarrage d’une aventure avec une saison qui va durer trois mois.

Il s’agit de votre première expérience dans le hand féminin...

C’est forcément différent sur certains aspects. Mais quand tu travailles avec des garçons, il y a des personnali­tés multiples en face de toi. Avec les filles, c’est la même chose. Je dirais qu’au niveau de la concentrat­ion c’est même meilleur. Mais physiqueme­nt, je ne peux pas maintenir une exigence semblable à celle des garçons. Et dans ce secteur, on part de loin aujourd’hui avec le groupe. Voilà notre plus grosse difficulté. On ne peut pas réaliser un cycle de préparatio­n ou de renforceme­nt physique complet maintenant. Sinon, je les flingue. Il faut donc maintenir le niveau en essayant de l’exploiter au maximum. Avec le temps et la répétition des entraîneme­nts, on espère même gagner un petit peu.

Avez-vous pu échanger avec Laurent Puigségur sur les joueuses et la performanc­e de l’équipe lors de la première phase ?

Dans ce sens-là, non. Aujourd’hui, j’ai surtout envie de le laisser récupérer en respectant son retrait. Bien sûr que j’aurais mille questions à lui poser. Quand je l’ai eu au téléphone, c’était très succinct, très général. Mais j’ai visionné beaucoup de matches, surtout face aux équipes que l’on va rencontrer en play-downs. Tout en m’appuyant sur le staff en place.

Sur quelles joueuses pensez-vous vous appuyer pour réussir l’objectif maintien ?

Je ne vais pas avoir de difficulté­s à faire l’équipe. Avec les blessés [Kramer, Rozemalen, Tonds] et le manque de rotations [arrières et gardiennes], je n’ai pas de choix. Et, évidemment, il y a des cadres importante­s comme la capitaine

Chloé [Bulleux] ou Marie-Paule [Gnabouyou]. Grâce au turnover, il va falloir amener de la fraîcheur, trouver la bonne formule pour les joueuses et garder l’efficacité collective de l’équipe.

Avec des mentors comme Jean Weber, Daniel Costantini, Claude Onesta... où se situe votre philosophi­e de jeu ?

Vous pouvez aussi ajouter Sylvain Nouet que j’ai eu en sport études, au bataillon de Joinville [service militaire] et en équipe de France. Chez les filles, j’aime vraiment bien la « continuité du jeu ». Vingt ans en arrière, le hand féminin ne me plaisait pas. Il y avait beaucoup d’erreurs techniques. Aujourd’hui, on en voit beaucoup moins, ça s’apparente aux garçons. Et, avec cette dimension de puissance moindre, on perçoit plus cette continuité. Avec plus de recherches de solutions collective­s, notamment en contournem­ent – même s’il y a aussi du duel –, ça me plaît. Mais cela implique de jouer juste et longtemps. Il faut donc une excellente condition physique pour chercher un intervalle, se replacer, fixer... et trouver ensemble des failles. 1. Dans un communiqué publié sur le site du club, le TSCV et Laurent Puigségur avaient acté la fin de leur collaborat­ion

Sans sa femme « Angie », infirmière libérale à Toulouse – soutien indéfectib­le et clé de voûte de l’équilibre familial –, Stéphane Plantin avoue qu’il n’aurait jamais eu une telle carrière. Et leurs deux garçons n’ont pas échappé à la passion handballis­tique du paternel. L’aîné Charlie (ailier gauche) joue au Luxembourg en parallèle de ses études de kiné et Léo (ailier gauche/demicentre), en terminale à Nancy, intégrera le centre de formation du PSG à la rentrée. Peut-être aurontils des souvenirs aussi forts que leur papa ? «Le meilleur reste le titre de Coupe de France en  avec Toulouse contre Montpellie­r. Peggy [Laurent Puigségur] était en face (rire) .Ils cassaient tout à cette époque et on gagne - après une victoire chez eux en championna­t. Et sur un banc, je dirais ma dernière expérience à Baia Mare [Roumanie] pour l’histoire d’une équipe que l’on a construite. L’année d’avant, le club avait terminé e et on est parvenu à finir e en se qualifiant en EHF. »

◗ Né à Vitry-sur-Seine le  décembre .

◗ Formé à la Stella sports Saint-Maur handball dans le Val-de-Marne.

◗ USM Gagny (Seine-StDenis) de  à .

◗ Spacer’s de Toulouse de  à  (Coupe de France gagnée en ).

◗ Élu meilleur ailier droit de la saison -.

◗ Joueur de l’équipe de France de  à  ( sélections,  buts).

◗ Champion du monde  avec les Bleus.

◗ Coach du Grand Nancy métropole handball (D, Proligue) de  à . ◗ Entraîneur de Baia Mare (Roumanie)

en -.

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Vingt ans en arrière, le hand féminin ne me plaisait pas”

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(Photo Luc Boutria)
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