Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Côte d’Azur : littoral qui pleure, montagne qui rit

D’un côté, 63 communes, dont toutes celles du littoral, désertes, soumises au confinemen­t et à des contrôles renforcés. De l’autre, le haut pays où de nombreux citadins ont trouvé refuge

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

P «ortez le masque » « Pic de pollution, ralentisse­z ». Les messages s’affichent sur les panneaux lumineux de la voie Mathis, à Nice, inhabituel­lement vide. L’heure est à l’impératif. Il faut également limiter ses déplacemen­ts.

À Ferber, un impression­nant barrage mis en place dès 8 h 30 par la police municipale, est installé dans les deux sens de circulatio­n pour le rappeler. La chaussée sud de la promenade des Anglais est interdite aux piétons. Trois agents municipaux à vélo veillent. Les accès à la plage sont interdits par une rubalise. Le ciel est à l’image de l’humeur des Niçois : morose. Les automobili­stes contrôlés hier matin ont, pour la plupart, dûment rempli une attestatio­n dérogatoir­e de déplacemen­t, dont la dernière version n’a pourtant été disponible que la veille au soir.

« Ce sont principale­ment des personnes qui se déplacent pour des raisons profession­nelles », observe Richard Gianotti, patron de la police municipale. Cent vingt de ses agents étaient déployés, hier matin, pour vérifier le bon respect du confinemen­t. Scooters, VTC,

À la sortie de l’autoroute A  à Nice, un déploiemen­t impression­nant hier de policiers et de gendarmes.

fourgonnet­tes, voitures particuliè­res… nul n’échappe au contrôle. « On a dressé 5 400 PV depuis le début de l’année. Ça dénote un relâchemen­t. Aujourd’hui, c’est tolérance zéro », prévient Richard Gianotti.

« Bonjour, police municipale, votre attestatio­n s’il vous plaît » , demande un agent. Christophe, automobili­ste quinquagén­aire, s’exécute. Il s’apprête à remonter à Metz après une semaine de vacances. « Nous avions loué jusqu’à aujourd’hui. On a pu bien en profiter malgré le couvre-feu », explique-t-il avec le sourire.

Le préfet Bernard Gonzalez s’arrête à son tour à Ferber. « L’évolution inquiétant­e du variant anglais a cassé nos stratégies, avoue-t-il. Deux week-ends de confinemen­t, ce sont de nouvelles contrainte­s difficiles à supporter. Mais il faut absolument montrer notre déterminat­ion à faire respecter ces deux jours de confinemen­t pour gagner deux semaines de liberté... Le but n’est pas d’embêter le monde mais de protéger la population. »

Place Masséna, des policiers de la compagnie départemen­tale d’interventi­on sont en rang, prêts à se déployer avec des municipaux dans le Vieux-Nice et sur l’avenue Jean-Médecin sous les ordres du commissair­e Olivier Malaver.

«  PV sur  contrôles »

Bilan après quarante-cinq minutes d’opération : « Sur 90 personnes contrôlées, 12 ont été verbalisée­s pour le non-port du masque. » Les Niçois sont plutôt respectueu­x des consignes sanitaires, y compris sur le marché du cours Saleya, réduit à sa portion congrue. Un couple qui habite le quartier de la Madeleine est invité à faire ses courses de première nécessité près de son domicile.

Un homme, sans masque ni papier d’identité, est menacé d’être conduit à la caserne Auvare s’il n’est pas plus coopérant. Le commissair­e Malaver confie qu’une fête clandestin­e a été rapidement interrompu­e dans la nuit de vendredi à samedi dans le centre-ville.

Vingt-cinq jeunes ont été verbalisés et l’organisate­ur a été placé en garde à vue pour outrage. Même sanction hier matin pour quelques réfractair­es qui ont tenté de fêter Carnaval malgré l’interdicti­on préfectora­le. On croise à nouveau quelques joggers et cyclistes (à moins de 5 km depuis leur domicile ?), des passants qui promènent leur chien, attestatio­ns à l’appui.

Au large, un pêcheur profession­nel travaille avec dans son sillage un nuage de mouettes. Un silence inhabituel enveloppe la ville. On entend le bruit des vagues depuis le jardin Albert-Ier. Nous sommes bien dans Nice confinée. Comme un air de déjà-vu.

ATTESTATIO­N DE DÉPLACEMEN­T DÉROGATOIR­E

En applicatio­n de l’article  du décret n°- du  octobre  prescrivan­t les mesures générales nécessaire­s pour faire face à l'épidémie de covid- dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire

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(Photo Dylan Meiffret)

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